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Le souffre-douleur montréalais

Publié le 12 mai 2013 par Jclauded
La démission du maire de Montréal Gérald Tremblay fut émotionnelle et difficile pour lui. Plusieurs témoins à la Commission d’enquête Charbonneau avaient entaché indélébilement sa réputation au point qu’une bonne partie de la population était devenue embarrassée de le voir à la tête de la ville.
Le gouvernement du Québec, qui aime suivre le vent, se transforma en arnaqueur de la démocratie montréalaise et l’encouragea à renier les responsabilités que le peuple de Montréal lui avait confiées. Cet homme émotif, toujours accessible et réceptif, fut touché droit au cœur par le manque de soutien du gouvernement. À contrecœur, il tira sa révérence et sortit la tête basse de la vie publique, alors qu’il méritait de la tenir haute jusqu’à la fin de son mandat.
Gérald Tremblay arriva à la mairie de Montréal au moment où la ville avait à faire face aux plus grands défis structurels de son histoire. Même plus importants que ceux de l’ex-maire Jean Drapeau qui avait réussi à faire abolir les classes de conseillers municipaux A, B et C dans les années ’60.
Les 28 municipalités de l’île de Montréal s’apprêtaient à s’unir en une ville. Tremblay travailla ardemment pour cet objectif qui fut atteint. La structure organisationnelle de Montréal devait être refaite et un travail gigantesque, herculéen et d’une grande complexité attendait le nouveau maire.
En plus, Tremblay devait bien étudier, analyser des documents et des projets en vue de réunions du comité exécutif, du conseil municipal, de la mairie de l’arrondissement Ville-Marie (où il était aussi maire) et de l’agglomération montréalaise. À celles-ci s’additionnaient de multiples rencontres et des participations à des évènements de toutes sortes, locaux, provinciaux, nationaux et internationaux, où il représentait les Montréalais. Il devait aussi recevoir à l’hôtel de ville tous les personnages importants qui se présentaient à la mairie pour offrir leurs hommages, où en recevoir, et signer le livre d’or, tels : chefs d’états, ambassadeurs, consuls, équipes sportives, artistes, hommes et femmes politiques, etc… Il devait être à l’écoute des doléances particulières d’investisseurs, de promoteurs, de chefs d’entreprises, de syndiqués, et encore... Cette liste, non-exhaustive, démontre le grand nombre d’activités du maire de Montréal qui lui requièrent beaucoup de temps.
Alors que la ville unifiée prenait enfin ses premiers ébats sérieux, voilà que deux ans plus tard le gouvernement vota une nouvelle loi donnant aux villes fusionnées la possibilité de se dé-fusionner. Quinze choisirent de partir. Montréal dut alors être réorganisée et le maire Tremblay se remit à la tâche pour repenser la nouvelle structure, la définir et la mettre en marche. Encore une fois du très gros boulot.
À sa première élection, le maire Tremblay créa un parti politique Union-Montréal, une coalition hétéroclite de politiciens des banlieues dont le maire de St-Léonard, Frank Zampino, comptable agréé. À ce moment-là, dans plusieurs milieux, on doutait de la probité de l’administration de St-Léonard.
Homme d’équipe, le maire Tremblay, reconnaissant l’immense travail qui s’annonçait, décida que le prochain président de l’exécutif, son comité et le directeur général de la ville, se verraient confier les responsabilités de bien gérer la machine administrative de la ville de Montréal.
Homme d’une valeur exceptionnelle et d’une honnêteté légendaire, avocat à 20 ans, MBA d’Harvard Business School, professeur aux HEC, ex-président de la SDI, ex-député d’Outremont, ex-ministre de l’industrie du Commerce et de la Technologie, membre d’importants conseils d’administration dont l’Hydro-Québec et la Caisse de Dépôts et de Placements du Québec, homme dévoué à aider les jeunes promoteurs et leurs entreprises, nouveau maire de Montréal, Gérald Tremblay avait à choisir le nouveau président de l’exécutif et les membres de ce comité.
Aveuglé par on ne sait quoi, au point de ne pas être alerté par les rumeurs d’actions louches qui émanaient de l’administration Frank Zampino de la ville de Saint-Léonard et de l’entourage de celui-ci, Gérald Tremblay mit toute sa confiance dans ce dernier et le nomma au poste-clef de président. Ce fut là son erreur.
Depuis qu’il a quitté la ville, il mérite mieux que les blâmes que j’entends et le cynisme que je perçois de la part de trop de ses anciens commettants. Durant sa gouverne, nonobstant tous les scandales qui l’affligent et qui pointent vers Zampino et sa gang, la ville de Montréal s’est agrandie et a été transformée pour le mieux, dans d’innombrables domaines.
A son départ, il a affirmé : « Je ne vous ai jamais trahis ». Je le crois et je suis persuadé qu’avec le temps, les Montréalais et les Montréalaises reconnaîtront son mérite, particulièrement, au mois de juin prochain, lors de la tenue du Grand Prix du Canada à Montréal, évènement, parmi d’autres, qu’il a su récupérer pour sa ville.
Claude Dupras

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