Magazine Côté Femmes

En lisant En lisant Tourgueniev… … j’ai pensé à la fois à Emma...

Publié le 09 mai 2013 par Mmepastel
En lisant En lisant Tourgueniev…
… j’ai pensé à la fois à Emma Bovary et à Bess, l’héroïne de Breaking the waves, le film de Lars Von Trier qui m’avait tant marquée. Contradictoire ? Pas tellement.
Comme Emma Bovary, Marie-Louise, l’héroine du roman de William Trevor, fait un mauvais mariage. Elmer, son époux, a d’ailleurs de nombreux traits en commun avec Charles Bovary : besogneux, peu vif, plein de bonté mais médiocre, suintant l’ennui. Elles épousent toutes deux ce type d’hommes pour les mêmes raisons : le vague espoir de promotion sociale (Elmer est drapier tandis qu’elle est fille de fermiers), l’espoir de sortir du foyer familial limité, et l’attention qu’ils leur accordent. Elmer invite Marie-Louise au cinéma, et finalement, de ce micro événement découlent les noces. L’avenir des jeunes filles dans l’Irlande rurale de cette première moitié du XXème siècle porte peu à rêver. 
Or, il advient rapidement évident que les deux époux se ne correspondent pas, n’ont rien à se dire ; l’ennui et le malaise s’installent ; l’époux est de plus affublé de deux soeurs vieilles filles et fielleuses qui s’appliquent à détester la nouvelle venue dans la boutique et maison familiale.
Marie-Louise se protège comme elle peut, elle s’évade psychiquement, se tient le plus loin possible de cette famille, et surtout, renoue avec son cousin Robert, de constitution délicate voire maladive dont elle se souvient avoir été entichée, enfant. Il est doux, raffiné, il aime observer la nature, lire Tourgueniev, se promener dans le vieux cimetière fleuri derrière chez lui ; il lui avoue l’avoir aimée, lui avoue l’avoir vu convoler avec regret. Tant de douceur, de beauté, de réelle connexion, soulèvent Marie-Louise au-dessus du terre-à-terre morne de son existence étriquée. Sans le savoir, elle se met à l’aimer aussi. Mais contrairement à Emma Bovary, elle ne fantasme pas son amour, elle l’éprouve vraiment. Comme Bess dans Breaking The Waves qui avait un talent pour “croire”, Marie-Louise se révèle extrêmement douée pour “aimer”. Un amour qui, tragiquement, dit son nom au moment de la mort prématurée de Robert, et qui la pousse dès lors à l’honorer de toutes les manières possibles, ce qui l’amène aux confins de la folie pour tous ceux qui n’ont pas compris son histoire -le reste du monde-.
Elle sublime alors son destin tragique, par sa chapelle intérieure, toute entière dévouée à son amour, illuminée de mille chandelles, étincelantes d’une force de caractère inouïe et d’une capacité à croire aux retrouvailles dans la mort toute mystique. Marie-Louise devient une héroïne rebelle, une Jeanne d’Arc de l’amour (qui l’avait passionnée, enfant), une résistante face à l’âpre banalité et médiocrité de son entourage. Au lieu de  se contenter de la plaindre, on l’admire alors, grâce au tour de force de l’écrivain.

En lisant En lisant Tourgueniev

… j’ai pensé à la fois à Emma Bovary et à Bess, l’héroïne de Breaking the waves, le film de Lars Von Trier qui m’avait tant marquée. Contradictoire ? Pas tellement.

Comme Emma Bovary, Marie-Louise, l’héroine du roman de William Trevor, fait un mauvais mariage. Elmer, son époux, a d’ailleurs de nombreux traits en commun avec Charles Bovary : besogneux, peu vif, plein de bonté mais médiocre, suintant l’ennui. Elles épousent toutes deux ce type d’hommes pour les mêmes raisons : le vague espoir de promotion sociale (Elmer est drapier tandis qu’elle est fille de fermiers), l’espoir de sortir du foyer familial limité, et l’attention qu’ils leur accordent. Elmer invite Marie-Louise au cinéma, et finalement, de ce micro événement découlent les noces. L’avenir des jeunes filles dans l’Irlande rurale de cette première moitié du XXème siècle porte peu à rêver.

Or, il advient rapidement évident que les deux époux se ne correspondent pas, n’ont rien à se dire ; l’ennui et le malaise s’installent ; l’époux est de plus affublé de deux soeurs vieilles filles et fielleuses qui s’appliquent à détester la nouvelle venue dans la boutique et maison familiale.

Marie-Louise se protège comme elle peut, elle s’évade psychiquement, se tient le plus loin possible de cette famille, et surtout, renoue avec son cousin Robert, de constitution délicate voire maladive dont elle se souvient avoir été entichée, enfant. Il est doux, raffiné, il aime observer la nature, lire Tourgueniev, se promener dans le vieux cimetière fleuri derrière chez lui ; il lui avoue l’avoir aimée, lui avoue l’avoir vu convoler avec regret. Tant de douceur, de beauté, de réelle connexion, soulèvent Marie-Louise au-dessus du terre-à-terre morne de son existence étriquée. Sans le savoir, elle se met à l’aimer aussi. Mais contrairement à Emma Bovary, elle ne fantasme pas son amour, elle l’éprouve vraiment. Comme Bess dans Breaking The Waves qui avait un talent pour “croire”, Marie-Louise se révèle extrêmement douée pour “aimer”. Un amour qui, tragiquement, dit son nom au moment de la mort prématurée de Robert, et qui la pousse dès lors à l’honorer de toutes les manières possibles, ce qui l’amène aux confins de la folie pour tous ceux qui n’ont pas compris son histoire -le reste du monde-.

Elle sublime alors son destin tragique, par sa chapelle intérieure, toute entière dévouée à son amour, illuminée de mille chandelles, étincelantes d’une force de caractère inouïe et d’une capacité à croire aux retrouvailles dans la mort toute mystique. Marie-Louise devient une héroïne rebelle, une Jeanne d’Arc de l’amour (qui l’avait passionnée, enfant), une résistante face à l’âpre banalité et médiocrité de son entourage. Au lieu de se contenter de la plaindre, on l’admire alors, grâce au tour de force de l’écrivain.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mmepastel 1077 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine