Les bébés anormalement lourds ou, a contrario, en insuffisance pondérale à la naissance présentent un risque accru jusqu’à 62% de développer l’autisme, constate cette vaste étude suédoise. Ces conclusions qui portent précisément sur la croissance du fœtus in utero, publiées dans l’édition d’avril de l’American Journal of Psychiatry, soulèvent des questions intéressantes sur la façon dont le développement dans l’utérus peut affecter le risque de TSA.
Les chercheurs des universités de Manchester, Bristol, Karolinska (Suède) et de Columbia ont utilisé les données de l’étude de cohorte Stockholm Youth Cohort study portant sur 4.283 enfants atteints de TSA et les ont comparés, en les appariant par âge, à 36.588 enfants en bonne santé choisis au hasard. Parmi les enfants atteints de TSA, 1.755 présentaient une déficience intellectuelle et 2.528 non. Les chercheurs disposaient des évaluations de croissance réalisées par des infirmières ou des pédiatres aux âges de 1, 2, 6, 10-12, 18, 36, 48 et 60 mois de l’enfant. Les chercheurs ont recueilli les données sur le poids à la naissance de chaque enfant et la durée de la grossesse etont utilisé des informations du registre national des naissances pour déterminer les moyennes de croissance fœtale par âge gestationnel, afin de pouvoir déterminer quels enfants étaient au-dessus ou en dessous de ces moyennes. L’analyse qui a pris en compte les facteurs connus de confusion, comme, par exemple, l’âge de la mère à la naissance de l’enfant, constate que,
· une croissance fœtale inférieure à la moyenne est associée à un risque accru de TSA,
· tout comme une croissance du fœtus plus importante que la moyenne,
· ces résultats valent pour les enfants atteints, avec et sans déficience intellectuelle,
· les enfants nés petits ou grands pour leur âge gestationnel sont à risque accru de TSA avec déficience intellectuelle, indépendamment de la durée de la grossesse,
· la prématurité est associée à un risque accru de TSA indépendamment de la croissance du fœtus,
· enfin, les enfants atteints de TSA sont plus susceptibles d’avoir des malformations congénitales vs les enfants sans TSA.
Une croissance du fœtus au-dessus ou en dessous de la moyenne est un facteur de risque indépendant de TSA. Un risque plus significatif lorsque la croissance est très au-dessous ou au-dessus de la moyenne. Ces conclusions ouvrent l’opportunité d’une intervention précoce dont une surveillance, un dépistage et une prise en charge des enfants les plus à risque. Cette augmentation de risque associé à une croissance anormale extrême du fœtus suggère un dysfonctionnement au cours du développement, peut-être au niveau du placenta. Cette étude évoque ainsiune autre, toute récente, publiée il y a quelques jours seulement dans la revue Biological Psychiatry qui associait un nombre élevé nombre d’inclusions du trophoblaste au risque d’autisme.
Source: The American Journal of Psychiatry online April 1 2013 DOI:10.1176/appi.ajp.2012.12040543
Deviance in Fetal Growth and Risk of Autism Spectrum Disorder
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