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La souveraineté alimentaire, une mauvaise bonne idée

Publié le 24 mai 2013 par Magazinenagg
Les groupes d’intérêt, de connivence avec les politiciens, inventent régulièrement de nouvelles façons de nous dépouiller et de nous asservir. L’UPA, non satisfaite de son monopole à vie cadenassé à double tour, a trouvé une nouvelle façon de nous arnaquer : la souveraineté alimentaire.
Le ministre de l’Agriculture, monsieur Gendron, y a vu un excellent moyen de faire d’une pierre trois coups : satisfaire l’UPA, flatter les écologistes dans le sens du poil et s’assurer les bonnes grâces de la première ministre.
Comme il se doit au PQ, une table de concertation a été créée. Cette table a pour mandat de maximiser les retombées électoralistes du programme et de débusquer les opposants éventuels afin de les neutraliser.
Le programme repose sur quatre initiatives :
1.   Les programmes d'aide à la relève agricole et à son accompagnement seront bonifiés, de manière à améliorer la formation et à faciliter la passation des exploitations agricoles.
Le grand défi de la relève agricole découle des prix stratosphériques des fermes, lesquels sont gonflés à bloc par le régime des quotas. Un quota, environ la quantité de lait produit par une bonne vache, est un permis de produire dont la valeur est directement proportionnelle à sa rareté. Son coût oscille autour de 25 000 $ par quota. Si le ministre Gendron désire vraiment aider la relève, il devrait éliminer ce régime anachronique qui asphyxie lentement, mais sûrement les fermes familiales. Quel jeune peut payer 500 000 $ seulement pour obtenir le droit d’exploiter une petite ferme de vingt vaches?
2.   Hydro-Québec devra consentir des tarifs d'électricité privilégiés aux exploitants en serres, avec pour objectif de faire baisser leur facture énergétique de 25%.
Au fil des ans Hydro-Québec est devenue l’outil privilégié des politiciens pour subventionner en catimini des groupes d’intérêts. Hydro-Québec subventionne déjà les Américains, les alumineries, les exploitants de parcs éoliens, etc. Ces subventions indirectes coûtent des milliards annuellement aux contribuables québécois. Les subventions aux exploitants en serres siphonneront quelques centaines de millions de plus des poches des contribuables.
3.   Les règles sur la protection du territoire agricole seront renforcées. Et de nouvelles règles sur l'appropriation des terres, particulièrement par des investisseurs étrangers et immobiliers, seront mises en place.
La CPTAQ est devenue un obstacle majeur au développement économique du Québec. Des millions d’hectares impropres à l’agriculture sont inutilisés dus au refus de la Commission de les exclure des zones protégées. Renforcer les règles, interprétées par des avocats qui ne connaissent rien à l’agriculture, ne fera qu’empirer la situation. Par contre, le Québec compte aussi des millions d’hectares de terres arables non exploitées. En empêchant les investisseurs immobiliers et étrangers d’acquérir ces terres, le gouvernement condamne le Québec au sous-développement permanent de son potentiel agricole.
4.   Québec instaurera une politique d'achat québécois dans le système public. On forcera les hôpitaux, le milieu de l'éducation, les garderies et les sociétés d'État à acheter québécois.
Le régime de la gestion de l’offre équivaut à subventionner l’industrie agricole au rythme de plusieurs milliards annuellement aux frais des consommateurs. Mais ce n’est pas suffisant, l’UPA en veut toujours plus et le MAPAQ s’empresse de répondre à sa demande. Le programme de la souveraineté alimentaire proposé n’est rien d’autre qu’un régime de la gestion de la demande. La plupart des gestionnaires d’hôpitaux, d’écoles et de garderies sont rationnels. Ils s’approvisionnent en fonction du meilleur rapport prix/qualité. Acheter québécois entraînera en une augmentation des coûts d’exploitation qui se reflétera nécessairement dans les budgets. C’est l’équivalent d’une autre subvention indirecte à l’industrie agricole, cette fois aux frais des contribuables.
La souveraineté alimentaire a toutes les allures d’une bonne idée. Personne ne peut s’opposer à une présence accrue des aliments produits et transformés au Québec. Mais pour paraphraser Bastiat : ce qui se voit, consommation accrue de produits québécois, occulte ce qui ne se voit pas et qui causera des torts considérables aux agriculteurs, aux consommateurs, aux contribuables et à l’économie en général.
(Voir le texte de François Pouliot)

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