Sur le fond, s’appuyer mieux sur les révolutions intellectuelles de ces dix dernières années en matière de perceptions du vivant, de neuro sciences, qui rendent obsolètes les visions fondées sur simple examen des rapports de forces parce qu’elles renvoient à un modèle Newtonien ; perceptions inaptes à rendre compte des décrochages profonds de notre civilisation, et à construire les inputs de base permettant de basculer dans une configuration écologique sur les plans conceptuels, psychiques et concrets.
1- Un système complexe se différentie d’un système gazeux ou liquide, plus généralement d’un système physique, parce qu’il est constitué de nombreux éléments, eux-mêmes très différents.
- L’organisation est telle qu’« il est plus facile de savoir qu’il faut changer un boulon que de localiser ledit boulon » pour filer la métaphore. C’est cette organisation complexe qui permet le tri-déchet et l’émergence du nouveau, pourrait-on dire.
b. Un système complexe se caractérise essentiellement par une proportion importante de ce qu’on appelle les nœuds directeurs (80 pour cent), c’est à dire pour faire bref : les pôles de décisions (pour illustrer le propos, Internet n’est pas un système complexe car on évalue à 10 pour cent les nœuds directeurs ; Probablement EELV en est à 2 pour cent).
- Comment, sous quels angles, quels instruments aborder la complexité. Comment situer le technique et le conceptuel, le local et le systémique ? Jusqu’à quel point mutualiser nos connaissances ?
d. EELV ressemble trop à un rassemblement de deux populations principales : ceux qui ont l’ambition de nous représenter, et la masse qui n’a que peu de pouvoir. (je passe sur les commentateurs). Tout se passe comme si l’indice de complexité était trop faible, c’est donc incohérent par rapport à notre ambition, qui devrait être à hauteur de la régulation des systèmes vivants. Il est donc crucial d’augmenter les nœuds directeurs, c’est à dire diversifier les organes de pouvoir, pour nous constituer d’une façon plus écologique.
2- Le point de départ de la vision du vivant, c’est que tout organisme a besoin d’un milieu intérieur qui soit en capacité de s’adapter à un milieu extérieur. Cet organisme a besoin de robustesse (liée à ce qu’on appelle des propriétés distribuées, le respect des échéances temporelles, la capacité à traiter de l’erreur, bref de la capacité à détecter les violations graves d’identité) et de plasticité (liée à la capacité à prendre en compte le milieu extérieur et le « très différent »). Robustesse ne signifie pas donc pas rigidité et plasticité mollesse. Le pilotage du parti devrait être en mesure d’évaluer ces deux ingrédients.
3- Comment définir les sous-ensembles pertinents ? Là aussi on pourrait s’appuyer sur les fonctions du vivant, à une nuance près : que la description par fonctions semble aujourd’hui insuffisante. Je propose de partir de trois ordres d’opérativité qui manifestement sont irréductibles les uns aux autres et illustrent de façon forte les trois directions qui ont toujours coexisté dans tout projet humain:
- Un ordre qui examine les possibles, le futur et se donne les moyens de sélectionner les possibles qui semblent les plus féconds pour irriguer toutes les instances du parti selon des modalités à élaborer. Le Cette instance devra être dotée de véritables pouvoirs indépendants, donc d’un budget propre conséquent. Cela pourrait être le pôle Fondation, à la condition qu’il ne soit pas que constitué d’experts et de gens de l’appareil. Ce qui est crucial, c’est que ce pôle travaille à l’élaboration des directions du futur qui pourraient comme points fixes ( cfs J.P Dupuy) se substituer aux points fixes du système totalitaire libéral en place aujourd’hui, points qui jouent comme des attracteurs d’impossibilité.
b. Un ordre qui régule le degré de récession et d’activation (de croissance et de décroissance) sur n’importe quel sujet en fonction des perceptions du terrain et gère la communication vers l’extérieur. Ce même ordre subdivise l’espace en domaines perceptibles par les citoyens où ils peuvent s’investir et apporter leurs contributions. Le critère principal est : chacun se sent-il reconnu ? si non, que fait-on ? « Postuler la compétence de tous, Remettre la mort au centre le la vie », dit Paul Aries.
Cet ordre a pour fonction de susciter le désir et s’occupe de la formation. Il sera aussi doté d’un budget indépendant.
- Un ordre qui gère la comptabilité, l’organisation du parti, les élections, les responsabilités, les calendriers, tout ce qui relève du visible, du mesurable. Aujourd’hui, c’est cet ordre qui a tout le pouvoir et les budgets. La bataille politique principale revient à le relativiser sans qu’il hurle et sans le supprimer bien sûr.
4- Aujourd’hui la physiologie, les neuro-sciences, deviennent des sciences sociales, que nous devrions nous approprier, alors que par exemple la mise au point de médicaments devient une science anti-sociale (1 à 3 milliards pour développer une molécule). Nous devons avoir le courage de repérer de façon analogue et percutante tout ce qui coûte trop cher et, sûr cette base, reconstruire des alternatives crédibles.
5- Voici, à mon humble avis, les pôles contenus qui devraient rester les mêmes et donner naissance à autant de commissions que nécessaire suivant un calendrier coordonné et aussi de références pour les universités d’été et le large public (plutôt que de passer son temps à inventer des formulations nouvelles qui prennent le risque comme c’est manifeste depuis 3 ans d’oublier des pans entiers fondamentaux ( la formation, la recherche sur le vivant , l’éducation, pour ne signaler que les plus évidents)
Chaque pôle aurait pour mission de clarifier les objectifs à court, moyen et long terme, ainsi que ce qui est de l’ordre du local, du régional, du national et de l’européen- voire du mondial. Afin de dispatcher le tout dans un site interactif, attractif qui n’a rien à voir avec notre réalité actuelle (je propose de mettre à disposition le concept de site de la pensée non jetable et du possible que j’ai élaboré au fil des ans )
- Aménagement du territoire (logement et transports) en communes et habitats économes de taille suffisante, ainsi qu’ en districts de dialogues dotés de maisons du possible qui seraient le cœur du lien local.
• Fabrication d'objets et de biens de consommation, (y compris produits agricoles et animaux ) et échange avec les autres pays, fondé sur des emplois non délocalisables à l’efficience maximum.
- Services à la personne : aide aux enfants et aux jeunes, aux handicapés, aux minorités, aux « déviants », aux personnes âgées, à tout besoin exprimé et reconnu de formation des adultes.
• Gestion financière transparente articulée sur un système d'impôts progressifs et simplifiés.
• Cadres pour résoudre au maximum les conflits, et simplifier l’accès à la justice, et le code civil. Police citoyenne ?
• Santé et bien-être encourageant la responsabilité de chacun.
- Culture générale et pratique prenant en considération la multiplicité des formes d'intelligence, faisant émerger les désirs et projets de vie de chacun. Réintroduisant une culture commune, incluant le travail manuel, le corps, l'interculturel, une connaissance de soi, une citoyenneté active, des concepts de maths suffisants pour que chacun puisse être critiques, la connaissance de l’anglais, de la cuisine, du jardinage, de l’histoire culturelle de ses racines, de la géopolitique, de l’économie, des lois de la physique de la chimie et du vivant, les grandes technologies, les grandes philosophies...
• Faire connaitre ce qui se fait d’utile sur la planète.
• Une mise à disposition de la diversité artistique.
- Un véritable journalisme indépendant d'investigation (à l’époque d’Internet tout le monde peut y contribuer).
• Vision des principes et modes d’intervention permettant d'articuler autonomie locale et intelligence globale.
• Politique d'intelligence partagée numérique et de sélection des technologies prometteuses.