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SudWeb 2013

Publié le 24 mai 2013 par Tetue @tetue
SudWeb 2013

Deux journées bien remplies, de conférences puis d'ateliers, où le retour d'expérience domine, pour découvrir, approfondir et pratiquer les métiers du Web. Cette troisième édition avait lieu à Avignon, pluvieuse ville médiévale, où les conférences se tenaient dans la salle du conclave du Palais des Papes. Grandiose !

Les conférences au Palais :
industrialisation, responsive et aubergine

Est-il si facile de changer des habitudes bien ancrées quand on est toute fraîchement débarquée dans une équipe ? C'est de conduite du changement dont témoigne la développeuse Agnès Haasser, sur la base d'un retour d'expérience de mise en place d'un gestionnaire de version — Git, partout, sur tous les projets — déjà évoqué dans cet article : De l'artisanat aux bases de l'industrialisation. Convaincre les humains de l'utilité du changement est beaucoup plus compliqué que la mise en œuvre technique de ce changement, si important soit-il. Il faut expliquer, répéter, argumenter, avec pragmatisme plutôt que dogmatisme, travailler sur la durée et en équipe.

Toujours dans une perspective d'industrialisation, Mehdi Kabab raconte comment Sass & Compass ont embelli son quotidien notamment par l'organisation modulaire des CSS, chose cependant déjà possible sans préprocesseur, comme le montre ma méthode Daisy puis le livre CSS maintenables. L'avantage des préprocesseurs CSS tel que Sass, reste néanmoins l'automatisation des règles de compatibilité multi-navigateur et la possiblité de calculs complexes.

À Londres, autre ville pluvieuse, la profession d'intégrateur est reconnue. Kaelig Deloumeau-Prigent y travaille comme front-end web developer, notamment pour la BBC qui est consultée à travers le monde sur une grande diversité de terminaux, beaucoup trop nombreux. Mieux vaut alors développer un unique site web, en responsive, plutôt que des applications pour… 1304 devices ! c'est-à-dire développer en fonction des navigateurs, et non des devices, en faisant mieux pour ceux qui sont déjà capables de « couper la moutarde », selon l'expression anglaise cutting the mustard que l'on pourrait traduire par « faire le café ». Ceci dit, les applications persistent car, comme moi qui ne trouve le temps de lire que dans les transports hors connexion, « les gens adorent lire BCC News dans le métro. Or pour l'instant, le web n'est pas aisément consultable offline… »

Le webdesigner Alain Witkowski nous rappelle l'importance des référentiels colorimétriques pour éviter les quiproquos — non, Aubergine n'est pas une couleur — et j'ai adoré qu'un développeur, Damien Alexandre, nous parle de microtypographie, nous administrant une piqûre de rappel sur les conventions typographiques, trop souvent ignorées sur le web, dans cette odyssée de l'espace insécable. Son script de corrections typographiques vient d'être partagé sur github : JoliTypo ; ce qui me motive à publier bientôt ma base CSS typo ! Depuis le temps que SPIP, Dotclear &co.; se préoccupent de typographie, pourquoi ne pas mutualiser ?

Dans la magnifique salle du conclave, il aura aussi été question de travailler sur ses deux pieds, de data visualisation, d'impression 3D, du culte du cargo, d'écrire un livre, d'interactions tactiles, etc. La configuration particulière du lieu, où deux tribunes de hauts fauteuils se font face, de part et d'autre de l'allée centrale, était propice aux échanges posés et constructifs, notamment à la quête de sens proposée par David Larlet, où il fut question de changer le monde, d'adrénaline, de reconnaissance… bref, de notre implication dans le métier.

Les élaboratoires :
wireframing, prototypage et pompage

Le meilleur de SudWeb ce sont ses « élaboratoires », organisées comme un barcamp. Ces ateliers sont une excellente occasion d'approfondir les sujets abordés la veille en conférence, d'expérimenter et d'échanger. C'est la seconde fois que j'y participe et je confirme : c'est très réussi, très enrichissant.

J'ai commencé la journée à fond, par un atelier pratique, où il était impossible de s'endormir dans son café : « Je ne sais pas dessiner une interface mobile ! » Guidés par Maxime Fortelle, nous accouchons, en moins d'une heure, d'un projet d'application mobile et dessinons les premiers wireframes, de façon à partager le projet aux autres. Épatant ! Preuve s'il en est que crayonner et maquetter sur papier constituent une première étape de conception rapide très efficace.

J'étais ensuite curieuse de « designer mon code », mais je crois que mon cerveau ne prend plus son pied à coder, précisément parce que ça manque d'humanité, travers que Thomas Zilliox et Agnès Haasser nous proposaient justement de combattre. De même et parce que j'avais un vif souvenir de son billet sur l'intégration de mails responsive — Dieu m'en préserve ! —, je n'ai pas assisté à l'atelier de Rémi HTeuMeuLeu, dont je salue la ténacité. En passant par celui de Delphine Nissone, sur la prise de parole en public, j'ai réalisé que je n'avais plus de gros blocage.

Je pensais que le sujet m'intéressait, mais je peine à comprendre la problématique sous-jacente aux commentaires décentralisés. Il m'a semblé qu'on réfléchissait la solution technique avant d'avoir fini de poser le problème, de définir les cas d'usages, les besoins éditoriaux… et j'étais finalement vaguement inquiète de la volonté qui s'exprimait là de contrôler le moindre de ses mots laissés sur le Web. Et la générosité de parole ? et la confiance ?

Un autre atelier-débat, initié par Alexandre Ronsaut, sur la conception dans le navigateur, invite à réfléchir ensemble, itérer, présenter des prototypes… et montrer le graphisme le plus tard possible. Il est en particulier trop difficile de penser « content first » dans Photoshop, ce qui est pénalisant. Mais le point de vue des graphistes manquait dans ce débat. Où êtes-vous ?

Enfin, depuis le temps que je lis Pompage.net et lie ses articles de référence, si je participais ? Le site est ancien, toujours joli, mais il n'est pas conforme aux standards actuels. Trois besoins se dégagent : mieux communiquer sur la traduction, améliorer la navigation et enfin le design et la portabilité. Comme le site est toujours sous SPIP, je peux apporter une aide précise, ce sera avec grand plaisir. Go !

Ménestrel, convivialité et humanisme

On y gagne, non pas une friteuse digitale, mais un iPad mini, offert par Thelia, des jeux cHTeMeLe et des tas de bouquins Eyrolles, dont le dernier, Projet responsive web design, que j'ai oublié de me faire dédicacer par les auteurs présents, ouin !

Un programme bien rythmé, annoncé par un ménestrel chantant en costume d'époque, des buffets équilibrés et délicieux, des moments conviviaux, de retrouvailles et rencontres IRL, en particulier avec MichelV, Yun Zo, Marie Ototoï, Maxime Fortelle, Eramdam et Alexia… SudWeb, c'est une organisation impecable, malgré la pluie diluvienne et le wifi sporadique, par une « thym » efficace et (presque trop) discrète, que j'aurais voulu mieux remercier. Sudweb apporte une vision humaine, au delà des questions techniques. Merci !

Sans rapport, autre que circonstanciel, je regrette vraiment de n'avoir pas pu profiter de la Nuit des Musées qui avait lieu en même temps, faute de trouver l'info sur le site dédié pourtant moderne et responsive, encore moins sur les sites locaux, tant municipaux que touristiques, même pas responsive, sans parler d'accessibilité… Oui, sur le Web, y'a encore du boulot !

Voir en ligne : http://sudweb.fr/2013/

Les supports de présentation, captations vidéos (après juin), photos et autres compte-rendus sont rendus publics progressivement, notamment via twitter et Lanyrd. J'y étais aussi l'an dernier : SudWeb 2012.


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