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Le Bayern de Munich est champion d’Europe ! Analyse d’un modèle gagnant

Publié le 26 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

Popularité, valeurs, stabilité, innovation, rigueur, indépendance : telles sont les clés du succès du club bavarois sur les plans sportif et financier.
Par Philippe Bouchat.

Le Bayern de Munich est champion d’Europe ! Analyse d’un modèle gagnant

Ainsi le FC Bayern de Munich a remporté hier soir sa 5ème Ligue des Champions [1] dans le temple du football qu’est le stade mythique de Wembley et ce, au terme d’une rencontre haletante où le suspens a duré jusqu’au bout… Ce sacre européen vient s’ajouter au 23ème titre national en Bundesliga conquis de façon ultra-dominatrice avec 25 points d’avance sur… le Borussia Dortmund, celui-là même qui est devenu son dauphin hier soir à Londres. Et ce n’est pas tout, car ce samedi 1er juin le Bayern pourra également conquérir sa 16ème Coupe d’Allemagne face au club de Stuttgart. S’il y parvient, il réussira du même coup le fameux triplé historique [2] : Coupe d’Europe, Championnat et Coupe nationales. Plus que jamais, le Bayern ist über alles ! Sportivement, cela ne souffre aucune discussion.

On pourrait penser que le club bavarois est un vieux club. Certes, il a été créé en 1900, mais il n’est devenu professionnel qu’en 1963. Ce que l’on sait moins, c’est que le Bayern est le 2nd club à compter le plus de clubs de supporters au monde [3] et que ses Ultras sont considérés comme les meilleurs supporters d’Allemagne au point de vue de l’ambiance, mais aussi des valeurs prônées : ils luttent contre l’homophobie, le racisme et le nazisme. Popularité et valeurs, voilà déjà une caractéristique et un début d’explication du succès du Bayern. Voilà aussi ce qui le distingue par exemple d’un club comme le PSG, dont les « supporters » ont démontré leur absence totale de valeurs récemment…

Depuis son accession au professionnalisme il y a cinquante ans, le club n’a connu que cinq présidents [4], ce qui lui assure une stabilité certaine. Depuis son accession en Bundesliga, en 1965, le Bayern est fidèle à son équipementier, Adidas, ce qui est exceptionnel.

Le FC Bayern est également un club innovant. Ainsi, il est un des tous premiers en Europe à utiliser la technique dite du naming [5] pour financer son nouveau stade, l’Allianz Arena, ce qui lui rapporte 6 millions d’euros par an pendant 15 ans.

Au niveau financier, cela fait 20 ans maintenant que la rigueur de sa gestion lui permet de présenter des comptes excédentaires (ainsi à la fin de la saison 2011-2012, le Bayern a réalisé un boni de 11 millions d’euros), en s’appuyant à la fois sur une maîtrise des coûts [6] et la diversification des sources de recettes. Cette rigueur exemplaire a été érigée en modèle en Allemagne puisque la DfB (fédération allemande de football) a décidé, en 2002, que 50% + 1 part d’un club professionnel allemand doivent appartenir à ses membres, consacrant ainsi l’actionnariat populaire et l’indépendance financière ! Pour le Bayern, l’actionnariat est ainsi composé à 82% par un actionnariat populaire de presque 190.000 membres, auquel il faut ajouter les parts détenues par Adidas (9%) et Audi (9%). Cette structure de l’actionnariat empêche ainsi toute OPA sur le club : pas de menace de rachat par des magnats du pétrole ou des oligarques russes… On sait ce qu’il en est dans d’autres grands clubs européens… Autre avantage : les actionnaires ne demandent aucun dividende au club qui peut donc réinvestir ses bonis dans l’acquisition de joueurs et le financement du club. Cette gestion lui permet d’attendre avec sérénité le fair-play financier qui, selon les vœux du président de l’UEFA Michel Platini, entrera en vigueur à partir de la saison 2014-2015 [7]. À noter que les droits télé ne représentent que 11% des recettes du club, ce qui le rend indépendant des chaînes de télévision.

Popularité, valeurs, stabilité, innovation, rigueur, indépendance : telles sont les clés du succès du club bavarois sur les plans sportif et financier. Il y a quelques jours, Najat Vallaud-Belkacem affirmait qu’« on ne gère pas la France comme une entreprise » [8]. Pour ma part, je rêve que non seulement nos clubs soient gérés sportivement et économiquement comme le Bayern de Munich, mais aussi que nos pays – la France, la Belgique – soient gérés également avec la même rigueur, la même popularité et le même succès. Ne serait-ce pas ce à quoi la chancelière Merkel tente de conduire l’Europe ?

En politique, comme en football, l’Allemagne est à la pointe. Osons l’imiter mutatis mutandis

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Notes :

  1. Le Bayern de Munich a remporté les titres en 1974, 1975 et 1976, lors d’un triplé historique avec le « Kaizer » Frank Beckenbauer (c’était alors la Coupe des Champions) et en 2001. Il fut également cinq fois finaliste en 1982, 1987, 1999, 2010 et 2012.
  2. Seul Manchester United a réussi ce triplé jusqu’à présent en 1999 ; quant au Barcelone FC, il est le seul club au monde à voir remporté, en 2009, toutes les compétitions où il était engagé : Championnat et Coupe et Super Coupe d’Espagne, Ligue des Champions, Super Coupe UEFA, Coupe du monde des Clubs.
  3. Plus de 3.200, derrière le Benfica de Lisbonne.
  4. À titre de comparaison, durant la même période (1963-2013), l’Olympique de Marseille a connu 22 présidents !
  5. Technique qui consiste à donner le nom d’un stade à une marque moyennant rétribution. En Europe, seul le club londonien du FC Arsenal fait mieux avec 10 millions d’euros par an reçus pour son Emirates Stadium. À l’inverse, le club bruxellois du Sporting d’Anderlecht (32 titres nationaux et 5 titres européens) s’appelle toujours le stade Constant Vandenstock, du nom de l’ancien président du club…
  6. Ainsi, la masse salariale est plafonnée à 47% de ses revenus. À Manchester City, on est au-delà de 100% !
  7. Cette règle impose aux clubs de ne pas dépenser plus que les revenus qu’ils générèrent, sous peine d’exclusion de toutes compétitions européennes. Une plainte contre le fair-play financier vient d’être déposée auprès de la Commission européenne récemment, au motif qu’elle figerait la hiérarchie actuelle. Affaire à suivre donc.
  8. Voir Figaro du 21 mai 2013.

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