11 mai 2012, la campagne pour financer la Pebble commençait sur Kickstarter. Le 19 mai les 100 000 dollars recherchés avait été trouvés. Un an plus tard, le projet « Pebble » a recueilli plus de 10 millions de dollars grâce à un peu moins de 70 000 soutiens. Un engouement dont seuls quelques projets peuvent se targuer.
Il faut dire que le projet était prometteur. La Pebble est une « smartwatch », un terme à la mode qui désigne une montre connectée via Bluetooth (généralement) à son smartphone et permettant d’afficher diverses informations issues de son téléphone. On peut entre autres y afficher ses messages/mails et les coordonnées de la personne qui appelle, en plus de donner l’heure.
Il y a eu quelques exemples par le passé. On souvient notamment de l’Italienne I’m Watch qui n’a pas vraiment su convaincre les foules. Dotée de multiples fonctionnalités, cette dernière fonctionnait aléatoirement et était vraiment trop encombrante pour pouvoir remplacer sa montre une fois l’effet « nouveauté » passé.
La Pebble prend en quelque sorte une direction opposée en réduisant le champ des possibles avec une technologie un peu moins évoluée, mais dans un format finalement plus adapté à un poignet. Le choix de Pebble est-il judicieux ? Les possibilités ne sont-elles pas trop réduites ? Bref, ces 10 millions de dollars sont-ils justifiés ? Réponse dans ce test.
Format
Si la Pebble est moins imposante que l’I’m Watch, elle est relativement encombrante avec environ 3,2 cm de large sur 4,1 de long (hors attaches) et un peu moins d’un cm d’épaisseur. Surtout sur un poignet fin habitué à porter une montre peu épaisse.
I’m Watch à droite, Pebble au centre, ma montre habituelle à gauche
Elle reste portable et ne gêne pas trop quoi qu’elle ait tendance à buter facilement sur une chemise, son poids n’est en revanche pas contraignant, on la sent à peine. Au final, on évitera de dormir avec, l’épaisseur pouvant s’avérer gênante.
Design
La Pebble est disponible en 5 coloris : noir, blanc, rouge, orange ou gris, chacun devrait donc trouver son bonheur. Nous avons reçu un modèle noir, sobre et discret monté sur un bracelet noir en plastique qui n’est pas vraiment du plus bel effet. La bonne nouvelle est que la plupart des bracelets de 22 mm de large sont compatibles avec la montre, on peut donc très bien l’imaginer accompagnée de cuir par exemple.
Sur les côtés on trouve 4 boutons, trois à droite (pour un droitier) et un à gauche. Ce dernier sert de bouton « retour », les deux autres se destinent à naviguer de haut en bas, on valide du côté droit au centre. Une quantité limitée qui ne pose pas trop de problèmes lors de l’utilisation.
On trouve également du plastique au dos dans lequel est gravé un sobre « Pebble », le numéro de série et autres logos certifiant diverses normes notamment l’étanchéité « 5 ATM ». La face avant est recouverte d’un plastique anti-rayures qui protégera l’écran e-ink.
Hardware
Pebble communique peu sur le hardware de sa montre. Le fabricant concède un écran e-ink noir et blanc rétroéclairé de 144 x 168 pixels, un accéléromètre 3 axes, une connectivité Bluetooth 2.1 + EDR ou 4, vibreur et… c’est tout. Pas un mot sur le processeur ou la batterie.
Tant pis, à l’usage cela fonctionne très bien. La montre n’accuse aucun ralentissement, la connexion Bluetooth est stable et les 20 000 pixels de l’écran suffisent à afficher les textes de manière lisible, avec l’avantage d’être peu sensible aux reflets. Il faut remercier l’encre électronique. Le rétroéclairage s’avéra utile dans le noir et s’active d’un mouvement du poignet. On apprécie également l’étanchéité de la montre, parfait pour son bain ou sa douche, mais pas seulement puisque la norme 5 ATM est suffisante pour nager dans l’eau salée.
Rien à craindre dans une baignoire
Pour ce qui est l’autonomie, Pebble Technology annonce une semaine ou plus, ce qui se vérifie en pratique : la première charge a tenu 7 jours et demi, la seconde 8 jours. C’est un gros plus pour la montre qui se recharge en plus relativement rapidement, à peine plus d’une heure. Le chargeur est d’ailleurs très bien pensé, à l’image de la prise MagSafe d’Apple, il se fixe grâce à deux petits aimants.
Utilisation
Nous avons utilisé la fameuse smartwatch pendant une quinzaine de jours, le temps de s’y habituer et, plus intéressant peut-être, nous l’avons abandonnée par la suite afin de voir si elle nous manquait.
S’il est une chose qui marque quand on la porte est la vitesse à laquelle on s’y habitue. Au premier SMS/mail, il est assez surprenant de sentir son poignet vibrer, le second s’avère tout de suite plus naturel. Au final, cela devient presque un réflexe, qui évite de constamment sortir son téléphone de sa poche. Pratique.
Jusqu’à un certain point, puisque finalement, la montre ne fera office que de lecteur. En réalité, et c’est somme toute logique, il est quasiment impossible d’agir dans l’autre sens : contrôler son smartphone depuis sa montre. Cela se limite à 4 possibilités : décrocher/renvoyer un appel, morceaux suivant/précédent (et retour/avance rapide) play/pause. Point. C’est à dire moins que la télécommande présente sur les écouteurs en possédant. Autrement dit, cela a un avantage si l’on utilise un casque non prévu pour smartphone.
Du coup, il faudra en réalité sortir de manière régulière son terminal de sa poche. Ne serait-ce que pour ajuster le volume sonore du player audio, ou même de passer d’un album à un autre. De la même façon s’il est sympa de lire ses textos on regrette de ne pas pouvoir y répondre depuis sa montre grâce à des modèles préenregistrés, ce qui met en lumière une seconde limite de la Pebble, l’appli nécessaire à son fonctionnement.
Aplibble
Nous l’avons dit plus haut, pour fonctionner correctement, la Pebble doit s’appairer via Bluetooth (une étape simplissime soit dit en passant) avec un smartphone (iOS ou Android seulement) doté de l’application éponyme si l’on ne veut pas se limiter à l’affichage de l’heure.
Cette dernière est très claire. Elle permet de mettre à jour sa montre et de gérer ses applications et autres watchfaces qui ne sont rien d’autre que des cadrans horaires. Là encore, il faudra se contenter de ça. Comme nous le disions juste avant, elle aurait été le lieu idéal pour enregistrer trois ou quatre réponses aux textos.
L’application n’est toutefois pas le seul lieu ou il est possible de trouver des applications. L’idéal est même ailleurs : sur mypebblefaces depuis son téléphone. On trouve actuellement sur ce site 451 watchfaces et application plus ou moins loufoque, plus ou moins pratiques. On citera par exemple un Tetris, un casse-brique, ou un calendrier ou encore un cadran Mario.
C’est très sympathique, mais tient plus du gadget que d’autre chose. Toutefois cela laisse entrevoir plus de possibilités pour la smartwatch. On pourra également compter sur les développeurs d’applications tierces pour prendre en charge la montre, à l’instar de RunKeeper. Cette application de fitness déporte les informations relatives à sa session de jogging sur la montre, cela peut, pour le coup, s’avérer intéressant.
Verdict
7
/10
Note JDG
Jeune
C’est sans doute ce qu’il ressort de cette Pebble au final, un goût d’inachevé. Certes le matériel est bien fini et regorge de bonnes idées, comme le chargeur par exemple, mais le software souffre de quelques lacunes assez flagrantes qui ne rendent pas le produit indispensable.
Une fois de retour avec une montre classique, on se surprend peut-être à regarder sa montre lorsque son téléphone vibre, mais on s’en passe finalement facilement. Est-ce vraiment compliqué de sortir son téléphone de sa poche ? Toutefois, vendue 150 dollars, la montre n’est pas hors de prix, et pourra sans doute d’ici quelques mois avoir un réel intérêt. Ces 10 millions de dollars ne sont pas encore justifiés.
La balle est donc dans les mains des développeurs qui, espérons-le, s’en donneront à cœur joie puisque la Pebble est bâtie sur un modèle open source, espoir donc.
Merci à lamontrebleue.fr qui nous a gentiment fait parvenir l’exemplaire de la Pebble.