Une seule injection de cellules souches neurales capable de réparer un traumatisme médullaire? C’est ce que suggère cette étude internationale menée à l’Université de Californie – San Diego, sur la souris. Car sur l’animal, les cellules souches neurales humaines ont induit une régénération neuronale et amélioré la fonction cognitive et la mobilité de rats blessés à la moelle épinière. Ces résultats publiés dans l’édition du 28 mai de la revue Stem Cell Research & Therapy ouvre la voie à un prochain essai clinique chez l’Homme.
Le Dr Martin Marsala, professeur au Département d’anesthésiologie, avec des collègues à l’UC San Diego et d’autres chercheurs de Slovaquie, de la République tchèque et des Pays-Bas, ont effectué une greffe de cellules souches neurales dérivées de la moelle épinière humaine au site de lésion de la moelle de souris modèles de traumatisme médullaire, 3 jours après le traumatisme. Les scientifiques ont utilisé une lignée de cellules souches embryonnaires humaines récemment approuvée pour la phase 1 d’essais humains chez des patients atteints de lésions rachidiennes traumatiques chroniques. Les souris ont reçu un traitement anti-rejet.
Les chercheurs observent un certain nombre de bénéfices thérapeutiques, comme une diminution de la spasticité musculaire, l’amélioration du positionnement et du contrôle des pattes lors des tests de marche et le développement de nouvelles connexions entre les cellules souches injectées et les neurones de l’hôte. La spasticité est une complication grave et fréquente de blessures traumatiques de la moelle épinière.
· Les cellules souches humaines « prennent », au site de la lésion et les chercheurs constatent un phénomène de maturation neuronale chez les neurones humains greffés. Ils notent également l’absence de kystes ou de cavités qui peuvent se former autour des traumatismes médullaires. La cavité liée la lésion s’avère totalement comblée par les cellules greffées. Plusieurs « timings » de greffe ont été testés, mais quel que soit le délai de la greffe, après la blessure, les cellules souches comblent la cavité. Les cellules souches greffées, riches en facteurs de croissance, ont 2 effets, stimuler la régénération des neurones et remplacer partiellement les neurones perdus.
· Enfin les neurones greffés développent des contacts avec les neurones de l’hôte et, dans une certaine mesure, contribuent à restaurer la connectivité, au-dessus et au-dessous de la blessure.
L’objectif est donc de développer des cellules précurseurs neurales à partir de cellules souches pluripotentes induites issues de patients, ce qui permettrait d’éliminer la nécessité d’un traitement immunosuppresseur. En attendant, un petit essai de phase 1 devrait tester la sécurité et l’efficacité chez les patients qui ont subi une lésion de la moelle épinière thoracique de une à 2 années plus tôt, et qui n’ont plus de fonction motrice ou sensorielle au niveau ou au-dessous du site de la lésion spinale. Si cet essai confirmait la sécurité et l’efficacité, ainsi que la viabilité de la greffe, la régénération neuronale et la diminution de la spasticité, ce protocole pourrait être étendu à d’autres patients avec d’autres formes de traumatisme médullaire sévère.
Rappelons qu’en septembre 2012, était annoncée, dans la revue StemCells, une première transplantation de cellules souches neurales directement dans la moelle épinière d’un patient atteint de lésions de la moelle épinière.
Source: Stem Cell Research & Therapy doi:10.1186/scrt209 28 May 2013Amelioration of motor/sensory dysfunction and spasticity in a rat model of acute lumbar spinal cord injury by human neural stem cell transplantation(Visuel@UC San Diego School of Medicine Image en 3D, reconstruite via IRM montrant une cavité provoquée par une lésion de la moelle épinière, presque comblée avec des cellules souches neurales, de couleur verte. L’image du bas montre l’excroissance neuronale de neurones humains transplantés (en vert) et le développement de contacts (points jaunes) avec les neurones de l’hôte (en bleu)).
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