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Journal de Vienne - Episode 4

Publié le 12 janvier 2008 par Filipe93
Journal de Vienne
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Episode 6
23/12/07, 16h30, à l’hôtel. Österreïch, terre de contraste !
Où le sauna est totalement gratuit mais le wifi payant où que ce soit.
Où les agents de sécurité sont à ce point aimables qu’ils s’excusent de vous contrôler, mais où il vous est demandé expressément de garder votre droite dans les escalators.
Où les plus beaux monuments de la peinture moderne sont regroupés dans le magnifique palais impérial du Belvédère, mais dans lequel l’éclairage est si catastrophique qu’il est impossible d’admirer les Klimt ou les Schiele sans se contorsionner dans tous les sens pour éviter le reflet des vitres !
Bon, voir « Le baiser » en vrai vaut bien un torticolis… mais tout de même. J’imagine qu’il a bien fallu réanimer quelques professeurs d’histoire de l’art devant une scénographie si décevante, choqués que personne n’ait eu la présence d’esprit de mettre un simple rideau devant les fenêtres.
Cependant, il suffirait d’exposer l’indispose au froid viennois pour le ressusciter illico.
Ici, le froid s’immisce dans vos entrailles et les congèle à l’azote. S’infiltre par les coutures de votre jeans et vous crispe les testicules jusqu’à les réduire à l’état de petits raisins secs en cristal. Pénètre vos sinus et atomise un par un vos neurones jusqu’à transformer votre cerveau en champ de bataille abandonnée par les belligérants depuis près d’un demi-siècle.
D’ailleurs, je crois que j’ai choppé l’une de ces saloperies qui refroidit la cervelle et vous laisse sans énergie pendant plusieurs jours. Le froid est nocif, ici ; certainement l’une des raisons pour laquelle l’empire a duré si longtemps.
En parlant d’empire, le palais de Schönbrunn a été figé dans le souvenir de Sissi (on le prononçe "Sizi", ici) et de la famille impériale, mais pas forcément d’une façon très heureuse. Les visites y sont organisées au pas de charge après être passés dans une gare de triage façon aéroport ; rien qui ne rende hommage à la superbe des lieux, au goût absolument charmant de la famille impériale pour la décoration, un goût à la fois sobre et baroque, autrichien et asiatique, terriblement chargé et aéré au-delà de toute mesure humaine.
La mémoire des anciens occupants des lieux aurait mérité mieux que ce parcours millimétré tenant plus de la bousculade touristique que de la mise en valeurs du patrimoine.
Österreïch, terre de contraste !

24/12/07, 17h, à l’hôtel.
La Haus Der Musik est une supercherie sur cinq étages.
Allez, soyons généreux : le second étage, consacré aux grands compositeurs, peut valoir le détour. Leur présentation fleure bon l’anecdote de comptoir (Mozart le franc-maçon, Beethoven qui déménage tous les six mois…) mais demeure dans les limites de la décence.
Le reste est une promenade surréaliste aux milieux de bruits de plomberie et d’intestins malades, d’animations multimédias se voulant pédagogiques mais n’étant même pas démonstratives, de jeux incompréhensibles produisant un vacarme qui ferait honte aux hôtes du second étage. Le tout donne une impression de prétention totalement hors de propos, dans une ville qui n’a pourtant pas besoin de ça pour impressionner.
Depuis maintenant quelques jours que nous trainons dans le centre, mon impression initiale ne s’est pas démentie : elle est démesurée, au-delà de toute proportion.
Vouloir englober les dômes intérieurs du Hofbourg (les appartements impériaux) finit par vous donner le tournis et vous laisse pantelant devant un spectacle avec lequel seul celui de la voute céleste peut rivaliser.
On se sent véritablement au cœur d’un empire plusieurs fois centenaire, qui a voulu que sa richesse rayonne dans la moindre artère de la vieille ville.
Les bâtiments sont énormes, baroques et rococos, le plus humble étant décoré en façade comme le serait le plus bel intérieur versaillais.
Les églises qui se cachent au recoin des petites places dévoilent presque timidement de magnifiques fresques où les martyrs et les saints affichent des profils slaves, parfois orthodoxes, dans des volumes Bauhaus ou des ornements Art Nouveau.
Elles ne semblent se retenir que par pudeur, pour laisser s’exprimer la folie architecturale de la très gothique cathédrale Stephansdom, dont la visite est prévue pour demain.
En attendant, nous trompons notre sensation d’avoir été dupés par la Haus der Musik en admirant les bâtiments universitaires (on appelle ça « une déformation professionnelle »).
(Prochaine épisode : Folie architecturale et radinerie institutionnalisée !)
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