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Qui pour remanier Mélenchon ?

Publié le 09 mai 2013 par Juan
Qui pour remanier Mélenchon ? On parle de remanier Hollande Ayrault et bien plus encore. Quelqu'un s'interroge-t-il sur l'avenir du Front de Gauche et son trublion de leader ? On évoque la VIème République, mais où sont les alternatives politiques pour des défis qui dépassent la seule question institutionnelle ?
Le grand jeu du remaniement est lancé, par François Hollande lui-même. Quelques mots, à peine deux phrases dans une interview à paris Match. Sur le coup, nous nous sommes dits que les médiacrates ressasseraient la chose suffisamment longtemps pour nous en dégouter.
Sans surprise, le lendemain, 8 mai, jour anniversaire de la fin du second conflit mondial, voici que le jeu redémarre.
Quelques photographes prennent deux ministres d'un positionnement politique plutôt opposé, déambulant hilares sur les Champs Elysées après la cérémonie. Arnaud Montebourg et Manuel Valls s'arrêtent même prendre un rafraichissement. Evidemment, on suppute, on s'amuse avec ce que l'on a, ce prétendu remaniement qui n'arrivera pas tout de suite. "C'est une obsession pour vous !" commente le ministre de l'Intérieur.
Le Figaro glose sur ces ministres "intouchables": Manuel Valls (Intérieur) parce qu'il s'est rendu "indispensable", Michel Sapin (Travail) parce que c'est un "proche"; Bernard Cazeneuve (Budget) parce que c'est une "pièce maitresse". On a déjà le sondage BFM TV qui nous promet Manuel Valls (encore lui) et martine Aubry favoris pour devenir premier ministre à la place de Jean-Marc Ayrault.
Ce 8 mai, on s'inquiète de l'austérité. La France a les services publics "à l'os". C'est Claire Guélaud, pour le Monde, qui le dit. Pourquoi ne l'a-t-il répété pendant la campagne ? Pourquoi quelques médias se réveillent-ils enfin ? Quand l'heureux matraquage fiscal de l'automne dernier a permis de redresser, même insuffisamment, la barre budgétaire, combien de journalistes et prétendus experts se sont émus que le gouvernement ne réduisait pas suffisamment ses dépenses ?
1. Certains couinent encore que les dépenses de l'Etat ne baissent pas suffisamment. En 2012, hors charges de la dette et pensions, elles ont diminué de 300 millions d'euros. Or, rappelle Claire Guéaut, elles augmentent naturellement d'environ 6 à 7 milliards d'euros par an. Mais cela ne suffit pas pour certains. En novlangue, l'austérité s'appelle réforme. Et la baisse de 7% du pouvoir d'achat de quelque 80% des actifs allemands entre 2000 et 2010 est baptisé "modèle de compétitivité".
2. Le gouvernement navigue sur une ligne étroite: "on a assisté à la fin d'une certaine forme d'orthodoxie financière et à la fin du dogme de l'austérité" prétend Pierre Moscovici. En parallèle, il donne des gages "oraux" autant qu'il peut pour assurer l'Allemagne et quelques autres que la France reste "sérieuse". Vu que la dette frôlera les 100% du PIB dans quelques dizaines de mois, que la France n'est ni le Japon ni les Etats-Unis, il faut bien rassurer les créanciers.
3. Hollande a une carte à jouer avec le nouveau gouvernement italien. Le premier de ce dernier est venu dès le 1er mai sourire sur le perron de l'Elysée après une visite expresse chez Merkel. On espère et on prie. Enrico Letta est favorable à une "pause" dans l'austérité, davantage de croissance et de politique de l'emploi.  En France, Mélenchon a traité les deux hommes d'ectoplasmes: "Monsieur Letta fait de la com' et il dit aux Italiens 'taisez-vous un jour où l'autre je finirais par y arriver d'ailleurs je vais voir François Hollande qui est autre ectoplasme de la même tribu que moi et ensemble nous allons voir Madame Merkel pour lui demander si elle veut bien dire que ce que nous faisons est bien". Pourtant, une politique européenne crédible passe nécessairement par la négociation avec ses voisins.
4. En France, la pression intérieure contre l'austérité est pourtant faible, et pour trois raisons au moins. Primo, sans minorer la performance du Front de Gauche et de quelques autres à rassembler quelques dizaines de milliers de manifestants hors période éléectorale ("Cette fois l’on a vu que les gens n’étaient pas rentrés chez eux" se félicitait François Delapierre, du Parti de gauche), on ne peut que constater que la contestation dite sociale reste globalement atone face à l'immensité des enjeux. La pression du chômage n'y est évidemment pas pour rien. Secundo, la rigueur budgétaire, répétons-le, ne prend pas la même acuité qu'ailleurs. Ce constat n'enlève rien aux souffrances sociales, nombreuses. Tertio, le discours politique contre l'austérité n'est pas autrement construit que sur l'opposition à davantage de réduction budgétaire. Il ne propose pas aucune alternative majoritaire à défaut d'être crédible.
5. L'opposition de gauche à François Hollande est certainement d'une virulence puissante. Mais elle peine à faire entendre autre chose qu'une contestation. Citons encore Delapierre, quand il écrit sur le blog de son mentor à propos de la récente "mobilisation": "Des projets de loi contestés ont déjà rencontré l’hostilité de foules importantes. Mais cette fois le mot d’ordre était beaucoup plus général : changer de politique et même d’institutions." Sa faiblesse stratégique réside justement là, dans la double illusion que l'opposition virulente remplace un programme. Le Parti socialiste en a fait l'amère expérience, dix années d'opposition n'exonèrent pas d'avoir à travailler sur un contre-projet. Or celui-ci, dans cette gauche de la gauche, reste incroyable vague. Il est bien beau de critiquer le détail de chacune des mesures que l'on s'empresse de disqualifier souvent d'avance par l'étiquette facile du "social-libéralisme", encore faudrait-il commencer à travailler sur quelque chose de concret.
"Changer de politique et même d’institutions" ? Le mot d'ordre ressemble pour l'instant à une diversion lâchée pour tromper la rage des Invisibles. Ce qui est en cause est plus ample, plus grave, plus fort qu'une modification de scrutin ou de rapports institutionnels. Il s'agit de la santé, de la retraite, de la police, de l'enseignement.
Qui remaniera le discours politique ?

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