Magazine Journal intime

Un accouchement sans douleur (enfin, sans souffrance) #1

Par Evainlondon

Le 5 juillet 2011, MiniPrincesse a décidé d’arrêter de bouder pour venir voir comment c’était dehors. Le récit minute par minute.

2h38 : je me réveille avec un étrange mal au ventre.

2h39 : après d’interminables secondes d’atermoiements, je réveille Prince, parce qu’après tout je suis enceinte de 9 mois et qu’il n’y a pas de raison que je sois la seule à ne pas dormir.

- Mon amour, j’ai mal au ventre.

- (Prince, ensommeillé

:)
Hmmm ?

- J’ai mal au ventre. Tu crois que c’est le bébé qui arrive ?

- Mmmm (vous noterez la richesse de vocabulaire de Prince à 2h40 du matin). Ca doit être le resto gastronomique d’hier qui ne passe pas. Je te l’avais bien dit, que c’était lourd. D’aillleurs, moi aussi, je me sens barbouillé (Prince jure ses grands dieux qu’il n’a jamais prononcé de pareille inanité ni laissé entendre que j’étais une chochotte). Rendors-toi (et qu’il a fait preuve de bien plus d’empathie. Mmmm.)

2h55 : les yeux grands ouverts, je contemple le plafond en me demandant si je vis mes dernières heures de nullipare, ou si j’ai juste – et encore – trop forcé sur le chocolat. Tiens, d’ailleurs, mon mal de ventre s’est bien estompé.

3h08 : les yeux à demi clos, je feuillette Newsweek, parce que si jamais j’ai juste trop mangé, autant avoir quelque chose d’intéressant à raconter demain matin. Et si je suis réellement en train d’accoucher, quelque chose me dit que toute activité intellectuelle est en passe de devenir un inaccessible luxe.

3h15 : tiens, j’ai à nouveau mal au ventre. Mais plus.

3h16 : beaucoup plus.

3h17 (soit deux minutes de self control) :

- Je crois bien que j’ai eu une contraction…

- Mmmm ? (rapide coup d’œil au réveil) Ben, ça fait une toutes les 45 minutes. Vu qu’il faut partir à la maternité lorsque l’intervalle est de 5 minutes, ça nous (me) laisse tout le temps.

3h30 : si c’est ça une contraction, y a pas à tortiller, il va falloir me poser la péri illico presto.

3h55 : contractions toutes les 7 à 8 minutes. J’appelle ma sage-femme, penaude d’être la cause de son dix millième réveil nocturne depuis qu’elle s’est découvert une vocation bien peu confortable. Légèrement plus alerte que Prince (en bonne professionnelle), elle me rassure : y a bien le temps, me dit-elle. On se tient au courant demain matin.

4h34 : l’heure du bain. Ca permet à Prince de se sentir utile, et ça me soulage pour de vrai. La douleur est bien là, mais, pétrie de bonnes intentions, je répète consciencieusement au bébé que cette douleur est utile, que douleur n’est pas synonyme de souffrance, qu’on va y arriver ensemble, etc. etc. On y croit.

5h30 : on n’y croit plus du tout. Si ça se trouve, je ne suis même pas en train d’accoucher. D’ailleurs, mes contractions ont beau être toutes les 4 minutes, je soutiens mordicus à Prince qu’un coup de paracétamol, et je pourrai retourner dormir.

5h40 : alertée par mon frère à qui j’ai demandé d’aller me chercher ledit paracétamol sur les Champs-Elysées (cafteur), ma mère m’appelle, affolée. « Non mais, tu vas te décider à appeler une ambulance, ou tu comptes accoucher chez toi comme au Moyen Age ? ».

5h42 : Ca tombe bien : sur l’ambulance, au moins, on a su-per-bien-géré. Ca fait deux mois qu’on a repéré un ambulancier au coin de la rue, noté son nom ET programmé le numéro en appel abrégé. Prince reprend ses esprits et commande l’ambulance. Nous nous félicitons mutuellement et bouclons d’une main décidée la fameuse valise de maternité (en réalité, deux sacs de voyage et autant de sacs plastiques remplis d’objets divers et variés).

Un accouchement sans douleur

6h31 : voilà presque une heure que Prince appelle les ambulanciers pour savoir où ils en sont, sans succès. Je cède avec complaisance et raison à la panique : mes contractions sont désormais à 2 minutes d’intervalle. Encore un tout petit peu, et je vais effectivement accoucher toute seule. Et sans paracétamol.

6h34 : tout s’explique. Les ambulanciers venaient de l’autre bout de la région parisienne. Bien joué. « La prochaine fois, on appellera le SAMU », me lance Prince, dépité. « La prochaine fois, ils enverront leurs collègues parce que ceux d’aujourd’hui, je les aurai tous descendus au bazooka », lui rétorqué-je. Pas très inventif, mais l’heure est grave : j’ai tellement mal que grignoter des biscuits est soudainement devenu inenvisageable. Mais la souffrance – pardon, la douleur – est utile, on va y arriver ensemble, etc., etc.

6h49 : les ambulanciers arrivent, l’air absolument terrifié à l’idée de transporter une femme enceinte. Loin de sortir le bazooka, je me rappelle qu’ils représentent ma seule chance de retrouver ma sage-femme à l’autre bout de Paris (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, notre devise ne se dément guère) et m’allonge docilement sur le brancard comme ils m’y enjoignent.

6h51 : allongée, la souffrance (oh, et puis zut, disons les choses comme elles sont) est insoutenable. Ca va pas le faire.

6h50 : j’explique fermement aux ambulanciers que s’ils m’obligent à rester allongée, non seulement on ne va pas y arriver ensemble, mais on va en venir aux mains. Donc qu’ils font comme ils veulent, mais que moi, je vais voyager à quatre pattes (donc pas attachée), et qu’eux, ils vont se débrouiller pour qu’on arrive à bon port. Et rapidement. Avec la jolie sirène et tout et tout, sinon je vais accoucher dans l’ambulance, et ils n’ont pas l’air d’avoir fait le bac + 18 qui va avec.

6h51 : ambulancier n°1 a mis la sirène et fonce dans les petites rues, puis les avenues, puis sur le périph’. Ambulancier n°2, l’air plus apeuré que jamais, me tient mollement par le bras. Sûr que ça fera la différence, en cas d’accident à 70 km/h.

7h08 : nous voilà arrivés à la maternité.

La suite au prochain épisode.

Quelque chose à ajouter, amies lectrices ?


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