Vendredi 17 mai, c'est sur une grande touche poétique que nous avons entamé ce long weekend de Pentecôte. Nous étions ce soir là, au Café de la Danse pour le showcase privé de la chanteuse LFDV, accompagnée par l'Orchestre National d'Île de France ainsi que Youssoupha, Kery James, LECK, et Lino pour invités.
Avant que le show ne débute, la présence de l'orchestre, peu commune pour un concert de musique "populaire", installe déjà une ambiance particulière. Une ambiance renforcée par la disposition de la salle avec son haut plafond au dessus de la scène, qui donne, par cette élévation, un certain caractère sacré.
Avec William Carnimolla pour styliste, c'est dans cette ambiance majestueuse que la princesse (c'est de cette façon que Youssoupha la désignera plus tard) LFDV, fait son entrée, vêtue d'une grande robe noire en dentelle, lui prêtant cette allure de princesse gothique nouvelle génération.
"Gothique", aurait pu être le mot de la soirée. D'une part, l'élévation du plafond au dessus de la scène qui peut rappeler, entre autres, cette volonté de hauteur de l'architecture gothique et d'autre part, le style de la robe, du maquillage, renvoyant au mouvement culturel gothique apparu au début des années 80. Un mouvement auquel on attache ce côté sombre, mais avec sa part de romantisme, de poésie.
Des éléments que l'ont retrouve beaucoup dans ses chansons, comme "Désillusionnée", qu'elle nous présente non pas comme une chanson d'amour mais "une chanson de désamour".
Cependant, ce serait fort réducteur de l'enfermer dans cette case gothique tant la personne et sa musique sont très éclectiques. En effet, ses influences allant de Skrillex à Serge Gainsbourg, en passant par les Daft Punk, Snoop Dogg ou encore la chanteuse Uffie, on ressent cette ouverture musicale à travers sa douce voix, ses chansons très mélodiques mariées aux sonorités dubstep et ses collaborations avec les rappeurs français. On vous laisse imaginer la puissance supplémentaire apportée par le philharmonique, à tout ce métissage musical.
Tout au long du concert, Laura Leda, de son vrai nom, ne manquera pas d'interagir avec le public pour se présenter, nous expliquer les chansons, raconter des anecdotes autour de celles-ci, etc. Facilitant ainsi la mise en scène, les transitions entre les chansons et favorisant la proximité entre elle, le public et son travail. On pense notamment à sa visite au Musée Rodin où elle a rencontré la fameuse "Porte de l'Enfer", qui mène nulle part et comment est née de là, la chanson "Je ne sais pas" dans laquelle elle raconte comment justement, la porte des enfers s'est ouverte pour elle. Ou encore comment, alors qu'elle était en studio pour préparer son album, Youssoupha avait fait son entrée et avaient alors créé ensemble le titre "La vie est belle" figurant sur le dernier album du Lyriciste Bantou: "Noir D****". Cette entrée dans le studio sera d'ailleurs reprise afin de mettre en scène l'entrée sur scène de Youssoupha pour interpréter ce même titre.
Ce moment sera tout de suite suivi par l’intervention de Kery James, sur le morceau "Des Mots" en featuring avec LFDV, présent sur son album "Dernier MC" sorti le 13 mai dernier. Une chanson qui comporte une courte dédicace au "Prim's Parolier" Youssoupha, qui venait de le précéder et sur laquelle tout le public rejoint les choristes de Laura, pour former un plus grand chœur mené par Kery James même pour chanter la fin du morceau.
Même si ça apporté une certaine nuance sur l'ensemble du show, on regrettera l'absence de l'Orchestre National d'Île de France sur les passages de Youssoupha et de l'ex-membre de la Mafia K1fry (aujourd'hui dissoute), Kery James. Mais à l'image de Youssoupha, l'ONDIF ré-interviendra pour le final sur "Papa ce soir (Remix)" dont le clip est sorti récemment, avec l'apparition, tour à tour, de LECK et Lino qui étaient installés dans le public, tout comme Youss' et Kery avant leurs passages respectifs, et avec malheureusement l'absence de Seth Gueko qui ouvre normalement le bal sur cette grande collaboration et qui assurait ce soir là, son propre concert à Amiens, à l'occasion de son opus "Bad Cowboy" sorti dernièrement.
Ainsi, âgée de seulement 23 ans et après avoir passé deux, trois ans à préparer son album la jeune parisienne nous aura présenté un excellent concert, au top de l'originalité et ayant la particularité d'être le premier de sa carrière. Une première qu'elle a célébré par en buvant une coupe de champagne sur scène, avant d'attaquer sur son piano, le premier morceau: "No life", qui retranscrit comment toute cette aventure a commencé. La fin de sa prestation sera marquée par une grande ovation du public, dans lequel on pouvait retrouver en plus des médias, des personnalités du milieu tels que le producteur Tefa (Kilomaitre Production) qui est à la base de tout ça, Anne-Valérie "Valou" Atlan (fondatrice de Mazava Prod), DJ Battle, le danseur Jonathan Jenvrin, et d'autres encore, ainsi que des proches de l'artiste comme son père qui était installé juste en face d'elle. Une ovation et une attente de rappel, suivi d'une déception général du public lorsqu'il constate ce rappel n'aura pas lieu et que le concert était bien fini, qui laissent présager de bonnes choses pour la suite. En espérant que le grand public lui réserve le même accueil.
Chez Urban Fusions, nous n'avions pas été particulièrement séduits par les quelques musiques de LFDV écoutées avant de nous rendre au concert, mais nous avons été très touchés par cette fibre artistique, cet univers et cette sincérité qu'elle dégage. Étymologiquement la poésie signifie par définition "faire, créer". Ainsi, un(une) poète est un créateur, un inventeur de formes expressives. Ce qui colle parfaitement avec ce que l'on a ressenti à travers elle. On a donc hâte d'écouter le reste de l'album et donc découvrir d'avantage cette touche poétique.
David Muhire La rédaction - Twitter : @urban_fusions - Contacter-nous