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Affaire Liberty Reserve

Publié le 31 mai 2013 par Egea
  • Cyber
  • Etat
  • Guerre économique

Encore une affaire de "guerre économique et fiscale", qui mérite d'être un peu dépiautée. Or donc, Le Monde nous annonce (ici et ici), triomphalement, que les Etats-Unis ont démantelé une sorte de banque privée, au motif qu'elle recyclait de l'argent sale. Ma foi, si les États-Unis démantelaient toutes les banques qui recyclent de l'argent sale, ben il n'y aurait plus de banques, hein ? Donc ? Ah! oui, cela serait abrité dans les paradis fiscaux. Bon, ben même remarque. Vous me direz, démanteler les paradis fiscaux exotiques, ça permet de dresser des barrières douanières pour nos paradis fiscaux à nous, ceux en Europe (Jersey, Luxembourg, City) ou aux États-Unis (Delaware). Mais Kempf, vous n'y comprenez rien... Il y a autre chose : ce n'était pas de la vraie monnaie...

Affaire Liberty Reserve
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Vraiment ? examinons...

En fait, la vraie nouveauté, c'est que Liberty reserve utilise une monnaie virtuelle. Une cybermonnaie. Et une monnaie privée...

C'était jusqu'à présent anecdotique. Mais voilà que cela ne l'est pas, et qu'au fond, les Etats ont voulu mettre un hola.

N'exagérons pourtant pas : 6 milliards de dollars en sept ans, c'est peanuts, rapporté au million de clients annoncés par l'article : 6000 dollars par tête, ce n'est pas du blanchiment ni du paradis fiscal, restons sérieux. La criminalité utilise de l'argent, du dollar ou du yen ou n'importe quoi.... L'argument ne tient pas.

L'article n'indique pas le rythme : il est probable que la croissance a dû exploser les deux dernières années. Là est le vrai motif d'inquiétude.

Passe encore qu'on utilise des circuits détournés, pourvus qu'ils soient libellés en dollars : cela continue de reconnaître la suprématie de celui-ci, qui constitue la vraie arme géopolitique américaine, et peut-être la seule qui lui reste. Ceci explique tous les raidissements que l'on observe ces derniers temps : contre les paradis fiscaux (suisses ou exotiques), contre les optimisations fiscales (affaire apple) et maintenant contre Liberty reserve.

Là est la vraie guerre du moment : celle entre l'Etat, et des acteurs individuels qui essayent de contourner l'Etat, au motif de la dérégulation. Et que les États sont acculés ...

Les acteurs ont alors deux stratégies possibles :

  • soit croire que la dérégulation va se poursuivre, et que les Etats seront obligés de céder
  • soit croire que s'ils cèdent, ils se suicident ; et qu'ils vont considérer qu'ayant le monopole de la violence, légitime ou pas, ils vont l'exercer; et que c'est une lutte à mort...

On n'a pas fini de rire...

Réf : On lira, entre autres billets :

  • celui-ci sur l'affaire Apple (mai 2013)
  • celui-ci sur lerapport entre la dette et l'Etat (mars 2012)
  • celui-ci sur les cyber monnaie, à partir de la onanire Facebook (juillet 2010)

O. Kempf


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