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An II: pourquoi les blogueurs politiques doivent résister à la lassitude

Publié le 21 mai 2013 par Juan
An II: pourquoi les blogueurs politiques doivent résister à la lassitude
Le sujet est inépuisable et récurrent. On écrit, on s'interroge, on réagit. Le blog politique est un exercice qui dure et perdure, avec ces aléas. Sa matière parfois s'affaiblit.
Sommes-nous dans un trou d'air, un manque d'inspiration ?
Les soutiens du gouvernement, un an après l'élection de François Hollande, sont éparpillés. Fatigue ou lassitude, déception ou manque d'inspiration, les motivations sont multiples. L'opposition est à peine mieux lotie, car trop éparpillée. Les contraires s'annulent.
Tenir la chronique d'une période reste pourtant un exercice fascinant, parfois davantage que les lignes ou les propos qui s'y rapportent.
L'actuelle séquence est décourageante à de multiples niveaux.

1. Le débat politique est violent, ce qui pourrait être une bonne chose pour mobiliser les énergies. Mais cette violence vient de partout, elle est partout. Elle empêche les alliances, fussent-elles ponctuels. Elles tétanisent les argumentaires. Cette violence est souhaitée, revendiquée par les supporteurs du Front de gauche. Il faut la menace frontiste pour que certains espèrent encore un rassemblement. C'est sans doute trop tard.
2. Le débat politique est futile, trop souvent futile. Prenez les brillantes déclarations des uns et des autres du weekend dernier. Une période propice aux propos "distanciés", aux analyses introspectives. Fallait-il encore parler des énièmes dérapages de Christine Boutin contre le mariage pour tous ? De Jérôme Cahuzac qui "renonce" à se présenter à une élection législative partielle ? Fallait-il supputer encore et encore sur les contours d'un remaniement gouvernemental ?
3. Le débat politique est devenu trop prévisible. Nicolas Sarkozy secouait les lignes avec son agitation, et son grand plaisir mille fois exprimés de "trianguler" ses adversaires, provoquer avec des positions provocatrices. Il serait inapproprié de regretter cet ancien temps qui, avec le recul, paraît si ridicule et contre-productif. La séquence ouverte voici un an est différente. Assez rapidement, l'opposition de gauche à Hollande s'est structurée, fortifiée dans des positions qui n'appellent aucune conciliation. Tout, ou presque, de la conduite politique hollandaise génère des critiques a priori. Que Hollande annonce une réforme des retraites - promise dans son programme - et voici les habituelles accusations de "social-libéralisme" austéritaire qui sont ressorties avant même toute annonce. Le soupçon est tenace. De droite, le Hollande-bashing était tout aussi prévisible.
4. Les résultats d'une politique ne sont jamais immédiats. Pendant des mois, parfois plus, le commentaire politique se limite à la surface, l'anecdote, le buzz, la forme plutôt que le fond.
François Hollande, non sans difficultés, tente d'appliquer son programme. Il y a des échecs que l'on espère provisoires - comme le bras de fer avec le gouvernement Merkel sur la relance en Europe. Il y a des lois qui sont votées, que l'on soutient ou pas, dont la mise en oeuvre demande du temps.
5. La blogosphère politique est plus sensible encore à ces détériorations du débat. Elle ne vit que d'investissement individuel, pour l'essentiel amateur et bénévole. Elle émerge de façon spontanée, motivée par un contexte et/ou des envies personnelle de débattre ou de raconter un autre récit que le dominant.
Après l'élection de 2007, elle était sonnée ou fatiguée. Pendant près de quatre ans, les forces politiques établies ont raté le coche, coincées dans des logiques partisanes trop "monocolor". Les aventures 2.0 du clan Sarkozy, via l'UMP, furent ainsi désastreuses ou sans effet. On se souvient du coûteux fiasco des Créateurs de Possible. L'opposition n'était guère mieux lotie. Même l'exception Coopol du parti socialiste resta en circuit fermé.  Elargie aux réseaux sociaux tels Twitter, la sphère politique internet s'est développée grâce aux possibilités d'alliances spontanées, et de débats contradictoires forts.
Cinq ans plus tard, la situation est bien différente. Le débat politique est bloqué dans sa violence, le milieu politique encastré dans ses caricatures, le temps politique raccourcis aux impatiences du moment ... cet environnement n'est nullement propice à motiver le commentaire politique amateur. Les éditocrates, à l'inverse, se régalent, mais cela prend mal: à la télévision ou la à la radio, ils se ridiculisent, comme Jean-Michel Aphatie dans l'affaire Cahuzac. En presse, les magazines d'actualité se vendent mal. Au début du quinquennat, on pouvait croire à un simple contre-coup de l'élection politique qu'ils subissent. mais la tendance dure. C'est la preuve d'un réel désintérêt. Ces médias auront quelques difficultés à prétendre, comme avant, que c'est la "concurrence d'Internet" qui est la source unique de leurs difficultés du moment.
Il reste donc un espace, si ses participants parviennent à construire de l'échange malgré les désaccords et les postures "d'en haut". Passée cette première année du quinquennat hollandais, certaines "plumes" n'ont pas retrouvé leur équilibre. D'autres si.
A suivre.


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