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La France délabrée ?

Publié le 14 mai 2013 par Rolandbosquet

France

   Entendu récemment, au cours d’une réunion locale, les jeunes adhérents d’un parti actuellement au pouvoir se plaindre de l’état de délabrement dans lequel, nous, les anciens, leur laisserions la France. Un air vicié, des eaux polluées, un chômage endémique, un déficit abyssal… C’est plus ou moins vrai. Mais l’inventaire ne s’arrête pas là ! Moi, quand je suis né, après la guerre, (1939/1945) tout était à reconstruire. Les routes, les ponts, l’agriculture, l’industrie et les villes et les villages de ma région de Normandie détruits par les bombardements alliés. Sans compter les plaies aux personnes et aux esprits laissées par la guerre, les déportations et leurs millions de morts. Alors, nous avons retroussé nos manches et nous avons travaillé. Et plus de 35 heures par semaine ! Nous avons reconstruit les ponts et les routes et nous avons même ajouté un joli réseau d’autoroutes. Nous avons édifié de nouveaux hôpitaux et un système de santé qui n’est pas si mauvais après tout. Nous avons reconstruit les lignes de chemin de fer et nous avons ajouté des trains à grande vitesse. Édifié des aéroports, la compagnie aérienne qui allait avec et un constructeur d’avions qui tient sa place dans le monde. Bâti des écoles et agrandi des universités qui ne sont pas parmi les plus mauvaises. Nous avons certes formé des énarques et des polytechniciens mais aussi des ingénieurs, des médecins et des chercheurs qui ne sont pas les plus ignorants de la planète. Et conduit jusqu’au bac près de 80% de nos enfants quand nous n’étions que 17% à leur âge (Hervé Le Bras et Emmanuel Todd in "Le mystère français"). Nous avons même été la première génération depuis au moins deux mille ans à ne pas les envoyer faire la guerre pour défendre notre territoire ou pour en conquérir un autre. Nous avons par contre concrétisé d’autres rêves comme la maîtrise de l’espace ou la création d’une union européenne. Traçant en cela un chemin pour l’avenir qui ne me paraît pas plus sombre que celui que nous avons-nous-même connu ou qu’ont connu nos anciens des années 1910 ou 1930. Et tout cela sans oublier nos propres parents et amélioré leur sort pour qu’ils puissent mieux accéder aux soins et à la culture et vivre plus dignement que les leurs. Alors c’est vrai. Nous avons emprunté pour réaliser tout cela et envoyer malgré tout nos enfants en vacances à la mer et à la montagne quand nous passions les nôtres dans des quartiers bâtis à la hâte en périphérie des villes pour parer au plus pressé ou à travailler à la ferme. Alors je leur dis comme disait le père à qui son fils faisait reproche de l’avoir négligé : « J’ai fait ce que j’ai pu avec mes petits moyens. On n’y peut rien changer. A toi, à présent, de faire ce que tu peux. Mais surtout, veilles bien, toi aussi, à faire tout ce que tu peux. »

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