La guerre entre les hommes et les bêtes bat son plein. Tandis que les cadavres se comptent par milliers de part et d’autre, Aube et le seigneur Clam réussissent à s’enfuir du Bois des Vierges. Mais chaque monde a ses règles et celui des hommes n’accepte pas les hybrides. Clam devra choisir son camp entre Homme et Loup, au risque de perdre son aimée… Poils et peaux s’uniront- ils un jour de nouveau ?
Scénario de Jean Dufaux, dessin de Béatrice Tillier. Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Conte initiatique Paru chez Delcourt, le 8 mai 2013 Share
L’histoire
Dans un monde où les Hommes et les Bêtes s’entre-déchirent, un pacte a été signé pour mettre fin aux sanglantes querelles ancestrales…
Le Seigneur Arcan et Loup de Traille, le chef des Bêtes de Haute Taille (haute naissance), marient leurs enfants : la jolie Aube est promise au valeureux Loup de Feu. Mais Aube refuse cet arrangement et assassine, sur son lit de noce, Loup de Feu. Traquée par les bêtes assoiffées de vengeance, Aube trouve refuge dans le bois des Vierges, une enclave où vivent les Carnicroqs, chimères mi-humain, mi-animaux.
La spirale des combats et des vengeances ensanglante de nouveau le royaume. Le seigneur Clam, le tueur de loup, se risque alors dans le bois des vierges pour ramener à Arcan la jeune femme.
Mais le seigneur-Clam a un secret. Il se transforme en Loup-Clam à la nuit tombée, garou aussi terrible que magnifique. Protégé des dangers mortels du bois par le seigneur-Clam, la jeune femme apprend à ne pas craindre ce terrifiant Homme-Loup… et en tombe amoureuse.
Fuyant la guerre qui divise les habitants fantastiques de la forêt, le couple fuit le Bois des Vierges qui se consume dans un incendie.
Le tome 3
Les loups attaquent le château du Seigneur Hache-Pierre. Fou de rage de voir la tête coupée de son père trônant dans le salon, le chef des loups défie Hache-Pierre, le tue et livre son cadavre à la meute. Retrouvant leurs instincts de bêtes sauvages, les loups deviennent de plus en plus incontrôlables et s’allient les services des ours.
L’anéantissement du bois des vierges a mis en péril le fragile équilibre. Pour éviter que ne reprenne la guerre, Poils et Peaux doivent trouver une solution pour faire cohabiter humanité et bestialité…
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Ce que j’en pense
Voici la fin tant attendue de la trilogie imaginée par Jean Dufaux et mise en image par Béatrice Tillier. Dès le premier tome, ce duo d’auteurs m’avaient captivé par cet univers de « conte cruel’, immersif, haut en couleurs et dramatique.
Le premier tome exposait l’univers, complexe et cohérent, remplis de personnages, bêtes et humains, charismatiques et forts. Original, visuellement magnifique et impressionnant, cet album revendiquait des partis-pris inhabituels (l’univers du conte pour adulte). Jean Dufaux posait les enjeux et nous racontait une histoire de sang, de griffe, de bruit et de fureur.
Centré sur la relation amoureuse qui se noue entre Aube et Clam, le second opus fut plus calme. Mais la fin du tome, avec l’incendie du Bois des Vierges, laissait planer une ombre de mort et d’incertitude.
Ce dernier tome commence donc avec une dramaturgie forte. Tout espoir est (presque) perdu et seul, Clam, le Loup-Homme et l’Homme-Loup est capable de rétablir cet équilibre entre l’homme et la bête.
Bien sur, Dufaux joue sur un terrain connu. En utilisant les codes du conte, il nourrit son récit de figures connues et référencées qui peuplent notre imaginaire collectif. Sentiments exacerbés, amour perdu, loup-Garoux, forêt enchantée, virginité protectrice, tous ces thèmes trouvent leur place dans Le Bois des Vierges.
Certains diront que Dufaux manque d’imagination, mais franchement, qu’attendez-vous d’un conte ? Fut-il pour adulte, on ne lit pas un conte pour sa révélation finale ou son cliffhanger audacieux, mais pour être emporté dans son univers connu effrayant et amusant en même temps.
Dans ce sens, « Le Bois des Vierges » remplit parfaitement le contrat. Alternant scènes de batailles, récit amoureux et politique, il nous livre un récit varié et prenant, ou les dialogues “fleuris” effacent la « raideur » de certaines scènes.
Un récit pas si enfantin
Sous-jacent au divertissement, comme il se doit dans une fable, Dufaux utilise les conflits qui animent ses personnages pour la morale de l’histoire. Catholiques contre protestants, racistes et autres extrémistes, observez comportements et costumes : vous trouverez certainement des analogies…
Le dessin
Béatrice Tillier nous offre sur « Le Bois des vierges » un travail remarquable. Son trait se nourrit des décors, de l’architecture et des costumes de la Renaissance.
Son encrage détache chaque plan avec précision, mais c’est surtout dans la mise en lumière (couleur « directe ») que le talent de Béatrice éclate. Ses ambiances colorées profondes et flamboyantes (dans les bleus et rouges) marquent l’opposition entre froid et chaud et se font l’écho des conflits entre races.
Ces couleurs délicates subliment l’histoire et donnent à cette trilogie une puissance évocatrice rare. Les expressions des animaux anthropomorphes et des humains sont vibrants de réalisme et peuvent tout autant traduire la fragilité que la fureur.
Pour résumer
Dernier tome de cette trilogie, Dufaux nous offre un final varié et passionnant. Cette fin, pas vraiment inattendue, se nourrit avec bonheur de l’univers du conte. Féérie, sentiments exacerbés, ambivalence homme-bête et peurs enfantines, les auteurs nous entraînent sur des terrains connus où il fait bon se perdre. Magnifié par le dessin et la mise en lumière flamboyant de Béatrice Tillier, le récit de Dufaux devient un lac sans fond, où vous vous noierez avec délice…