Magazine Société

« College boy » : merci à Indochine et Xavier Dolan

Publié le 04 mai 2013 par Pascal_martineau

college-boy.jpgA l’heure où une vague homophobe déferle sur la France, le clip vidéo « Collège boy », du mythique groupe Indochine, ne pouvait pas mieux tomber. Ecrit et réalisé par le talentueux Xavier Dolan, ce court-métrage rappelle une réalité crue : l’homophobie tue.

De bonnes âmes, jouant parfois les vierges effarouchées, se sont dites choquées de la violence de ce clip, où l’on voit un jeune lycéen, harcelé par ses camarades de classe, se faire uriner dessus puis finalement crucifier et tué à balles réelles.

Prenons un peu de recul.

Tout d’abord, nous sommes là dans une fiction, une allégorie, et non un reportage. C'est de l'art. Et la fiction dit souvent les choses aussi bien que le documentaire. Comme en témoigne cette formidable "trouvaille" des yeux bandés, paraboles de tous ces « moutons » qui suivent aveuglément ceux qui crient au loup.

Ensuite, si le harcèlement ne va pas en général jusqu'au meurtre (mais parfois, quand même, jusqu’au viol* qui est un crime), il provoque souvent le suicide. Xavier Dolan aurait pu se « contenter » d’évoquer un suicide, voire de le montrer. Mais c’était ne pas regarder la réalité en face. Car cet assassinat symbolique témoigne à la fois de la cruauté de ce harcèlement et dénonce les vrais coupables. Dans un suicide, le seul « coupable » avéré est celui-là même qui s’est donné la mort. Trop facile.

homophobie4.jpg
En outre, l’action se déroule visiblement dans un lycée catholique (on voit d’ailleurs un rideau – celui du bureau du directeur ? - retomber furtivement à une fenêtre une fois le crime commis). On peut ainsi imaginer que le clip renvoie à l’hypocrisie de l’Eglise qui condamne l’homosexualité, mais a longtemps couvert des prêtres pédophiles, les établissements catholiques étant parfois le lieu de ces crimes, comme en témoigne le film récemment diffusé sur France 2,  Le silence des églises, et adapté de faits réels. Un évêque belge, André-Joseph Léonard ne vient-il pas de déclarer que traduire systématiquement tous les prêtres coupables de faits de pédophilie en justice s'assimile à un acte de vengeance. N'est-ce pas aussi choquant et insupportable ?. Ai-je entendu un seul évêque français condamner ses propos ? Aucun ! Violer un enfant, c’est le crucifier. 

Enfin, notre téléréalité de caniveau montre aujourd’hui des images bien plus choquantes et toujours plus indécentes (cf. « Confessions intimes » par exemple), sans aucun talent pour le coup et même de manière très vulgaire et voyeuriste. Rien de tout cela dans les superbes images de Xavier Dolan.

Le groupe Indochine et Xavier Dolan ont le mérite, outre de répondre aux textes homophobes de Section d’assaut, de donner un coup de projecteur sur le drame quotidien encore subi par des dizaines et des dizaines de collégiens et lycéens gays, contraints de cacher leur homosexualité par peur des conséquences si cela se savait, ou de subir, lorsqu’elle est connue, parfois dans l’indifférence générale, les sarcasmes et les violences de jeunes homophobes, avec parfois, oui et encore oui : la mort. Le suicide d’un jeune gay harcelé est une forme d’autocrucifixion.

* Il faut d’ailleurs s'interroger sur le sens d’un tel acte et sur la force du refoulement de l’homosexualité qui conduit un homophobe à punir un homosexuel en commettant lui-même un acte homosexuel. L’homophobe homosexuel refoulé tente de détruire une image de lui-même qui le dégoûte ou lui fait peur.

Voir le clip


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pascal_martineau 319 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine