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Anaïs Bourgoin et Anne Robic, de l'Adess du Pays de Morlaix © MEG_BD Alors que le Galleco, monnaie locale d'Ille et Vilaine, entre en phase de test dans le secteur de Redon (35), l'Association de Développement de l'Economie Sociale et Solidaire (Adess) de Morlaix continue de travailler sur un projet de développement d'une monnaie locale sur le territoire.
Elle organise une réunion jeudi soir (le 30 mai 2013) avec Philippe Derudder, spécialiste de l'économie alternative, qui accompagne ces projets. Le point avec Anne Robic, chargée de mission à l'Adess.
D'où est partie l'idée de créer une monnaie locale sur le pays de Morlaix ? A l'Adess, nous travaillons autour de l'idée d'une économie plus juste, plus locale, plus responsable. En voyant que beaucoup de projets sur les monnaies locales émergeaient en France, et partout dans le monde, nous nous y sommes intéressés. D'autant plus que l'Adess de Brest travaillait déjà sur un projet de ce type. Cela fait maintenant un an que nous essayons de porter la démarche sur le territoire. Comment les habitants ont-ils réagi ? Jusqu'ici plusieurs ateliers et conférences ont été organisés. C'est un sujet qui semble intéresser et concerner pas mal de monde dans le pays de Morlaix. Nous nous rendons compte aussi qu'une monnaie locale est parfois difficile à appréhender, notamment concernant son fonctionnement. Mais le sujet intéresse, car de plus en plus de gens veulent s'informer sur la réappropriation de notre monnaie, sur les moyens de privilégier les circuits courts et l'économie de proximité. La monnaie locale rentre tout à fait dans cette logique-là. Justement, comment fonctionne concrètement une monnaie locale ? Une monnaie locale est une monnaie papier, voire numérique dans certains cas, qui circule entre des adhérents. Ces adhérents peuvent être aussi bien des consommateurs, que des prestataires : commerçants, entreprises, producteurs, associations...qui acceptent d'être payés en monnaie locale. Une unité de monnaie locale vaut un euro. En tant que consommateur, je vais aller échanger 50 euros en 50 unités de monnaie locale. Et cette monnaie locale en papier, je vais pouvoir l'utiliser pour payer des produits, des services, auprès de prestataires qui sont tous du territoire et adhérents à une charte mise en place avec la monnaie locale. Ils doivent répondre à des critères environnementaux, sociaux, économiques...L'ancrage territorial est particulièrement important, ainsi que la favorisation des circuits courts. Quel est l'avantage pour le consommateur ? Il s'agit pour le consommateur, dans un premier temps, de se réapproprier la monnaie. Aujourd'hui, quand nous dépensons de l'argent, nous ne savons pas vraiment qui l'a créé, qui le contrôle, ni surtout où il va. L'idée d'utiliser une monnaie locale, pour un consommateur, est de l'utiliser à une fin qui nous est chère. La monnaie locale a vraiment pour objectif de circuler à l'intérieur d'un territoire, au service et en faveur de circuits courts et d'une économie réellement locale. Il s'agit de redonner du sens aux échanges marchands. Et pour les prestataires ? Ils auront davantage de visibilité, ainsi qu'un réseau de consommateurs renforcé. Adhérer à un projet de monnaie locale c'est se reconnaître dans un ensemble de valeurs, sur un territoire donné. Les prestataires savent qu'ils auront affaire à des consommateurs prêts à venir chez eux puisqu'ils reconnaissent leur démarche et leur ancrage sur le territoire. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la réunion qui est organisée le 30 mai ? L'Adess, accompagnée d'un collectif de citoyens qui se réunit sur le thème de la monnaie locale, propose une rencontre-débat sur la mise en place concrète de cette monnaie locale sur le pays. Il y aura une intervention de Philippe Deruder, spécialiste de l'économie alternative et de l'accompagnement des projets de monnaies locales. Il nous accompagnera sur les premières questions de mise en place concrète.
Les autres monnaies locales en Bretagne En Bretagne, plusieurs autres monnaies locales ont été lancées sur d'autres territoires. Elles en sont à des stades d'avancement différents. Sur le pays de Brest a ainsi été lancé l'Héol, mis en circulation depuis janvier 2012. La Sardine est également en cours sur Concarneau, toujours dans le Finistère.
Du côté de l'Ille-et-Vilaine, le Conseil Général a décidé de tenter l'aventure du Galleco. Des phases de tests se déroulent sur trois territoires pilotes (Rennes centre, Fougères, Redon), avant une extension dans tout le département. Dans les Côtes-d'Armor, dans le Pays de Rance, c'est le Sou Local qui est en train d'être développé. Enfin dans le Morbihan, une réflexion vient d'être mise en place dans le pays d'Auray, pour créer l'Orai. Plus d'infos sur ces projets monnaie-locale-complementaire.net/france/bretagne
Un article réalisé par Anne Guédo pour notre partenaire Bretagne Durable, www.bretagne-durable.info
Lundi 27 Mai 2013