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Graffiti de l'homme à la pipe sur le palais Loredan

Publié le 11 mai 2013 par Maitecasa
Graffiti de l'homme à la pipe sur le palais Loredan
Du bon vieux Biagio, on savait seulement qu'il avait été pêcheur quand il était jeune. Personne ne connaissait même son nom de famille. C'était "Biagio" et c'est tout. C'était un vrai brave homme, bien aimé de tous, et pendant les quelques moments de loisir qu'il s'accordait, il aimait à rester le long de la rive en fumant sa longue pipe, aussi vieille que lui. Un soir, il s'était attardé sur les quais déserts. Dans l'obscurité, seules quelques gondoles passaient sur le grand canal. Tout d'un coup, sous l'une d'elles, inexplicablement l'eau devint lumineuse, d'une lumière rouge, violette, menaçante. Une espèce de gorge se forma sous la barque, en peu d'instants, la tenant comme suspendue, la secouant au point de faire perdre l'équilibre à son rameur qui s'enfuit terrorisé à la nage. Deux énormes bras noirs, aux mains munies de griffes sortirent alors de l'eau et arrachèrent sa "felze". Biagio aperçut alors deux fillettes, enlacées juste avant que les deux mains s'en saisissent puis une énorme tête avec deux cornes surgit du canal. Une des fillettes hurlait de terreur, l'autre restait silencieuse, peut-être était-elle évanouie. Les traits du monstre, ses cornes, ses yeux rouges, ses énormes ailes de chauve souris, hautes comme un campanile qui pointaient derrière cet épouvantable masque ricanant ne laissaient aucun doute : c'était Satan en personne. On sut ensuite que les deux fillettes étaient de la famille Gradenigo . D'un geste presque ridicule, Biagio avait lancé contre la terrible créature sa pipe. Ayant fait quelques mètres, la pipe s'engouffra doucement dans les eaux. Et les cris que poussèrent le vieux furent terribles : "Laisse-le ! Prends moi à leur place !". Il ouvrit ses bras dans un geste de totale disponibilité. Le démon sembla surpris de tant d'impudence. Il tordit un peu la tête et ses yeux fixèrent rapidement cet étrange exemplaire d'homme, dans cet étrange position. Il décida qu'il pouvait alors même s'amuser : "Qui es-tu ? Un nouveau Christ en croix ?…Mais tes bras ne pourront jamais embrasser le monde entier. Je te prendrai à leur place (dit-il en désignant les fillettes qu'il tenait dans ses griffes) seulement quand tes bras pourront entourer le monde entier". A peine le temps de formuler cette demande que les bras de Biagio se détachèrent de son corps, sans douleur, et s'envolèrent dans des directions opposées, suivis d'une armée de chérubins qui essaimaient autour d'eux.Le diable resta bouche bée et dut libérer les deux enfants .

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