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La foire aux Vanités

Publié le 16 avril 2008 par Madame Charlotte

Couverture la foire aux vanitésAuteur: William Makepeace Thackeray
Titre original : Vanity Fair
1ère édition : 1846-1847 (roman feuilleton)
Ma note :

Quatrième de couverture : Il s’agit de l’un des plus grands classiques du roman anglais. Le XIXe siècle britannique est divisé entre Dickens et Thackeray comme le nôtre entre Balzac et Stendhal. Thackeray (1811-1863) est l’égal de Stendhal et La Foire aux Vanités (1848), son chefs-d’œuvre. Il y utilise un style humoristique ou ironiquement épique pour donner l’un des plus grands romans de satire sociale en langue anglaise. La thèse fondamentale du livre est que, dans la société occidentale, le seul moyen d’arriver, si l’on est sans naissance ni fortune, est de violer tous les principes moraux que la société fait semblant de respecter. La question qu’il pose donc est : qui faut-il blâmer, ces aventuriers, ou le système qui les rend nécessaires ? Le personnage principal est une femme hypocrite, ambitieuse et sans scrupules : on assiste à son ascension au sommet de la société et à sa chute. Autour d’elle s’agite, dans une immense fresque, la ” Foire aux Vanités “.

Critique :

Marionnettes, voilà comment Thackeray présente ses personnages dès les premières lignes de ce livre épais qu’est La foire aux Vanités. Ce roman étale devant nos yeux une galerie riche en personnages ; sans héros prédéfini, le metteur en scène dirige les lumières de ses projecteurs d’un protagoniste à l’autre, sans jamais s’arrêter trop longtemps au même endroit. Au centre de ce roman, cinq jeunes gens aux prises avec la société mondaine. Thackeray nous décrit par petites touches l’Angleterre de 1815 ; ici, pas de grands personnages historiques, peu de grandes batailles ni de grands évènements ; juste des bouts de vie qui basculent, au fil des guerres, des spéculations et des promotions sociales. En ce sens, j’ai un peu pensé à Stendhal et à son “petit fait vrai” bien plus à même de retranscrire le climat d’une époque que la description de grands faits historiques. Comme lui, Thackeray écrit sans grand recul sur son propre temps, et les évènements majeurs de l’Histoire anglaise sont relégués au second plan, deviennent, par de simples allusions, de simples éléments du décor. A travers ce livre, ce que l’auteur appelle la “Foire aux Vanités apparaît dans son inquiétante ampleur, dans une immense fresque de cette première moitié du XIXème siècle.

Cette société, Thackeray la fustige, parfois férocement, souvent avec humour. Ce qui m’a beaucoup marquée dans cette lecture, c’est le ton utilisé par le narrateur, qui ne cesse de se jouer de ses pantins, avec un réel sens de la formule et une ironie dévastatrice. Le monde que nous esquisse l’auteur est un monde sans pitié, baignant dans le vice mais refusant d’entendre son nom, où tout n’est qu’hypocrisie et simulation. Sorte de Julien Sorel au féminin, Becky intrigue et planifie sa vie en fin stragège, en se disant à elle-même : “Il n’est pas bien difficile de faire la grande dame dans un château, […] je pourrais être une femme vertueuse si j’avais cinq mille livres sterlings de revenu.” J’ajouterais à cela que le narrateur garde souvent une certaine distance par rapport à son récit et à ses personnages, il ne se départ presque jamais de son rôle de montreur de marionnettes, et joue avec désinvolture avec ses personnages et son lecteur. Commençant d’ailleurs à lire un roman de son contemporain, Dickens, je suis très surprise du décalage entre ces deux auteurs : là où Thackeray nous conte son histoire avec humour et recul, Dickens mise beaucoup plus sur le pathos pur et dur.

La Foire aux Vanités est donc un livre imposant qui m’a d’abord un peu effrayée mais je suis heureuse de m’être ravisée et d’avoir découvert ce classique de la littérature anglaise, qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout et m’a donné l’occasion de rire et de réfléchir sur la société ; celle d’autrefois comme celle d’aujourd’hui. En effet, quoi que l’on puisse croire, ce roman publié en 1848 conserve une certaine fraîcheur et une certaine actualité dans ce qu’il met en scène.

Chers collègues lecteurs, l’épaisseur de ce pavé est, il est vrai, très rebutante, mais c’est un coup à tenter : les chapitres sont courts, l’humour est omniprésent, les personnages bien travaillés, l’intrigue assez prenante.;)


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