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Battue au sanglier

Publié le 03 mai 2013 par Rolandbosquet

sangliers

   Ce matin, le ban et l’arrière ban des chasseurs de la région sont convoqués pour une vaste cérémonie à la gloire d’Artémis : une battue au sanglier dans toute la vallée.  Les moteurs des prétentieux 4X4, des antiques 4L et autres "cross over" à la mode vrombissent de toute part. Les appels et les cris font fuir les ramiers. Les chiens, ivres de liberté, aboient à tout rompre, insensibles aux ordres de leurs maîtres. Les cornes résonnent de vent de bise en vent de traverse et de zéphyr en midi. Corbeaux, freux et choucas leurs répondent en dessinant de larges cercles dans l’espoir d’un charnier dont se repaître. Une semaine auparavant, les gardes-chasse et leurs lieutenants de louveterie ont effectué leurs repérages. Traces nettement visibles, ici ou là, du passage d’une harde. Discussions animées pour déterminer le nombre de laies qui attendent des petits. Les spécialistes se déchirent. Les anciens rappellent leur expérience et les plus jeunes se targuent de leurs longues études. Tous s’accordent sur l’absence de marcassins. Par contre, aux abords d’une souille régulièrement fréquentée, des marques révèlent la présence de trois ou quatre ragots. Légèrement à l’écart, dans l’ombre d’un gros buisson d’épineux, une ancienne bauge a été réinvestie. Le chef garde-chasse ôte sa casquette et passe la main sur son crâne dégarni. Il s’agit, pense-t-il, de l’aménagement d’un futur chaudron. La mise-bas est proche, conclut son bras droit. La piste de la compagnie se poursuit, facilement repérable aux poils coincés dans les écorces des fayards et aux sillons laissés par les canines de quelque gros mâle sur les troncs des vieux chênes pour marquer son territoire. Puis les indices quittent les sous-bois pour s’aventurer aux abords d’une ancienne bergerie. Faines, glands et châtaignes manquent à présent. Les bêtes ont faim et se rapprochent des habitations et de leurs poubelles. Certes, les campagnes perdent leurs paysans. Les champs d’orge, d’avoine et de blé retournent à la jachère. La friche gagne les clos abandonnés par les moutons de trop faibles revenus pour les jeunes agriculteurs. La nature reprend inexorablement ses droits. Mais demeurent encore, ici ou là, un hameau à deux ou trois foyers au petit ort entouré de sa clôture de noisetier, une vieille ferme dont le paysan à la retraite  élève encore quelques moutons et deux ou trois vaches dont il n’a pas eu le cœur de se séparer ou la châtaigneraie du notaire du bourg qu’il a pieusement conservée de l’héritage de ses parents. Grâce à ces insoumis, opiniâtres et têtus, arrivent les semis de maïs dont sont si friands les sangliers. Il est plus que temps, pour l’homme, d’intervenir. Pour l’heure, aisément repérables à leur gilet fluorescent et à leur front grisonnant, les nemrods marquent le pas au pied des haies ou en lisière des halliers. Par petits groupes de deux ou trois individus, ils parlent du bon vieux temps où ils étaient plus nombreux que leur gibier. Les chiens tournent et virent avec impatience et se font rabrouer. Exposés sur les capots des voitures, pain de campagne, saucisson, fromage et vin rouge passent de main en main. Et la Marthe ? Qu’est-ce qu’elle devient ?  Tu te souviens ? En 56, au bal de … 

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