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Ça sent le « Sapin » pour Moscovici

Publié le 15 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

Tir de barrage de Fabius et de Royal contre « Bercy ». L’hallali semble sonnée, les prétendants se positionnent. Le nom de Sapin revient souvent.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Ça sent le « Sapin » pour Moscovici

Depuis le dernier couac entre Montebourg et Moscovici, les critiques de plusieurs ténors du Parti socialiste fusent à propos du ministère des finances. Les jours de l'actuel locataire de Bercy semblent comptés. Lu ici :

«J’ai dirigé Bercy dans le passé et c’est vrai que Bercy a besoin d’un patron. Là vous avez plusieurs patrons et quelle que soit la qualité des hommes et des femmes et leur degré d’entente, je pense qu’une coordination plus forte serait utile», a déclaré ce matin sur RTL Laurent Fabius. Le poids lourd du gouvernement a également taclé : «C’est quelque chose qui est maintenant partagé par tout le monde donc j’imagine que s’il y a un remaniement, probablement avant la fin du quinquennat, et bien cette question sera traitée.» Ségolène Royal en a rajouté une couche ce mardi sur BFM TV, expliquant qu’elle en avait marre des «bagarres entre ministres» et que «ça manquait un peu d’ordre».

Ces critiques ne sont pas neuves parmi les observateurs mais c’est la première fois qu’elles sont assumées ainsi par des ténors socialistes. L’interview de François Hollande à Paris-Match la semaine dernière, dans laquelle il évoque pour la première fois l’hypothèse d’un «remaniement» a probablement libéré la parole. Si Bercy compte 7 ministres, le chef de l’État aura probablement à choisir entre Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici, tenants de deux lignes politiques diamétralement opposées. À moins qu’il ne choisisse un troisième homme. Au petit jeu des pronostics, c’est souvent le nom de Michel Sapin, l’actuel ministre du Travail, qui revient. Ou encore celui de Pascal Lamy, l’ex-patron de l’OMC.

Le nom de Sapin revient souvent dans les conversations des « milieux autorisés ». Il faut dire que l’actuel ministre de l’emploi, du travail et de la formation professionnelle a des atouts dans son jeu. De la même promotion « Voltaire » de l’ENA que le chef de l’État, il a déjà connu le poste de Ministre de l’Économie et des Finances dans des conditions difficiles sous Beregovoy, certes un an seulement et sous la houlette de son prédécesseur, mais sans bavure. Néanmoins, le buzz actuel autour de son nom sent un petit peu trop « l’organisé » et gageons que son épouse, journaliste influente des Échos, n’y est pas complètement étrangère.

Pour notre part, nous parierons plus sur Lamy. Tout auréolé de son image de grand fonctionnaire international, il nous sera vendu comme maîtrisant parfaitement l’anglais (avec Ayrault qui parle allemand, ça fera la pair…le) et crédible auprès des instances internationales avec lesquelles il devra négocier. Ancien  conseiller de Delors à Bercy, il en fut son directeur de cabinet à Bruxelles avant d’aller au G7 puis de devenir commissaire européen et enfin directeur général de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Il a le parfait profil du technocrate socio-libéral « bien sous tous rapports », pro européen fédéraliste à souhait. Vous verrez que toute la presse encensera ce « grand commis de l’État », « maîtrisant parfaitement ses dossiers » et « apportant une stabilité et une stature » à la tête de l’économie et des finances de la France. Il chapeautera un ministère resserré, trois ou quatre ministres au lieu de sept actuellement. À tous coups, notre « bouffon » national quittera le redressement productif dont nous n’entendrons plus parler et qui redeviendra très prosaïquement l’économie ou le développement économique. Montebourg et Lamy ont quelques difficultés à rester longtemps dans la même pièce sans que ça se termine en pugilat. En revanche, Hollande ayant besoin du soutien interne au PS de Montebourg, il est probable que celui-ci restera ministre. Le Président ne peut pas prendre le risque de le voir rejoindre Mélenchon.

Et le grand perdant de la farce risque bien d’être Moscovici. En tous cas tout, cela risque fort de ressembler à du grand cirque, le pouvoir économique et financier se situant maintenant à Bruxelles et non plus à Bercy.

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