Il y a à l'heure actuelle en Belgique un débat fondamental qui fait rage, même s'il ne risque pas de faire irruption tout de suite en France, pays bien trop occupée à panser les plaies du débat précédent...
Des parlementaires ont proposé d'étendre le droit à l'euthanasie aux mineurs. L'association de deux mots à la portée sémantique aussi antithétique ne manque évidemment pas de nous heurter. L'enfance devrait avoir avec la vie, pas avec la mort.
Dans le principe, je tends à penser que les enfants devraient pouvoir disposer des mêmes possibilités que les adultes quand leur vie et leurs souffrances deviennent intolérables.
Mais ce qui est très problématique, ce sont plusieurs intitulés de la loi en discussion. Notamment, le texte considère possible l'euthanasie de bébés prématurés après 24 à 26 semaines en invoquant des complications graves.
Or, rien dans le projet ne vient définir ce que l'on appelle des complications graves. Un certain nombre de handicaps pourraient être considérés comme des complications graves. Ce que je vois, tout comme les médecins, c'est que le texte rend possible la mise à mort de bébés à termes, tout comme les médecins qui ont écrit une tribune dans le quotidien belge lalibre.
Nous ne sommes pas loin de l'eugénisme. Très dangereusement proche. Je suis étonné de l'absence de réactions d'Isabelle sur un tel débat, car, pour ce que j'en comprends, ce texte permet l'élimination d'enfants en raison de leur handicap. Décider de mener une grossesse à son terme quand on sait que son enfant souffrira d'un handicap assez lourd, c'est quelque chose de difficile. Je ne jetterai certainement pas la pierre à ceux et celles qui renoncent. Mais je ne saurai pour autant évacuer d'un revers de la main les objections de Corto à ce sujet. J'ai lu le court commentaire de Jegoun sur l'un de ses blogues sur ce sujet. Il a tort de renvoyer à un délire le propos de Corto. Je ne sais pas si "éradication" est le terme qui convient, mais le fait est bien qu'en proposant un dépistage génétique, il y a une volonté, en effet, de neutraliser à la source un handicap. Entre le texte belge actuel et le dépistage de la trisomie avec ses conséquences, la distance n'est pas si longue.
Comprenons-nous : je ne considère pas ce dépistage comme une régression, mais j'invite à la plus grande prudence en s'engageant sur un telle voie, facilement pavée de bonnes intentions. Or, la sagesse populaire sait où conduisent de tels chemins...
Je me demande quelle direction prend ce pays. Si ce sont les mineurs qui font l'objet d'intenses débats à l'heure actuelle, la prochaine commission devrait aborder le cas des personnes démentes.
L'euthanasie est une pente glissante : elle doit demeurer un choix. Il y a un texte désormais en discussion en France sur ce sujet. Veillons à ce qu'elle soit une liberté, pas un meurtre.