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Qu’est-ce qu’un droitiste ?

Publié le 19 mai 2013 par Mister Gdec

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Dans un texte intitulé « Colonialisme et racisme en Algérie », Jean Cohen s’essaie à une déconstruction de l’image de l’« Arabe », fabriquée de toutes pièces par le colonialisme : « Tous ses traits physiques et moraux, témoignent de son essence d’Arabe. Et qu’il ne sache ni lire ni écrire, qu’il parle sabir, qu’il croie à Mahomet, couche par terre, mange du couscous et ne se lave jamais. Et qu’il soit sale, menteur, paresseux, voleur et agressif. Ne vous prenez pas de querelle avec lui, il joue du couteau comme personne. Ne lui confiez pas de tâche difficile. Il n’en a ni le goût ni le don, il vous ferait du “travail arabe” et l’expression est proverbiale. Employez le tout de même aux tâches ingrates, car vous pouvez le payer peu. Sans honte d’ailleurs puisqu’il n’a pas de besoins. D’où vient une telle image ? L’origine n’en est pas difficile à déceler. Elle tient à l’essence même du fait colonial. [...] Cette image de l’indigène, qu’il a fabriquée de toutes pièces, comme une fausse monnaie mais qui aurait cours légal. Une image, ce n’est pas bien méchant. C’est pourtant la pire forme d’oppression que l’homme ait inventée[2] [2] Ibid. , p.  581. ... suite. » (Françoise Gil, La prostituée, une invention sociale)

Après avoir assisté à une déclaration de foi en forme de provocation de la part d’un twittos nommé Sniper de droite qui caricaturait à outrance nos positions, parlant de valeurs de droite,  je me suis dit qu’après tout il pouvait être intéressant, puisque  je me revendique moi-même comme un sniper de gauche, de se livrer au même type d’exercice que celui que vous avez lu plus haut à propos des arabes, mais cette fois quant aux droitistes. Entre parenthèses, cet amoncellement de clichés est à peine exagéré tant il correspond aux propos véhiculés si généreusement par une certaine droite très ordinaire, particulièrement sous le régime enfin disparu du sarkozysme triomphant. Honni soit-il.

Et donc, qu’est-ce pour moi qu’un homme de droite ? D’emblée le sujet est lancé dans sa juste mesure, puisque conformément à leurs belles valeurs, la droite c’est avant tout un homme, et qui plus est bien viril, et certainement pas une femme : le sexisme, à droite,  est roi. (Françoise de Panafieu elle-même dans un reportage que j’ai vu il y a quelques années,  le confirmait). Et puis, les femmes n’ont pas suffisamment d’autorité, une autre "valeur" de droite. Elles risqueraient d’introduire un peu d’imagination et de créativité, voire un peu de  douceur dans ce monde de brutes… Quoique. Ceci n’est pas franchement évident quand on assiste au festival permanent de grossièretés, de médiocrité politique, et de manque de noblesse d’âme auquel nous convie assez  régulièrement une Nadine Morano. La capacité au changement  n’est pas franchement non plus  le propre de la droite, attachée aux valeurs traditionnelles comme une moule à son rocher. D’ailleurs, si la droite devait être représentée par une carte postale, ce serait en effet une image défraîchie d’un village 1900, avec son église romane, sa mairie avec son drapeau tricolore flamboyant flottant au vent, sa place de village typique où de belles familles nombreuses bien habillées à la marmaille bien rangée,  marchant au pas derrière le père de famille, la femme rabattant les brebis égarées,  côtoieraient de paisibles retraités jouant à la pétanque sous la surveillance de gendarmes au sourcil sévère, d’autres militaires en engin motorisé se tenant non loin de là pour accourir au secours de la paix bafouée si besoin en était. Rien que des français de souche, bien sûr, hors de question qu’il y ait là des villageois basanés du plus mauvais effet, burnous inélégant faisant tache dans le paysage bien français… Un curé en soutane sera le bienvenu. Une épicerie avec pour enseigne "Au bon beurre" viendra compléter judicieusement le tableau.

Tous les ingrédients sont à présent réunis en cette après-midi dominicale dans cette belle carte postale qui fleure bon la nostalgie droitière. Travail, famille, patrie, ordre et discipline, tranquillité assurée du bourgeois. Dormez en paix, braves gens, l’État français veille sur vous.

Ah non. J’oubliais. Pour compléter le tableau, il y manque le moteur essentiel de la droite, sa valeur refuge, sa seule raison d’exister dans bien des cas : l’argent, et son accumulation outrancière, quand bien même cela se ferait au détriment de la collectivité humaine, comme on peut le vérifier actuellement. Mais qu’importe les cloportes, pas de sensiblerie déplacée, l’élitisme est de mise, seuls les plus forts doivent survivre par leur évident mérite, chef d’entreprise glorieux en figure de proue de ce navire éminemment capitalistique, totalement incontestable, sauf par des gauchistes arriérés comme nous. Cette valeur transcendantale qui les animent, à droite,  supplante toutes les autres, ainsi qu’ on a pu le constater à l’occasion d’un nombre hallucinant d’affaires politico-économico-judiciaires, après la chute du sarkozysme (enfin, pur bonheur). J’en sais gré à ce gouvernement dit de gauche, qui a permis, au moins, de laisser la justice faire son travail… Même à son propre détriment. Voilà qui méritait d’être souligné, malgré tout le mal que je pense de cette hollandie bien peu conforme à nos aspirations populaires.

Mais je passe à présent la parole à mes ami(e)s blogueurs et gueuses de gauche, qui voudront bien répondre à cette question en apparence si simple : "Qu’est-ce que qui, pour vous, caractérise la droite ?" (je fais exprès de sortir le débat du registre un peu trop personnalisé que je lui ai donné volontairement ici, par pure provocation, afin de titiller ce snipper de droite qui se complait dans les mêmes errements). Je propose donc dans un premier temps cette question à leur sagacité par le biais d’une trilogie bien sentie : Des Pas Perdus, Le Cri du Peuple, et pour faire semblant d’établir un minimum de parité afin de contenter à minima l’irascible Euterpe (qui ne manquera pas de me tomber dessus de toute façon quoi qu’il arrive),   j’ai nommée l’excellentissime, la grande, l’inestimable Monolecte.

Ps. Je m’aperçois après relecture que j’ai oublié un ingrédient dans cette sauce droitière un peu fade et convenue : l’épice de l’assistanat, et le mépris qu’ont peut avoir à droite pour ceux qui n’ont pas une rollex, et ont donc raté leur vie. Les "bénéficiaires de minimas sociaux" sont dans cet Etat de l’hémisphère droit d’intolérables parasites auxquels on devrait forger un caractère plus trempé par le biais du recours au travail forcé, maintes fois prônés par ces gens là. Les chômeurs eux-mêmes ne sont pas dignes de l’aumône mirifique que consent à leur verser l’Etat au détriment des plus méritants contribuables, alors que ce sont incorrigibles feignants qui ne font absolument rien pour chercher du travail, où qui se montrent incroyablement exigeants, comme de vouloir trouver un emploi à une distance raisonnable, à plein temps, et dans leurs cordes… C’est profondément inadmissible pour le droitiste lambda. Si en plus il est arabe…. revenir au préambule de ce billet pour une illustration implacable qui se passe de commentaires.


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