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30 euros par mois ou les nuances de honte. made in bangladesh. ou ailleurs.

Publié le 10 mai 2013 par Fashionmama @lafashionmama
Crédit photo MUNIR UZ ZAMAN/AFP
Crédit photo MUNIR UZ ZAMAN/AFP

Un billet pas content. Je sais, ça change.

J’ai envie de pousser un énorme coup de gueule. Contre ce que nous devenons : les acteurs responsables d’une économie qui part en cacahuètes. Quand nous nous habituons à fermer les yeux sur les conditions inhumaines de travail (ou d’esclavagisme? n’ayons pas peur des mots) sous prétexte de nous habiller pas cher et en abondance, j’ai envie de hurler.

J’ai regardé brièvement hier l’émission C dans l’air et j’ai aperçu une jolie femme, l’air à priori pas idiote, bien éduquée, dire : "je sais que c’est pas bien, mais ce qui compte pour moi, c’est le prix". Elle est honnête, c’est tout en son honneur. Elle pense tout haut ce que beaucoup d’entre nous pensent tout bas. Jusqu’à quand peut-on prétendre que ça ne nous regarde pas? jusqu’à quel point pouvons-nous nous mettre des oeillères et au nom du libéralisme dicatorial, cautionner des horreurs où des gens à priori constitués comme nous, de la même chair, des mêmes besoins de base, peuvent suer pendant 10 h de suite, 6 jours sur 7, et risquer de mourir suffoqués parce qu’on se fiche royalement de leurs conditions de sécurité, et ce pour TRENTE MALHEUREUX EUROS par mois? Au nom de quoi? Je refuse catégoriquement cette vision du libéralisme, extrême, égoïste, esclavagiste, inhumaine, honteuse. J’ai honte du contenu de mes étiquettes. J’ai honte des conditions dans lesquels sont produites mes it-bags, mon it-Tshirt. Si la mode aujourd’hui c’est ça, je n’en veux pas. Sommes-nous devenus insensibles à l’horreur, à la misère? Ne sommes-nous plus capables de compassion et d’éthique? Notre sens des valeurs s’est-il perdu quelque part entre le néo-libéralisme, les fashion-week et la crise économique?

Nous sommes responsables, mais sommes nous coupables? Une fois que nous savons, et que nous fermons les yeux et les oreilles de notre conscience, alors oui nous le sommes. Et pourquoi? Quelles raisons avons-nous de consentir, même tacitement, à de tels sacrifices ?

Il est des guerres pour lesquelles les sacrifices se font et qui malgré toutes leurs horreurs, ont un sens. Elles amènent une moralité à l’histoire. Il s’agissait de combats pour la liberté, la démocratie, l’égalité, contre l’obscurantisme, pour une vérité, une conviction. Alors sommes-nous en guerre? Quel sens à cette guerre pour légitmer de tels sacrifices? Ceux de l’accès pour tous au textile hype et bon marché? Il est là notre combat? Que chaque femme puisse s’offrir décemment 10 T-shirts par mois à prix dérisoire, pour avoir elle aussi son bout de tendance, son bout de rêve ?

Je sais aussi que le boycott ne les aidera pas, que soit-disant ils perdront de précieux revenus qui les empêchent de tomber dans la famine. Que si on n’achète plus chez eux, que si leurs conditions de travail deviennent plus "onéreuses", que les moins scrupuleux, ceux qui aiment aveugler leur conscience humaniste, ceux qui n’ont pas peur de se regarder dans le miroir et d’y voir du sang sur leurs mains, iront exploiter la misère humaine ailleurs. Je sais bien que je n’ai pas le pouvoir de changer le monde. Ni toi. Je peux par contre décider de faire suffisament de bruit pour qu’on arrête les conneries et qu’on puisse mettre de vraies réglementations, un peu partout.

De toutes les guerres que l’humanité a connues, de tous les combats que nous avons mené, de toutes les causes que nous avons défendues, nous sommes dans une des plus viles et malsaines configurations….je déteste l’idée d’y être mêlée.

Maintenant nous savons. J’ai lu dans un très bel article ue la presse féminine n’en parlait quasi pas. Je sais que mon DailyElle l’a fait. J’ai lu que les bloggueuses "fashion" ne l’ont pas fait. Je le fais. J’espère que d’autres le feront.

Ne devenons pas coupables. Cela n’en vaut vraiment pas la peine.



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