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La civilisation minoenne viendrait d'Europe

Par Memophis
  La civilisation minoenne viendrait d'Europe © Crédits : Dorieo Une étude génétique révèle que la civilisation minoenne serait originaire d'Europe, et non d'Egypte ou du Proche-Orient comme cela a longtemps été supposé. 
D'où viennent les Minoens, ce mystérieux peuple qui a peuplé la Crète jusqu'en l'an 1400 avant notre ère, avant de disparaître dans des conditions encore mystérieuses (l'éruption du volcan Santorin en serait peut-être l'une des causes), laissant derrière lui les vestiges d'une civilisation parmi les plus raffinées de l'Antiquité ? 
Pendant longtemps, la thèse qui a prévalu était que les Minoens venaient d'Égypte : chassés de cette région il y a quelque 5000 ans à cause d'une invasion venue du Sud de l'Égypte, ils auraient été contraints de migrer vers le nord de la Méditerranée, arrivant alors dans les îles de la Mer Egée, dont la Crète. Une hypothèse avancée au début du siècle dernier par Sir Arthur Evans, auteur de la découverte des palais crétois (dont le célèbre palais de Minos, à Cnossos), en raison de la mise au jour en Crète d'artefacts analogues à ceux produits par les Égyptiens de l'Antiquité. 
Plus récemment, d'autres théories ont vu le jour. L'une d'entre elles avance que les Minoens sont issus de migrations venues d'Afrique du Nord ou du Proche-Orient, mais les éléments archéologiques découverts jusqu'ici n'ont jamais permis d'étayer cette hypothèse. 
La thèse la plus récente postule que toute la région de la mer Égée était à cette époque habitée par un peuple, dit "égéen", qui serait à l'origine de la civilisation minoenne. Toutefois, cette hypothèse n'avait jusqu'ici jamais pu être confirmée. 
Or, une étude génétique menée par George Stamatoyannopoulos, un généticien de l'Université de Washington (Seattle, États-Unis), suggère que la civilisation minoenne descend bel et bien d'un peuple déjà implanté sur place, dans la région de la Mer Egée, et non d'une colonisation venue d'Égypte ou du Proche-Orient. 
Pour parvenir à ce résultat, George Stamatoyannopoulos a analysé l'ADN mitochondrial (pour mémoire, l'ADN mitochondrial se transmet de la mère aux enfants de façon quasiment inchangée, ce qui permet de reconstituer l'ascendance maternelle d'un groupe d'individus) de dents et d'ossements provenant d'une centaine d'individus ayant habité en Crète il y a 4400 ans à 3700 ans. Soit, en d'autres termes, de Minoens... 
Résultat ? Le généticien a identifié chez ces Minoens 15 marqueurs mitochondriaux que l'on retrouve aussi dans le génome de la population européenne moderne, ainsi que dans le génome des populations européennes de l'Age de Bronze et du Néolithique. En revanche, aucun marqueur mitochondrial commun à celui des populations modernes d'Afrique du Nord n'a été retrouvé dans l'ADN des Minoens étudiés par George Stamatoyannopoulos.
Une découverte qui renforce donc de façon décisive l'hypothèse selon laquelle la civilisation minoenne est issue d'une population "égéenne", qui était déjà implantée sur place. Et invalide notamment la théorie de Sir Arthur Evans selon laquelle les Minoens venaient d'Egypte (George Stamatoyannopoulos a d'ailleurs expliqué à la revue Nature que l'une de ses motivations avait précisément été de tester la validité de la thèse de Sir Arthur Evans sur l'origine égyptienne des Minoens, longtemps considérée comme vraie par la communauté scientifique - lire la dépêche publiée sur le site de Nature : "Minoan civilization was made in Europe"). 
Et ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il peut être recoupé avec des découvertes archéologiques effectuées en Crète dans les années 1980, lesquelles avaient révélé que des agriculteurs vivaient en Crète et dans les autres îles de la Mer Egée dès 7000 ans avant notre ère (pour plus d'informations à ce sujet, se reporter notamment aux études "Migrant farmers and the Neolithic colonization of Crete" et "The First Colonization of the Mediterranean Islands: A Review of Recent Research"). Si, à l'époque, il était déjà tentant de supposer l'existence d'un lien entre ces agriculteurs du Néolithique et les Minoens, aucun élément scientifique ou archéologique ne permettait toutefois d'affirmer que les Minoens étaient bel et bien les descendants de ces agriculteurs du Néolithique établis dans les îles de la Mer Egée. Mais avec le résultat de George Stamatoyannopoulos, cette hypothèse vient de prendre un poids considérable... 
Signalons toutefois que l'analyse de l'ADN mitochondrial est une méthode imparfaite, puisqu'elle n'est capable de reproduire qu'une partie de l'ascendance d'un groupe d'individus (lire "La plupart des Européens partagent des ancêtres récents"). C'est pourquoi d'autres études génétiques plus poussées devront donc être menées afin d'approfondir et de préciser le passionnant résultat obtenu par le généticien George Stamatoyannopoulos. 
Ces travaux ont été publiés le 14 mai 2013 dans la revue Nature Communications, sous le titre "A European population in Minoan Bronze Age Crete".

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