Le vendredi 22 mars 2013 Li Kunwu est venu à la librairie la Hune afin de donner une conférence sur son dernier ouvrage : Les pieds bandés édité par Kana. Il a ensuite effectué une séance de dédicaces.
- Pourquoi cette histoire des pieds bandés vous tient-elle tant à cœur ?Je suis vraiment très heureux d'être ici à Paris. Au début, je n'avais pas prévu de faire un livre sur les pieds bandés. Lorsque, j'ai écrit les 3 tomes d'Une vie chinoise, beaucoup de personnages ont émergé. Chacun a une histoire qui lui est propre. J'avais un sentiment très fort envers ma nourrice, en Chine les changements vont très vite et toutes ses veilles femmes vont bientôt disparaître j'ai donc pensé qu'avant de ne plus avoir de témoignages sur cette pratique, il était important d'en conserver une trace et donc pour que les jeunes n'oublient pas cette pratique. Aujourd'hui, le fait de voir l'intérêt des lecteurs français pour cette histoire me conforte dans le fait que j'ai bien fait de l'écrire. Au début, j'avais peur que cela soit un petit peu loin des lecteurs mais au contraire j'ai réalisé que certains connaissaient même bien cette pratique. J'ai réalisé que la force de mon dessin pouvait aussi m'aider à exprimer cette pratique et que c'est une histoire qui pouvait avoir beaucoup de force et d'intérêt. - Cette pratique a-t-elle perduré plus longtemps dans votre région natale ? Elle a perduré dans beaucoup de régions de Chine. Au début je n'ai pas compris pourquoi mais après j'ai réalisé que la Chine avait connu beaucoup de changements et de révolutions, de ce fait beaucoup de gens pensés que la révolution ne durerait pas. J'aurai pu aborder ce sujet d'un point de vue historique mais j'ai préféré parler de cette époque où tout a basculé. On est passé d'une souffrance corporelle à une souffrance psychologique aussi de ce fait là. - Selon les régions, les techniques de bandage sont-elles différentes ?Je n'ai pas trop approfondi cet aspect là et j'aurai du mal à faire une réponse précise. - Comment est transmis cette ancienne tradition aux nouvelles générations ?On en parle pas du tout à l'école, on considère cela comme des pratiques anciennes. On enseigne des choses beaucoup plus classiques. - Historiquement quel regard porte-t-on sur cette pratique ?On commencé à bander les pieds des femmes il y a environ mille ans. C'est la révolution de 1911 qui a mis fin à cette pratique. - Quel va être l'accueil de ce livre en Chine ?J'aimerai beaucoup qu'il soit édité en Chine. Il y a déjà des maisons d'édition chinoises qui sont intéressées. Cependant j'édite d'abord en occident. Les lecteurs chinois sont de plus en plus intéressés par mes livres. - Combien de temps avez-vous mis pour réaliser Les pieds bandés ?Cela m'a pris environ huit mois. Ce processus de création n'est pas facile. Pour le premier tome d'Une vie chinoise, il m'a fallu trois ans, pour le deuxième tome un peu plus d'un an et pour le troisième un an. Je maîtrise de plus en plus, le processus de création. - Comment travaillez-vous ?J'écoute, j'observe et je réfléchis beaucoup. Ensuite, je fais un brouillon. C'est assez progressif.
Ce fut un moment très agréable et instructif.