NYSE-Euronext a annoncé la création d’une « Bourse paneuropéenne » dédiée aux PME et aux ETI. Une information qui a suscité peu d'enthousiasme.
Par Jean-Baptiste Besson.
Dans un contexte économique difficile dans lequel tout le monde s’accorde à dire que le financement des entreprises est un enjeu majeur, il est presque étonnant que l’annonce du lancement d’une Bourse des PME par le NYSE-EURONEXT pour le 23 mai 2013 soit presque passée inaperçue.
Il s’agit pourtant d’un événement qui aurait mérité une attention particulière. Le projet est en discussion depuis plus de trois ans. Les rapports de Gérard Rameix et Thierry Giami en 2011, puis de Louis Gallois en 2012 appelaient également de leurs vœux la création d’une bourse dédiée aux PME et ce afin d’améliorer le financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Entreprises de Taille Intermédiaires (ETI).
NYSE-Euronext a donc finalement annoncé la création d’une « Bourse paneuropéenne » dédiée aux PME et aux ETI, et la création en France d’une « filiale dédiée, qui sera dotée d'une marque, d'un compte d'exploitation et de ressources humaines propres ». Sur la mise en oeuvre tout d’abord, le NYSE-Euronext prévoit d’octroyer des « réductions tarifaires incitatives dont un rabais de 10% sur les frais d’introduction en Bourse et 50% sur les frais de transfert du marché réglementé vers NYSE Alternext ». Le NYSE Euronext s’engage en outre à augmenter « significativement » les moyens financiers dédiés aux PME-ETI, qui seront « portés à 18 millions d’euros annuels, dont une partie sera directement affectée à la filiale dès sa création. »
L’ouverture du capital des PME et des ETI apparaît en effet comme un levier incontournable dans le financement de la croissance de ces entreprises. Et ce dans un contexte où l’autofinancement et le crédit bancaire souffrent énormément de la conjoncture.
Alors pourquoi aussi peu d’enthousiasme ? Et si peu d’écho dans la presse, même spécialisée ?
Du côté des professionnels de la Place, et qui défendaient ce projet, on regrette un projet a minima avec des moyens alloués insuffisants par rapport aux besoins des entreprises ; un projet peu incitatif au niveau de la politique tarifaire.
Du côté des entreprises, les dirigeants d’ETI sont remplis de préjugés sur la lourdeur des procédures en Bourse et les rares ETI déjà cotées regrettent régulièrement qu’il y ait si peu de mouvements sur ce marché et que par conséquent les titres sont très volatils à la moindre action d’un agent sur le marché.
Du côté du gouvernement, malgré les grandes envolées lyriques sur l’entrepreneuriat lors de l’intervention du Président de la République en clôture des assises sur l’entrepreneuriat, Bercy indique « ne pas apporter de soutien particulier au projet ». Tout est dit.
Enfin, notons que ce projet s’inscrit dans un contexte particulier pour le NYSE-Euronext, puisque la Bourse transatlantique prévoit en effet une fusion avec un autre opérateur américain, le ICE qui se traduirait par une Introduction en Bourse d'Euronext début 2014. Dans le même temps, la place boursière de Londres, le London Stock Exchange, cherche aussi à créer un marché français dédié aux PME, sur le modèle de l'AIM britannique, le Alternative Investment Market, le marché chargé d'accueillir les PME.
Encore une fois, on ne peut que déplorer qu’un dossier aussi important et urgent tant pour les entreprises que pour notre pays, soit géré sans réel projet ni réelle orientation stratégique. On ne peut aussi regretter que ce dossier, comme tant d’autres, n’ait point fait l’objet d’une coordination européenne.
Reste aux ETI plus qu’à se tourner vers de nouvelles sources de financement pour assurer leur croissance et atteindre leur taille critique sur un marché mondial : le financement désintermédié, le placement privé obligataire, les fonds commun de placement...