La banque indienne ICICI figurait déjà, depuis l'année passée, parmi les pionnières mondiales, en proposant à ses clients d'accéder à leurs comptes au sein de la plate-forme Facebook. Désormais, avec iWish, lancé en décembre dernier, elle a peut-être imaginé la première "application" bancaire réellement utile et pertinente sur le réseau social, alors que la plupart des institutions financières ne considèrent toujours celui-ci que comme un espace de communication.
Pour l'essentiel, iWish n'est pourtant qu'un compte d'épargne relativement peu original. En tant que produit bancaire, sa seule particularité est de permettre aux jeunes qui constituent sa cible prioritaire de définir leurs "souhaits" (l'achat d'un nouveau smartphone, un voyage...), auxquels ils vont affecter les économies qu'ils mettront régulièrement de côté. Bonne idée, certes, mais il s'agit là d'une option bien connue, qui se répand progressivement dans les offres de nombreux établissements.
En revanche, plus rare est la proposition qui est ici faite aux clients de partager l'avancement de leurs projets sur Facebook. Selon leurs préférences (tout est paramétrable à volonté), ils vont ainsi pouvoir associer leur profil à leur compte iWish et faire publier automatiquement sur leur "mur", la création d'un nouveau "souhait", les contributions qu'ils y apportent et/ou son taux de complétude. Si cette fonction peut sembler tenir du gadget, il faut tout de même réaliser que le simple fait de communiquer ses objectifs à ses amis et/ou sa famille est un facteur important de réussite.
Mais les annonces publiques sur le réseau social sont aussi un moyen de faire appel, plus ou moins explicitement, à la participation des proches à l'effort. Et cette stimulation est directement exploitée par ICICI. Ainsi, lorsque le client partage un événement d'un de ses projets avec ses contacts sur Facebook, un lien intégré au message permet à ces derniers d'accéder à une page web via laquelle ils vont pouvoir apporter leur contribution financière. Ces transferts d'argent sont ouverts à tous, clients de la banque ou non, puisque la transaction est réalisée par carte.
Cette utilisation des médias sociaux autour d'un produit d'épargne a déjà été esquissée par le passé par quelques startups (par exemple GoalCard) mais il me semble qu'elle est inédite parmi les banques. Elle mérite indubitablement d'être soulignée car, là ou la consultation des comptes sur Facebook pouvait être considérée comme une tentative d'installer une présence sans grande valeur, cette application exploite habilement les principes fondamentaux d'un réseau social (échange, partage, dialogue...).
Plutôt que de poursuivre la course aux "likes" sur leurs comptes "institutionnels", qui ne se traduisent généralement pas en valeur d'engagement client (dans la majorité des cas, ce sont plutôt les cadeaux offerts qui justifient ces déclarations d'amour intéressé), les institutions financières devraient peut-être lancer plus d'initiatives du genre de celle d'ICICI. Elles n'en tireront pas plus d'occasions de dialogue avec leurs fans mais l'impact sur les utilisateurs de Facebook sera certainement beaucoup plus puissant.