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Pourquoi ça fait chier de partir ?

Par Jeuneanecdotique
09 mai 2013

Je n'ai jamais quitté quelqu'un. Dans ma tête, si on quitte quelqu'un, c'est pour toujours, sinon ça ne sert à rien. Alors, je n'ai jamais osé, même quand un petit bonhomme au fond de moi me hurlait de m'en aller, que je n'étais pas faite pour cet homme, que je n'étais pas heureuse.

Mon ex, en me quittant, m'a dit que de toute manière, je n'étais pas heureuse avec lui, qu'il ne faisait jamais rien de bien à mes yeux et que c'était pesant de vivre avec ça. Je n'ai pas compris. J'ai dit que oui, j'avais un sale caractère, mais que si je disais que j'étais heureuse, il n'avait qu'à me croire et pas faire chier hein. Je me souviens que parfois, devant mes tentatives de rattrapage bidons pour le faire revenir, il souriait d'un air blasé. Je ne comprenais pas. Non je ne comprenais rien et, pourtant, je comprends cet homme aujourd'hui.

Parfois, c'est plus dur sans la personne qu'on aime, qu'avec elle. Et pourtant, on part. Pourquoi ?

Je l'ai fait, maintenant. J'ai expérimenté la chose, disons. J'ai été dans la tête de quelqu'un qui quitte pour une bonne raison et qui ne change pas d'avis trois minutes plus tard. Bien sûr, vu que c'était dans ma tête que j'étais.

Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour. Premièrement, parce que j'ai du mal à envisager la fin des choses, même quand elle semble inévitable. Je me dis que si fin il doit y avoir, je préfère qu'on me l'impose, plutôt que d'avoir à prendre la décision moi-même. Comportement un brin dangereux pour soi-même, vu qu'on préfère rester dans une relation qui nous fait du mal, qui nous bouffe. Autant y mettre fin, même si ça implique qu'aucun retour en arrière n'est possible. Je ne sais pas d'où me sort cette sagesse, pour avoir réussi à le faire. Peut-être que certains pensent que c'est parce que je ne l'aimais pas vraiment, cette personne. Absurde. Je l'aimais, et je l'aime toujours, plus que je m'aime moi. Je l'ai aimé comme je n'ai jamais aimé personne. J'aurais tout donné, pour pouvoir être près de lui. Et pourtant, en sachant très bien que si je partais, ce n'était pas pour revenir, j'ai pris cette décision.

Je ne lui apportais rien de bien. Je ne le rendais pas heureux. J'avais l'impression que quoi que je dise, quoi que je fasse, rien ne suffisait, rien ne convenait, rien n'était plus assez bien pour qu'il continue à m'aimer, à avoir de l'estime pour moi. Et si c'était une souffrance pour moi, je savais aussi que c'était une souffrance pour lui, parce que j'avais déjà été à sa place. Je sais qu'il n'était pas comme ça par plaisir, qu'il allait juste mal. Mais je n'avais plus la force de supporter ça. Ce sentiment que la personne qu'on aime ne nous aime plus. Que chaque chose qu'on dira l'agacera. Qu'en étant nous-même, on lui apporte plus rien de bien, plus de joie, de rire ou d'envie de vivre. Alors, on se pose la question : qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je continue à tantôt lui laisser le recul dont il a besoin, tantôt à envoyer des messages gentils, à essayer de blaguer, comme si de rien n'était, en espérant qu'un jour ça s'arrange ? Mais pour quoi faire ?

Si vous ne pouvez pas rendre heureux quelqu'un aujourd'hui, ça ne marchera pas mieux demain. Mon ex l'avait compris. Il ne pouvait pas me rendre heureuse en étant lui-même, car j'espérais de lui des choses qu'il ne pouvait pas m'offrir.

Je ne comprends toujours pas pourquoi le bien que je pouvais lui apporter au début a disparu. Ce que j'ai fait de mal. J'aurais besoin qu'on me l'explique. Mais ce qui compte, au fond, c'est que c'est la vérité : je n'étais pas faite pour le rendre heureux. Et autant pour lui que pour moi, continuer aurait été comme se jeter dans un puits sans fond.

Non ?

Parfois, pendant quelques minutes, je regrette. J'ai envie de me gifler. Je me dis que si j'avais laissé les choses passer, plutôt que de jouer à la fille qui pour une fois prend des décisions, peut-être qu'aujourd'hui tout serait redevenu normal. Je me sens coupable d'avoir mis fin à notre histoire alors que j'avais promis d'être là pour toujours. J'ai l'impression d'avoir tourné le dos à quelqu'un qui avait besoin que je reste bien de face.

Mais si ça avait continué comme ça, je n'aurais pas survécu, de toute manière. Et personne ne sait comment cela se serait passé, si je ne l'avais pas fait. Je pense que j'ai pris ma décision, mais il me reste encore à l'accepter. A accepter que j'ai laissé partir l'homme que je considérais comme le futur père de mes enfants, comme la seule personne au monde à qui je pouvais me confier, comme le seul dont je serai capable, jusqu'à la fin, d'être autant amoureuse.

Alors, j'ai vécu deux ruptures. Une où la décision ne m'appartenait pas, et une autre où la décision me revenait en partie. Laquelle me fait le plus de mal ? La seconde. Et je peux vous assurer que j'ai beau avoir réfléchi ma décision, l'idée de ne plus jamais lui parler, ni le voir, est à la limite du supportable.

Putain. C'est dur de s'en aller.


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