ORPHYR
Résumé :Et si la nature vous donnait un petit coup de pouce ?
Orphyr est paysan.
Un soir où il quitte le bistrot de la Frédine, il rencontre La Dame Verte.
Celle-ci lui fait un présent qui changera son quotidien...
Réalisateur: Jonathan Degrelle
Scénaristes:Jonathan Degrelle
Acteurs :Corinne Masiero,Stéphane Ropa,...
Pays :France
Année : 2012
Durée:17min.
Le court:
Petit conte mettant en exergue la bonté qui finit toujours par être récompensée, Orphyr est une agréable surprise.
Orphyr, un fermier alcoolique, amoureux de la nature et ayant le coeur sur la main se voit octroyer par la Dame Verte un âne capable de déféquer de l’or. Hélas, un peu benêt, il se fait extorquer de son bien par les tenanciers de l’auberge dans laquelle il a l’habitude de boire.
Superbement filmé et simplement raconté, le court de Jonathan Degrelle va droit au but et cela, sans chichis. Le jeu des acteurs est excellent et juste. Les décors minutieux , le travail du son, la musique ainsi que la voix off (un peu redondante) ou encore les effets spéciaux ,simples mais efficaces, apportent au métrage de la crédibilité.
Bref, une belle réussite pour un premier court qui aurait peut-être mérité un travail plus important du scripte.
Note: 15/20
Bande Annonce :
Interview du réalisateur : Jonathan Degrelle.
Fantasticmovies:Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de fantasticmovies?
Jonathan Degrelle: Je m'appelle Jonathan Degrelle, 28 ans, et je suis nordiste. Après des études d'arts et d'audio-visuel, je réalise des films de façon "professionnelle" depuis 5 ans maintenant. Comme beaucoup j'ai commencé en faisant des films avec les potes et le caméscope familial, pour au fur et à mesure me professionnaliser, jusqu’à vivre maintenant de la pub, du reportage et de l'institutionnel. Ce qui me permet de me consacrer à mes projets personnels et à la fiction sur le temps libre qu'attribue ce métier.
Fantasticmovies: Quel est le dernier film que vous avez vu qui vous a le plus marqué?
J.D.: L’Odyssée de Pi a été la claque la plus récente pour moi en salle. La narration et la mise en scène du film, émouvante et touchante, va droit au but pour moi. De plus, j'ai trouvé pour une fois la 3d du film efficace. L'idée de changer le format de l'image lors de certaines scènes était aussi une super idée.
Fantasticmovies: Quelles sont vos influences en tant que cinéaste?
J.D.:Mes influences sont diverses et variées. Elles partent un peu dans tous les sens. Cela va de certains films de Tim Burton,au cinéma Hong-Kongais (j'adore les vieux films de Kung-Fu de la Shaw Brothers par exemple), en passant par le cinéma de studio américain qui a fait rêver beaucoup de gens de mon âge avec des films comme Retour Vers Le Futur et Indiana Jones. Pour Orphyr, mes influences viennent de films comme Dark Crystal ou encore Le Labyrinthe De Pan, sans doutes, le meilleur conte jamais vu au cinéma.
Fantasticmovies: Que pensez-vous du cinéma de genre actuel en général et dans votre pays?
J.D.:J'ai l'impression que le cinéma de genre en France se fait rare, mais que quand il est là, il est bon. Des films comme Frontières, ou encore dans un autre domaine, Le Pacte Des Loups, se font trop rare. Les chaines de TV, les producteurs sont peut être trop frileux et préfèrent sans doute amortir le choc financier en produisant et en distribuant des comédies et autres films sociaux. Pourtant de véritables talents existent (notamment, je l'espère fortement, dans la génération de réalisateur à laquelle j'appartiens qui nous sort des films d’horreur, des films d'action où encore de thriller).
Fantasticmovies:Quelle est votre plus grande peur?
J.D.:A l'instant où je réponds à votre interview, je dirais que ma plus grande peur serait celle de ne pas réussir dans mon métier et de ne pas pouvoir vivre un jour de ma passion: réaliser des films (sous entendu des films de fiction) !
Fantasticmovies:Comment est né le projet?
J.D.:Je venais de terminer un court métrage quelque peut amateur intitulé La Fleur de l'Awaï. Je travaillais avec l'association de production audio-visuelle ,La Fabrique sur ce court. Nous avons décidé de commun accord de se lancer ensemble dans un deuxième court-métrage. J'ai toujours adoré certains films de Tim Burton, comme Edward Aux Mains D'Argent, où encore Big Fish, et je voulais à mon tour réaliser un conte (avec mes références propres, comme certains films de Disney par exemple). C'est alors que La Fabrique m'a proposé d'adapter un des contes du recueil Les Contes De La Dame Verte, de Jean le Mauve. J'ai décidé de choisir la nouvelle L'Ane, La Table Et La Maguette qui au fur et à mesure de l'écriture est devenu "Orphyr".
Fantasticmovies: Orphyr est vraiment très beau à regarder et le travail du son est vraiment bien, était-ce beaucoup de travail en post-production?
J.D.:La post-production du film a été beaucoup plus longue que prévue. Une fois le film tourné en Aout 2010, le montage a suivi rapidement via diverses cessions. Ces premières cessions n’étaient pas assez convaincantes . J'ai donc retouché le montage avec une autre monteuse, pour resserrer le film. Ensuite les effets spéciaux ont été assez long. Concrètement, nous n'étions que deux à travailler sur ceux-ci (un argentin avec qui je travaillais à distance et moi même). Même si le nombre de plans à truquer n’était pas exorbitant, nous n'étions que deux et cela a rallongé quelque peu le temps de travail. De plus beaucoup de petit détails invisibles pour le spectateur ont été travaillés (effacement de voitures, de câbles électriques, de grillage, de fenêtre en plastiques contemporaine...). Ensuite on a enchainé sur le travail du son (montage son, sound design, composition musicale et mixage 5.1). Et bizarrement, deux ans étaient passés; sans vraiment que l'on s'en rende compte.
Fantasticmovies:Pourquoi avoir choisi l’univers des contes pour votre court? Etait-ce pour toucher un plus large public?
J.D.:J'ai avant tout choisi l'univers du conte dans un but personnel car j'ai toujours aimé les contes depuis tout petit. Le message fort que ceux-ci portent à travers une histoire simple m'a toujours intéressé. Le Petit Poucet nous raconte quand même une histoire d'abandon d'enfant, et Le Petit Chaperon Rouge, une métaphore de la pédophilie (une petite fille trouve un grand méchant loup dans son lit..). Il y a donc un message pour les enfants (le côté magique et merveilleux) mais aussi pour les adultes ( le côté "moral" et aventure). Le but premier n'était donc pas de toucher un large public, mais le fait est que le concept du conte est perceptible par chacun, d'une manière originale et différente.
Fantasticmovies:Fut-il facile de trouver des acteurs et une équipe motivés pour le film?
J.D.:Les rencontres pour ce film se sont faite très facilement et très simplement. Une fois le directeur de la photographie arrivé sur le projet via un ami commun, celui-ci à entièrement réuni son équipe technique et les chefs de poste adéquats. Ensuite se sont rapidement attachés: costumière, décoratrice et tous les autres postes artistiques et techniques (grâce au bouche à oreille principalement..). Concernant le casting, Corinne Masiero a directement accepté le rôle de Frédine (j'étais super content qu'elle accepte car j'avais écrit ce rôle pour elle). J'avais vu Philippe Wolczek dans un court métrage, où il m'avait bien plus, et je lui ai vite proposé le rôle de Leulruque. Quand au reste des acteurs, ils ont tous été sélectionné par casting. Stéphane Ropa, qui interprète Orphyr a fait forte impression au casting, le rôle lui allait directement comme un gant.
Fantasticmovies: Parlez-nous des effets spéciaux.
J.D.:Les effets spéciaux du film sont assez simples, car pour un premier "vrai court métrage", je ne voulais pas tomber dans une avalanche d'effets juste pour démontrer que je pouvais faire un film contenant de nombreux FX. Je voulais donc peut d'effets spéciaux, mais des SFX justes et pertinents. Ils sont donc très discrets, mais, je l'espère, apportent un véritable plus au récit.
Fantasticmovies: Que pouvez-vous nous dire à propos des conditions de tournage et du budget du film?
J.D.:Les conditions de tournage d'Orphyr sont celles d'un tournage associatif. Donc celles-ci ne sont pas 100% optimales. Notamment sur le fait que entièreté de l'équipe était bénévole sur l'ensemble du projet (malgré cela, leur motivation et leur investissement sur le projet a été totale et je ne les remercierai jamais assez pour cela). Même si les salaires ne pouvaient pas être présents, nous avons mis, je le souhaitais, le maximum dans les conditions de tournages autres (matériel présent, traveling, tournage en RED, tournage sur 9 jours en Picardie, où toute l'équipe était logée). Bref il fallait faire un vrai film de cinéma dans les conditions que nous avions. Concernant le budget, le film a bénéficié d'une aide du CRRAV Nord Pas de Calais, ainsi que du défi Jeunes (j'avais moins de 25 ans à l'époque où j'ai monté le dossier). Ensuite mon argent personnel et une aide personnelle de la productrice du film a complété le budget (pour le mixage du film notamment).
Fantasticmovies: Avez-vous une anecdote à raconter à propos du tournage?
J.D.:Une des journées a été très difficile, c'était un peu la journée des "galères", il y en a toujours une sur un tournage . Sous la fausse pluie faite par les pompiers, Stéphane qui interprète Orphyr et Emmanuelle qui interprète la femme du héros étaient trempés et tremblotaient, alors que le reste de l'équipe était en t-shirt, au soleil. Cette même journée, on tournait une scène d'Orphyr avec son âne. Mais celui-ci n'en faisait qu'à sa tête, et s'est cambré, mettant presque un coup de sabot à Stéphane, puis l'âne s'est précipité sur le second âne du tournage et l'a mordu jusqu’au sang. L'âne était une vraie corvée, il n'obéissait à rien. Cet animal tient bien sa foutue réputation. La dernière nuit du dernier jour de tournage, une fois celui-ci fini. Il fallait mettre l'âne dans son fourgon pour le ramener au village voisin. Têtu comme il était, il n'a jamais voulu y rentré. La productrice du film et la chef déco l'ont ramené à pied au village, à quelques kilomètres, après une grosse nuit de tournage dans le froid de l'été.
Fantasticmovies: Des projets futurs?
J.D.: Je travaille actuellement sur un projet de Shortcom, dont 6 épisodes ont déjà été tournés. Une diffusion TV devrait avoir lieu sous peu, la chaine ayant aimé les deux premiers pilotes et nous l'ayant fait savoir. Ne reste qu'a signer la diffusion. Ensuite, je travaille sur un second court métrage basé sur Notre Dame de Paris, de Victor Hugo. Il s'agit d'une adaptation en Steampunk du célèbre roman. J'ai écrit ce film pour certains acteurs avec qui j'ai vraiment envie de travailler, une écriture sur mesure pour des gens que j'admire vraiment. Le projet est actuellement en recherche de production.
Fantasticmovies: Un mot pour la fin?
J.D.: Déjà, un énorme merci pour la place accordée à Orphyr dans cette interview et sur votre site. J'invite tous les lecteurs à voir Orphyr lors des projections qui auront lieu près de chez eux (lors d'avant premières, de projections, ou de sélections en festivals). Et surtout, qu'ils n'hésitent pas à m'en faire un retour s'ils le souhaitent. Et je souhaitent une longue vie au cinéma de genre et fantastique en France, que celui-ci fasse preuve d'audace, de courage, de ténacité et de passion.