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Une Vie

Publié le 18 avril 2008 par Madame Charlotte

Une Vie, MaupassantAuteur: Maupassant
1ère édition : 1883
Ma note :

Jeanne est une jeune fille naïve et sans expérience de la vie à qui, volontairement, on a tout caché pour la protéger. Lorsqu’elle rencontre Julien, c’est l’amour fou, ils ne tardent pas à se marier. Jeanne découvre alors la vie amoureuse: ses mystères mais surtout, ses désillusions.

Un récit qui n’a rien d’antique ou de dépassé. Certaines problématiques actuelles s’y reflètent agréablement: éducation sexuelle, trahisons amoureuses, relation mère-enfant… Et, à cette couche très contemporaine, s’ajoute un regard historique et très critique sur la condition de la femme au XIXème.

Le roman est doté d’un indéniable pessimisme que les amoureux avertis tendront cependant à nommer “réalisme”.

Extrait

Jeanne et Julien sont en Corse pour leur voyage de noces. Ils sont seuls, dans une nature sauvage, près d’une source naturelle.

[…] Et comme elle savourait la fraîcheur de l’eau, il lui prit la taille et tâcha de lui voler sa place au bout du conduit de bois. Elle résista; leurs lèvres se battaient, se rencontraient, se repoussaient. Dans les hasards de la lutte, ils saisissaient tour à tour la mince extrémité du tube et la mordaient pour ne point la lâcher. Et le filet d’eau froide, repris et quitté sans cesse, se brisait et se renouait, éclaboussait les visages, les cous, les habits, les mains. Des gouttelettes pareilles à des perles luisaient dans leurs cheveux. Et des baisers coulaient dans le courant.

Soudaine Jeanne eut une inspiration d’amour. Elle emplit sa bouche du clair liquide, et, les joues gonflées comme des outres, fit comprendre à Julien que, lèvre à lèvre, elle voulait le désaltérer.

Il tendit sa gorge, souriant, la tête en arrière, les bras ouverts, et il but d’un trait à cette source de chair vive qui lui versa dans les entrailles un désir enflammé.

Jeanne s’appuyait sur lui avec une tendresse inusitée; son coeur palpitait; ses seins se soulevaient; ses yeux semblaient amollis, trempés d’eau. Elle murmura tout bas : “Julien… je t’aime!” et, l’attirant à son tour, elle se renversa et cacha dans ses mains son visage empourpré de honte.

Il s’abattit sur elle, l’étreignant avec emportement. Elle haletait dans une attente énervée; et tout à coup elle poussa un cri, frappée, comme de la foudre, par la sensation qu’elle appelait. […]


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