Hollande, Schröder, un anniversaire en Allemagne pour célébrer un parti social-démocrate.
Les ingrédients d'une bonne corrida médiatique étaient réunis. Nous pouvions écrire à l'avance ce que la presse, dans sa gentille unanimité, allait servir au menu de ses unes du lendemain.
N'allez pas chercher de son discordant. C'était écrit d'avance.
Tous ont plongé facilement.
- "Hollande a tressé, jeudi, une couronne de laurier au prédécesseur d'Angela Merkel à la chancellerie fédérale pour avoir flexibilisé le marché du travail." (Le Point)
- "A Leipzig, Hollande vante Schröder et la social-démocratie" (Les Echos)
- " François Hollande a fait l'éloge des réformes du marché du travail allemand lancées en 2003 par l'ancien chancelier de ce parti, Gerhard Schröder." (Le Parisien)
- "le chef de l’Etat n’a jamais employé le mot « socialiste », ne serait-ce pour marquer sa petite différence, mais en plus il a fait l’éloge des réformes antisociales de l’ancien chancelier." (Marianne)
- "L'ode de François Hollande à Gerhard Schröder" (Mediapart)
- "Hollande en Allemagne, VRP des réformes Schröder" (Rue89)
- "Le « bras d'honneur » d'Hollande à l'aile gauche du PS" (Le Figaro)
L'électeur pouvait lire ou écouter de lui-même l'intervention du président français. Il pouvait détester la loi de flexisécurité, s'effrayer de l'incroyable pauvreté qui s'est développée outre-Rhin depuis les funestes lois Hartz, et pourtant comprendre quelques faits: (1) Hollande n'endosse pas le personnage ni son action. (2) Il a salué sa mémoire dans un discours quasiment chronologique sur l'histoire du SPD.
Il suffisait de lire ou écouter le discours.
En France, son propre premier ministre expliquait de Schröder qu' "il a été courageux lorsqu’il a redressé son industrie mais il a porté atteinte à ce qui faisait partie du modèle social allemand".
Et Alain Vidalies, ministre en charge des relations avec le Parlement, complète, sur PublicSénat: Hollande "n’a jamais proposé la transposition en France de ces propositions".
Qu'importe.
La messe était dite.
François Hollande au 150e anniversaire du SPD : «l'Europe a besoin de nous»
François Hollande s'est rendu aujourd'hui à Leipzig à la cérémonie du 150e anniversaire du Parti Social-Démocrate d’Allemagne (SPD). Devant le président du SPD, Sigmar Gabriel, son candidat aux élections législatives, Peer Steinbrück, ses représentants et la chancelière Angela Merkel (CDU), le président de la République a retracé l'histoire de l'amitié franco-allemande, celle qui a permis l’Europe, et est revenu sur les apports et les ambitions de la social-démocratie pour une intégration toujours plus solidaire.
Louant l'amitié franco-allemande comme moteur de l'Europe, le président de la République a rappelé : «l’identité de la social-démocratie, c'est le progrès», un progrès consistant, entre autre, à faire dans les moments difficiles des choix courageux pour préserver l'emploi, pour anticiper les mutations industrielles.
Il a également salué l'unité dont l'Europe a été capable, ces derniers mois, ajoutant qu'elle avait su apporter «la preuve que les pays de l’Union n’abandonneraient jamais l’un des leurs à ses difficultés. Elle a introduit des règles et des disciplines en matière budgétaire et bancaire».
Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, elles peuvent faire surgir des controverses, mais rien ne se construit, rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel.
Un agenda chargé se profile au début de l'été pour les deux capitales qui organiseront de concert, deux conférences en juin et juillet sur l'emploi des jeunes; «notre tâche centrale» a lancé, Sigmar Gabriel, président des sociaux-démocrates.
En vue du prochain sommet européen de juin sur l'union bancaire et économique, Paris et Berlin devront s'accorder autour d'une contribution commune qui intègrera les propositions françaises, annoncées par François Hollande lors de sa dernière conférence de presse : doter la zone euro d'une capacité budgétaire, établir une véritable politique énergétique européenne, créer un gouvernement économique européen.
Seul dirigeant étranger à monter à la tribune, François Hollande a affirmé devant une salle debout :
L'Europe a besoin de nous, elle subit une crise qui l'a fait douter d'elle-même (...) nous devons nous convaincre que la mise en commun de nos forces et de nos ressources apportera à nouveau le progrès.