33 personnes en Arabie Saoudite, Qatar, Jordanie, Royaume-Uni, Emirats Arabes Unis et un premier patient en France ont, à ce jour, été diagnostiquées avec une infection causée par le nouveau coronavirus NCoV, identifié à l’été 2012 au Qatar. Un nouveau coronavirus différent de tous ceux déjà isolés chez l’Homme et qui ressemble étrangement au virus SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). En quelques mois, si de nombreux chercheurs avancent peu à peu dans la connaissance de NCoV, si on le sait proche des coronavirus trouvé chez les chauves-souris, à transmission interhumaine et nosocomiale, aucun traitement n’est encore validé pour l’Homme et l’on ne dispose que de peu d’informations sur sa transmission, sa pathogenèse et sa transmissibilité.
Quels signes cliniques ? Des chercheurs du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID –NIH) ont mis au point un modèle macaque rhésus de l’infection qui va permettre de mieux comprendre comment NCoV infecte ses victimes. Leurs premières conclusions viennent d’être publiées dans le New England Journal of Medicine. Ainsi, 6 macaques rhésus âgés de 6 à 12 ans ont été inoculés avec le virus par combinaison intratrachéale, intranasale, orale et oculaire, suivant un protocole établi. Les premiers signes cliniques de la maladie apparaissent dans les 24 heures suivant l’infection. Ces signes comprennent une diminution de l’appétit, une température élevée, une augmentation du rythme respiratoire, de la toux, des frissons et une posture voûtée. Ces signes sont transitoires et durent pendant quelques jours et peuvent encore être confondus avec ceux d’autres pathologies. Seul indice, lorsque es signes apparaissent après un déplacement en zone à risque…
Une première preuve claire de la transmission interhumaine : 3 des cas confirmés d’infection par NCoV ont été identifiés au Royaume-Uni au sein d’une même famille. Le premier patient diagnostiqué revenait de voyage du Pakistan et d’Arabie Saoudite puis 2 autres patients de la même famille qui n’avaient pas voyagé dans des zones à risque ont été diagnostiqués avec l’infection au nouveau coronavirus. Ces cas groupés apportent la première preuve claire de la transmission interhumaine. Mais l’association de cette épidémie avec un établissement de soins de santé suggère également la transmission nosocomiale, en particulier chez des patients à susceptibilité accrue à l’infection en raison d’autres comorbidités.
Y a-t-il un test de laboratoire? Des tests de laboratoire par Polymerase Chain Reaction (PCR) sont disponibles dans certains laboratoires internationaux et ceux des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Des tests sérologiques sont encore en cours de développement en recherche de la réponse sérologique à différentes protéines virales et à la cinétique de la réponse des anticorps.
Y-a-t-il un traitement ? Les US National Institutes of Health (NIH) ont montré que la combinaison de 2 médicaments antiviraux, la ribavirine et l’interféron-alpha-2b, peut inhiber la réplication du virus dans les cultures cellulaires. Mais à ce jour, on ignore quel traitement peut être efficace sur l’Homme.
Quels sont les axes de recherche en cours ? Des travaux sont en cours sur l’identification des sites de liaison du virus, sur le potentiel pathogène de nCoV dans les tissus des voies respiratoires humaines, sur la pathogenèse, sur sa transmissibilité. Des essais de médicaments antiviraux et de vaccins candidats sont également encours, tout comme des études génétiques d’isolats viraux pour mieux comprendre l’évolution du virus, sa relation avec les autres coronavirus et identifier les mutations intervenues dans le génome viral.
Quel réservoir ? Les preuves suggèrent que le virus peut avoir son origine dans les chauves-souris : C’est le chercheur Ron Fouchier de l’Erasmus Medical Center (Pays-Bas), -déjà à l’origine du développement d’un supervirus de la grippe aviaire H5N1-. Sa recherche, publiée dans l’édition du 20 novembre de Mbio ®, l’apparente aux virus trouvés dans les chauves-souris. Cependant on ignore encore les hôtes intermédiaires qui peuvent parfois jouer un rôle important dans la transmission à l’homme. Par conséquent, les travaux visant à identifier la source, l’exposition et le mode de transmission se poursuivent.
Vigilance et surveillance accrues sont de mise au sein de la zone touchée et mais aussi dans le reste du monde. En particulier, l’OMS a demandé un signalement dans les 24 heures des cas confirmés et probables.
Sources : OMS (Visuel),
New England Journal of Medicine DOI: 10.1056/NEJMc1215691 April 3, 2013 Novel Human Coronavirus Causes Pneumonia in a Macaque Model Resembling Human Disease.
CDC Update: Severe Respiratory Illness Associated with a Novel Coronavirus — Worldwide, 2012–2013
The Health Protection Agency (HPA) Evidence of person-to-person transmission within a family cluster of novel coronavirus infections, United Kingdom, February 2013
Nature- Scientific Reports 2013, doi: 10.1038/srep01686 Inhibition of novel human coronavirus-EMC replication by a combination of interferon-alpha2b and ribavirin.
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