Magazine Humeur

Moi j’aime le kebab, le burger, mais aussi le jambon beurre.

Publié le 03 mai 2013 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Moi j’aime le kebab, le burger, mais aussi le jambon beurre.
Il parait que c’est un slogan qui fait mouche: « Ni kebab, ni burger». Et le Front National prétend ainsi défendre notre identité nationale menacée selon lui par l’immigration et plus précisément par les arabes, par les musumans. En quoi le fait d’aimer le couscous signifierait que le saucisson chaud à la pistache ou le tablier de sapeur à la lyonnaise seraient menacés ? Et si notre identité justement n’était pas d’aimer tous ces plats délicieux ? L’immigration n’est pas en France un phénomène récent. C’est même une spécifité française au sein de l’Europe. Depuis la Révolution et ses lois sur l’héritage partageant de manière égale entre tous les enfants, poussant les paysans à n’avoir qu’un ou deux enfants, après les guerres napoléoniennes qui décimèrent plusieurs millions de français, notre taux de natalité s’était effondré. La France, pays le plus peuplé d’Europe au début du XIXème siècle, s’était retrouvée affaiblie 50 ans plus tard. La défaite de 1870, la très difficile et sanglante victoire en 14-18 ont été des signaux d’alarme qui ont poussé nos gouvernements à nous ouvrir à l’immigration. Avec peut-être beaucoup de cynisme, nous avions besoin de soldats, de « chair à canon", et de bras dans nos usines et nos mines. Belges, polonais d’abord, italiens ensuite, puis portugais et espagnols, et enfin maghrébins ou africains.Aujourd’hui, un tiers ou la moitié d’entre nous a au moins un parent d’origine étrangère. L’immigration est une de nos richesses, un des élements de notre identité nationale. Certains pensent que «oui, bien sûr, mais les italiens par exemple, c’était plus facile, car ils étaient catholiques». C’est oublier que cela n’a pas été évident. C’est oublier qu’après l’assassinat à Lyon du Président Sadi Carnot par l’anarchiste italien Caserio, en 1894, il y eut des pogroms anti-italiens dans les rues de Lyon, sans parler des massacres , comme à Aigues-Morte en 1893.  Oui, des massacres, chez nous en France, contre des italiens…Cependant ce que révèle le succès de ces petites phrases distillées par le Front national, ce sont nos peurs face aux changements rapides d’un monde où notre pays n’est plus au centre ; c’est aussi le silence de nos politiques qui ne savent pas où ils en sont avec nos valeurs communes, avec nos valeurs républicaines. Fier d’être français, fier de nos valeurs et en même temps ouvert sur le monde, c’est la seule ligne de conduite possible.Nous vivons une e-poque formidable !

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