Ils ne se retournent pas pour dire adieu à l’exil,
un autre les attend. Ils se sont habitués
à tourner en rond,
sans devant, sans arrière,
sans nord ou sud. “Ils migrent”
de la clôture vers le jardin et laissent un testament
dans chaque mètre du patio de la maison :
“Après nous, ne vous souvenez
que de la vie…”
“Ils voyagent” du matin verdoyant
à la poussière du midi,
portant leurs cercueils emplis
des objets de l’absence :
une carte d’identité et une lettre d’amour
pour une femme à l’adresse inconnue :
“Après nous, ne te souviens
que de la vie…”
“Ils migrent” des maisons vers les rues,
faisant le V blessé de la victoire et disant
à quiconque les voit :
“Nous vivons encore,
ne vous souvenez pas de nous !”
Ils sortent du récit pour respirer et s’ensoleiller.
Ils rêvent de voler plus haut…
et encore plus haut.
Ils s’élèvent et se posent, partent et reviennent,
sautent des céramiques anciennes
vers les étoiles
et reviennent dans le récit…
Pas de fin au commencement.
Ils fuient la somnolence
vers l’ange du sommeil,
blanc. Leurs yeux ont rougi
d’avoir tant contemplé
le sang répandu :
“Après nous,
ne vous souvenez
que de la vie…”
Mahmud Darwish