La croissance économique s’établit à +3,1 % en 2012,
légèrement en deçà de la prévision officielle à +3,4 %, à cause de la
sous performance du programme d'investissement (taux de non-réalisation
de 19 %, contre 15 % en 2011). Devant les députés réunis pour la session
d’hiver de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP), M. Raul
Castro a fustigé l’immobilisme, la superficialité, l’improvisation et le
manque de préparation des projets d’investissement. Dans son ensemble,
les activités sociales sont restées au même niveau qu’en 2011 alors que
le reste de l’économie a cru de 4,5 % sur un an. Pour 2013, les prévisions officielles donnent une croissance à +3,7 %.
Sur le plan extérieur, Cuba a reçu 2,8 millions de visiteurs étrangers (+4,9 % sur un an) qui ont généré en 2012 près de 2 Mds USD. La moitié des touristes vient du Canada (1 million en 2012). Pour 2013, les autorités prévoient une hausse du nombre de touristes de 8,5 % et des revenus de +12,5 %.
Par ailleurs, les objectifs de production non atteints dans le secteur
agricole ont entrainé un surcoût d’importations de produits alimentaires
de 38,3 MUSD, pour une facture globale de 1,6 Md USD (contre
1,7 Md USD en 2011). Au total, les importations de marchandises se sont
repliées plus rapidement que les exportations de marchandises
(respectivement -2,7 % et -2,2 %) ce qui a conduit à un resserrement du déficit commercial. Les transferts privés, estimés à 2 Mds USD, restent dynamiques. Cette légère amélioration du compte courant a permis à l'Etat cubain de poursuivre progressivement sa politique de désendettement extérieur sur ses engagements financiers pris ces dernières années.
Les autorités cubaines gèrent leurs finances publiques avec davantage de discipline et de rigueur. Le déficit budgétaire est maintenu dans une zone réversible (-3,8 % en 2012 tout comme en 2011).
L’augmentation des recettes fiscales a facilité le financement d’une
partie des dépenses d’urgence liées au passage dans les provinces
orientales de l'ouragan Sandy. Elle a également permis l'amortissement
de la dette du fonds de roulement pour les agriculteurs et la
recapitalisation des entreprises publiques et du système bancaire. La
nouvelle loi fiscale, promulguée en décembre 2012 pour une entrée en
vigueur en 2013 (avec toutefois 9 impôts qui ne seront appliqués
qu’ultérieurement) devrait générer dès 2013 une hausse des recettes budgétaires de 1,8 % sur un an. Même tendance pour les dépenses publiques qui pourraient augmenter de 2 % à cause de la reconstruction des provinces orientales.
Les autres postes pourraient continuer de se tasser en 2013 grâce
notamment à une baisse des subventions aux entreprises publiques
déficitaires (-38 % sur un an) et à la poursuite de la contraction du
nombre d’employés de l’Etat. Au total, les autorités cubaines prévoient un déficit budgétaire à 3,6 % en 2013.
La productivité du travail a augmenté de 2,1 % sur un an, rythme équivalent à celui du salaire mensuel moyen (+2,2 % à 465 pesos, soit 19 USD), grâce notamment à l’augmentation de l’emploi privé (+23 % sur un an pour s’établir à près de 400 000 entrepreneurs en compte propre) qui a plus que compensée la baisse des effectifs publics (-5,7 % sur un an). Le secteur privé pourrait continuer de croître, tracté par une possible augmentation du nombre d'activités autorisées et la création de coopératives non agricoles
(décret-loi n°305). Une telle expansion contribuera à réduire le
sous-emploi dans le secteur public (1 million employés publics seraient
en surplus) tout en maintenant le taux de chômage officiel autour de
3,8 %. Quant à la productivité du travail, elle pourrait augmenter de
2,6 % en 2013 selon les autorités cubaines.
Après les levées des interdictions,
les réformes aborderont désormais des thématiques plus ambitieuses à
même de structurer le futur modèle économique cubain. M. Marino
Murillo Jorge, Vice-Président du conseil des Ministres et chef de la
commission permanente en charge des réformes, a confirmé aux députés la
poursuite de la conceptualisation du futur modèle économique cubain. Alors que 2012 aura été l’année des coopératives
(augmentation de la superficie de terres remises en usufruit à 67,10
hectares, possibilité d’y construire des bâtiments, davantage
d’autonomie pour les coopératives UBPC et lancement à titre
expérimentale de 230 coopératives non agricoles), 2013 pourrait être l’année de l’autonomie des entreprises publiques (séparation de la fonction régalienne de celle d’entreprise). Qui plus est, des réflexions sont en cours pour faire évoluer le code du travail, créer un marché d’approvisionnement pour le secteur privé et modifier la loi n°77 portant sur les investissements directs étrangers.
Sur le plan international, la diplomatie
cubaine devra gérer en 2013 plusieurs défis régionaux. Depuis près d’un
an et demi, l’irruption de la maladie du président vénézuélien M. Hugo
Chavez ravive les craintes sur la dépendance de l’économie cubaine
envers son allié bolivarien. Face aux risques de rupture ou de
diminution graduelle des engagements vénézuéliens envers Cuba, la diplomatie cubaine pourrait chercher à diversifier les partenariats économiques. A partir de janvier 2013, Cuba prendra pour un an la présidence de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac).
M. Raul Castro affirme vouloir placer le mandat de son pays sous le
signe de l'indépendance de la région Amérique, du développement, de
l’intégration et de la justice sociale. Sur le plan bilatéral, le Chef de l’Etat a réitéré son appel à un dialogue respectueux et sans conditions préalables avec les Etats-Unis. L’année
2012 aura connue des avancées dans le rapprochement entre les
différentes communautés cubaines (celle restée sur l’ile et la
diaspora), avec notamment la possibilité pour un particulier d’envoyer directement des colis par voie maritime depuis les Etats-Unis, la nouvelle loi migratoire et la suppression de la taxe sur les communications téléphoniques avec les Etats-Unis.