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Piques et banderilles à la féria de Nîmes

Publié le 21 mai 2013 par Frontere

Á l’imitation de l’excellente rubrique de Bertrand Saint Vincent Sur invitation qui paraît chaque jour dans Le Figaro, j’ai rédigé ce billet après avoir suivi ces jours-ci diverses manifestations de la féria 2013 à Nîmes. En voici quelques échos.

SANS INVITATION

Á l’Imperator Simon Casas réfléchit à haute voix à une reprise possible de l’opérette Le Prince de Madrid, Roberto Alagna aurait donné son accord pour le doublage, mais Simon cherche encore son Francis Lopez. En attendant il part imiter sur le boulevard Jean-Paul Belmondo dans Un singe en hiver et torée les berlines. Des passants compatissants lui crient : Suerte, d’autres moins au fait de l’art tauromachique se contentent d’un : Olé !

Bob Addrizza, "Bob dit l’âne", figure locale respectée, peste contre les intempéries qui menacent la soirée « Tube des années 80 » où doivent se produire Lio, Jean Schultheis, Émile et Images, Bob Brault (ex. Martin Circus, cf. la vidéo Le matin des magiciens [G.Pisani - P.J. Borowsky]), Nilda Fernandez, etc. Bob fait l’âne pour avoir du son, mais la sono reste muette. Du coup, il raconte qu’il figure au générique du film La Grande java avec Francis Blanche et les Charlots et qu’il ne désespère pas de voir bientôt, je veux mon neveu ! une notice à son nom sur Wikipédia. Puis il prend par le cou la chanteuse Lio et lui glisse à l’oreille : « Pour moi, ma poule, tu ne compteras jamais pour des prunes… »

Pour perdre une dizaine de kilos, le député mariniste Gilbert Collard, coqueluche des manadiers, attablé tout près, raconte au tout-venant qu’il s’est mis au régime Vichy : carottes râpées et boisson gazeuse du même nom. L’avocat, décidément très en verve, voudrait relancer en France la culture du topinambour, ce légume si prisé de nos parents dans les années quarante…

Au Royal Hôtel Sophie Rigon, à l’origine de la manifestation « Un réalisateur dans la ville », chuchote à l’oreille de son ami Jean-Claude Carrière qu’elle a reçu un coup de fil d’outre-Quiévrain de Gérard Depardieu. Mais chut ! Jean-Claude serait en grande conversation avec Jean-Jacques Rousseau… « La vieillesse est un naufrage » a écrit de Gaulle dans ses Mémoires.

L’ancien député démocrate-chrétien Yvan Lachaud (2002-2012) confie à qui veut l’entendre que l’évêché lui aurait proposé d’honorer de sa présence un colloque : « L'élection du pape François, ultime victoire des communistes et de la théologie de la libération? » Ce resté à quai du centrisme aime bien se faire désirer et, toujours aussi chattemite, réserve sa réponse.

Julien Plantier, jeune pousse de la droite locale, délégué aux réseaux sociaux, déambule sur le boulevard. Julien, physique de jeune premier, a l'air de s'ennuyer grave, réfléchit-il à cette maxime lugubre : « Ce que c'est que de nous, tout de même! »? Á un jet de pierre de là, son mentor, le sénateur-maire Jean-Paul Fournier, élu sans discontinuité depuis trente ans (adjoint, conseiller municipal puis maire), feint de regretter, l’air plus rubicond que jamais, l’absence d’adversaire sérieux pour les prochaines municipales. Mais que fait la gauche ?

Devant les arènes les anti-corridas font le spectacle, on y compte, il est vrai, beaucoup de Parisiens en goguette et des habitués du Lubéron. Monsieur le préfet qui essaie de ménager localement la chèvre socialiste et le chou U.m.p. est, comme le sous-préfet de Daudet, aux champs ; il se murmure en ville que la droite lui aurait déjà promis une mutation à Hazebrouck.

L’auteur pour midinettes Nicolas Rey, depuis peu en quarantaine, ne sait plus à quels seins se vouer, pourtant : « L’amour est déclaré », n’est-il pas ? M’enfin ! Beaucoup de ses ex : petites provinciales à déniaiser, anciennes actrices du porno, auraient demandé en vain l’armistice…

Á l’intersection de la rue Nationale et de la rue des Lombards, les capuches : guetteurs, dealers et autres revendeurs, s’en donnent à cœur joie, il faut bien remplir d’essence le réservoir des Mercedes. Sur les boulevards, autre commerce prospère (yop la boum!), Brésiliennes, Moldaves ou Nigérianes, offrent leurs services. « C’est la mondialisation » déclare hilare un trans sorti d’on ne sait où. Mais où sont les jeunes filles en fleur de notre jeunesse ?

« Blanches et découvrant sous leurs robes ouvertes
Des torses de déesses et des pâleurs de lis,
Les vierges au grand cœur, sur la pelouse verte,
Offrent au vent du soir leurs reins froids et polis »

Laurent Tailhade (1854-1919)

Où sont les férias d’autrefois ?

M. Fr.


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