Un adulte sur 7 ayant des relations sociales de très mauvaise qualité va développer une dépression, vs un adulte sur 15 ayant d’excellentes relations sociales. Au centre de ce lien social, les relations conjugales apparaissent comme un facteur de risque majeur de dépression selon cette large étude représentative de la population américaine. Ces conclusions publiées dans l’édition du de la revue PLoS ONE, vont jusqu’à suggérer, que pour éviter de « déprimer », il faut mieux vivre seul qu’avec un partenaire avec qui la relation est fortement dégradée.
D’une manière générale les épisodes de dépression majeure sont plus élevés dans les pays à revenus élevés (28% vs 20%) et sont particulièrement élevés (plus de 30%) en France, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, lieu de l’étude. Enfin, la dépression va augmenter le risque de maladie coronarienne, d’accident vasculaire cérébral et de cancer.
L’étude a suivi 4.642 adultes américains, âgés de 25 à 75 ans, durant 10 ans, pour évaluer la relation entre la qualité des relations sociales et la dépression. La qualité des relations sociales a été évaluée avec des échelles reconnues et l’isolement social, en présence du partenaire et à partir de la fréquence des contacts sociaux. Le critère principal de l’étude était la survenue d’un épisode dépressif dans les 10 années de suivi.
Ici, les chercheurs constatent que, le risque de dépression est significativement plus élevé chez
· les personnes vivant des tensions sociales (OR : 1.99, IC : 95% de 1,47 à 2,70),
· les personnes privées de soutien social (OR : 1,79, IC : 95% de 1,37 à 2,35),
· les personnes ayant des relations sociales globalement de mauvaise qualité (OR : 2,60, IC : 1,84 à 3,69).
· les personnes ayant des relations conjugales de mauvaise qualité, mais au même titre que leurs relations familiales et amicales et indépendamment de la fréquence des interactions sociales,
· les personnes ayant un conjoint tendu et peu investi et solidaire sont bien plus susceptibles de développer une dépression.
· Chez les personnes ayant les relations sociales ou conjugales « les pires », le risque de dépression est multiplié par 14 !
Plus la qualité de la relation avec le conjoint / partenaire ou la famille est dégradée, plus le risque de dépression augmente. En revanche, il faut noter que l’isolement social ne permet pas de prédire le risque de dépression pas plus qu’il n’a d’effet direct sur la qualité des relations.
La qualité des relations sociales est donc un facteur de risque/non risque majeur de dépression conclut le Dr Alan Teo, psychiatre à l’UM et auteur principal de l’étude. C’est la première fois qu’une étude identifie si clairement ce lien en population générale.
Mais allons un peu plus loin : Les aspects positifs comme négatifs des relations sont associés au risque de dépression. Si les tensions sociales et le manque de soutien dans les relations conjugales et avec les membres de la famille sont facteurs de risque de dépression plus tard, la qualité de la relation de couple est aussi facteur de diminution du risque. A partir de là, les auteurs prônent un recours plus fréquent aux thérapies de couple en tant que traitement ou prévention de la dépression chez les couples « à risque » : « En améliorant la qualité des relations conjugales, nous pouvons être en mesure de prévenir ou de réduire les effets dévastateurs de la dépression clinique ».
L’idée est aussi, selon les chercheurs, de demander plutôt au patient, en cas de trouble psychologique, comment il évalue sa relation avec son partenaire, plutôt que de simplement demander s’il en a un.
Vivre seul plutôt qu’avec une relation de couple dégradée ? Si l’étude opte pour cette conclusion, rappelons-nous cette autre étude publiée en 2011 dans Biomed Central Medicine qui suggérait aussi que la perte d’un partenaire, le divorce ou la séparation, sont des facteurs majeurs de dépressionet…que les femmes sont deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression que les hommes,
Source: PLOS ONE doi:10.1371/journal.pone.0062396 Social Relationships and Depression: Ten-Year Follow-Up from a Nationally Representative Study
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