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La face sombre du Qatar

Publié le 27 mai 2013 par Copeau @Contrepoints

Les milliards investis par l'émirat du Qatar en France ne sont pas une raison pour se taire sur les atteintes aux droits de l'homme dans le pays.

Par Ronny Ktorza

La face sombre du Qatar

Doha, Qatar

La crise financière continue de faire rage en Occident et dans le reste du monde, et ce n’est pas prêt de s’arrêter si l’on en croit certaines prévisions récentes.

Cet enfer économique ne touche toutefois plus tous les pays : le Qatar en est une des exceptions notables. Et pas des moindres puisqu’elle jouit d’une croissance à deux chiffres, là où la France se réjouit d’un rebond de 0,2%... Il est donc crucial d’entretenir de bonnes relations commerciales avec ce pays et, en ce sens, la France y parvient relativement bien puisque les fonds qatari ont investi dans de nombreux secteurs de son économie (immobilier et sport, notamment).

Concernant le sport, c’est, pour l’instant, un succès. Le fonds d’investissement Qatar Sport Investments (QSI) s’est ainsi offert deux clubs parisiens dans les domaines du football et du handball : le PSG et le Paris Handball. Ces deux équipes sont désormais dans une autre dimension. Avant l’arrivée des Qatariotes, le PSG était dans une situation économico-sportive pour le moins compliquée. Aujourd’hui, ce club est en quart de finale de la Champion’s League et a remporté le championnat de France, s’appuyant, pour cela, sur une équipe de stars. Idem pour le Paris Handball, renommé depuis Paris Saint-Germain Handball par QSI et qui a également remporté le championnat de France de handball, seulement quelques mois après son rachat.

Pour autant – et même si, une fois de plus, il serait contre-productif pour les deux pays de cesser ces échanges fructueux – il ne faut pas fermer les yeux sur le sort des libertés publiques et les agissements politiques pour le moins ambigus de ce pays sur la scène internationale.

L’actualité en la matière est peu réjouissante : tout d’abord, un poète qatariote, Mohammed al-Ajami, a été arrêté pour avoir écrit un poème jugé subversif. Le 29 novembre 2012, il a été condamné par un tribunal de première instance local. Il a fait appel et sa peine a été réduite à quinze années d’emprisonnement. Son avocat a annoncé qu’il pourvoirait en cassation et a dénoncé un procès politisé.

Mais, plus étonnant encore, ce qui peut choquer le plus est le fait que ce juriste a été obligé de nier le fait que ce poème – qui inciterait la population à renverser le cheikh du pays, Hamad ben Khalifa Al-Thani – ait été prononcé publiquement. En admettant qu’il l’ait réellement été, ce poète mérite-t-il pour autant quinze ans de prison ?

Par ailleurs, selon Amnesty International, la véritable raison pour laquelle il a fait l’objet de cette lourde peine serait un autre poème qu’il a également écrit, Poème du jardin, dans lequel il fit l’apologie du « printemps arabe ».

La face sombre du Qatar
Si tel est le cas, cela illustrerait l’hypocrisie du régime qatari qui, par le biais de sa chaîne de télévision, Al-Jazira, s’est toujours autoproclamé héraut des soulèvements populaires ayant ébranlé le monde arabe.

Malheureusement, l’affaire al-Ajami n’est pas isolée et le Qatar se rend trop souvent coupable d’atteintes aux droits de l’homme, notamment à l’encontre de leurs plus farouches défenseurs.

Enfin – et si cela était avéré, son image serait définitivement entachée – il se pourrait que le Qatar finance les groupes islamiques au nord du Mali, ayant ainsi accentué les troubles politiques subis par ce pays, ce qui a conduit à l’intervention de la France.

Ce serait la raison pour laquelle les Qataris n’ont pas vraiment réagi aux propos acerbes de Laurent Fabius à leur égard, concernant la condamnation du poète.

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Paru initialement sur 24hGold.


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