"On est envahi de gays !" s'exclame Christine Boutin, quelques minutes après l'annonce de la Palme d'or cannoise. Cette dernière fut attribuée à "la vie d'Adèle"
d'Abdelatif Kechiche. L'histoire d'amour entre deux femmes avait
enflammé les critiques et le public local, à en croire les échos du
66ème Festival de Cannes. Christine Boutin nous effraie.
Christine Boutin n'est pas seule. Grâce au mariage pour tous, ses semblables sont sortis dans la rue. Peu habitué à contester la loi, certains ont découvert qu'il état interdit de caillasser des CRS, qu'une manifestation s'organisait dans les règles. Aveuglés, ils ont encore emmené leurs enfants. Certains n'ont pas été gênés de manifester dans la même cohorte que quelques néo-nazis venus tendre leurs bras devant les caméras.
L'ultime "Manif contre tous",
dimanche 26 mai, fut plus violente que les précédentes. On se dispute
sur le nombre de participants, la préfecture annonce 150.000; les
organisateurs prétendent au million. Qu'importe. La République a
tranché. La loi est promulguée. Le premier mariage gay sera célébré
mercredi, à Montpellier.
Observer qu'une fraction
UMPiste menée par le président (contesté) Jean-François Copé puisse
appeler à manifester avec Génération identitaire et les jeunesses
nationalistes fut une expérience sacrément désagréable à droite. Pire,
la manifestation s'est terminée avec quelque 300 arrestations, quelques
journalistes et photographes agressés, des pancartes parfois
outrancières brandies par des "familles".
Le soir, Laurent Wauquiez, soutien opportuniste de François Fillon dans le combat pour la direction du Parti, lâche un furieux lapsus sur l'homosexualité, en direct à la télévision. Oui, l'homosexualité dérange ses valeurs. C'est dit, c'est dommage. "On a déjà tellement de mal à transmettre des repères et des valeurs à nos enfants..." explique-t-il. "Cela veut dire que l'homosexualité est contraire à vos valeurs ?" rétorque Jean-Luc Roméro, son interlocuteur d'un soir. "Non pas du tout"... bafouille Wauquiez, avant de se reprendre, "oui, elle est contraire.. euh... euh.."
"Ah vous venez de dire qu'elle est contraire à vos valeurs" conclut Romero.
Boum, c'est dit, c'est fait.
Christine Boutin nous fatigue.
Laurent Wauquiez nous fatigue.
La première ne compte plus. Le second voudrait compter. Pourquoi n'ont-ils pas dépensé autant d'énergie pour l'égalité pour tous ?
On s'interroge.