Jacques Delille (1738-1813), aussi appelé Abbé Dellille, est un poète et traducteur, élu à l’Académie Française en 1772 et grand rival de Voltaire. Dans l’ouvrage L’homme des champs (1800), il nous livre une belle poésie échiquéenne :
D’un jeu qui des combats est l’image savante
Pour composer les instruments
Palamède en dut tailler les ossements
Durant une guerre sanglante.
Si tu sus autrefois
Présenter le tableau d’une lutte innocente
Sur un champ de bataille en bois. Palamède.
Dans ses calculs gravement enfoncé,
Un couple sérieux qu’avec fureur possède
L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède.
Sur des carrés égaux, différents de couleur,
Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur,
Par cent détours savants conduit à la victoire
Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire.
Longtemps des camps rivaux le succès est égal,
Enfin l’heureux vainqueur donne l’échec fatal,
Se lève, et du vaincu proclame la défaite.
L’autre reste atterré dans sa douleur muette,
Et, du terrible mat à regret convaincu,
Regarde encor longtemps le coup qui l’a vaincu.
Delille. (L’homme des Champs)
Ajoutons ceci :
Pour ce noble jeu bien apprendre,
Tu dois, les règles bien comprendre.
Ton roi, ne pas te faire prendre.
La partie belle, il faut rendre.
L’adversaire tu dois pourfendre,
Attention, il va se défendre.
Aussi, ne pas être trop tendre,
Tu pourras le réduire en cendre.
Faisons la leçon sans attendre
il n’aura plus qu’à se rendre.
Anonyme