Découverte du vendredi: L’écume des jours

Michel Gondry, réalisateur entre autre de Eternal sunshine of a spotless mind et de La Science des rêves, n’est pas un réalisateur qui a froid aux yeux. Ses productions si souvent originales sont là pour nous le rappeler, mais adapter du Boris Vian et son univers sans pareil reste un exercice délicat.

Insubmersible

L’écume des jours est une oeuvre riche, aussi drôle que triste et qui, comme à l’habitude de son auteur, se joue des mots. Le langage est plié, déformé, remanié et enfin remodelé selon la vision de Boris Vian. Aidé par une écriture franche au style direct, l’on découvre au gré des pages une vision de Paris faite d’anachronismes, d’inventions plus folles les unes que les autres ou de contre-clichés dévastateurs. Un langage-univers, comme ils disent !

Cette plongée dans ce néo-rétro-Paris, est un terrain où Michel Gondry évolue avec un plaisir manifeste, laissant la bride au cou de son imaginaire. Le réalisateur livre là un film à l’esthétique léchée,  supporté par une bande-son qui fait la part belle au Jazz si cher à Boris Vian.

Le tout donne une ambiance particulière. D’abord enjouée, avec la découverte des personnages secondaires campés par Omar Sy et Gad Elmaleh, l’ambiance se fait plus romanesque avec une Audrey Tautou qui habite le personnage avec une justesse saisissante. Mais comme Boris Vian est un fourbe qui s’amuse de la mort, la longue agonie de Chloé sera l’occasion de rendre une critique acerbe de nos sociétés modernes. Sans argent, notre héros va devoir travailler pour payer les frais médicaux, un prétexte pour explorer cette société où l’argent est roi, où l’homme n’est qu’une matière première à exploiter à la chaîne et sans compassion.

Peu à peu l’image, d’abord si lumineuse, se ternit, comme ces personnages qui vieillissent prématurément sous les coups du sort. Puis les couleurs fades cèdent le pas au noir et blanc, avant de délivrer le spectateur de ce Paris si proche et si distant, si féerique et désenchanteur, à l’image de cette histoire d’amour.

En définitive, l’association entre Michel Gondry et Boris Vian est une rencontre qui aura tenu toutes ses promesses !

L’écume des jours en un seul mot ? Imaginatif !

La Bande-annonce