Le pathétique mensonge de Hollande n’a visiblement pas impressionné la Commission Européenne. Le président de la République avait prétendu à sa dernière conférence de presse que la Commission ne « demand[ait] rien sur les retraites ». Les androïdes de Bruxelles ont donc répété d’un ton monocorde dans leurs recommandations publiées le 29 mai leurs demandes sur le sujet. Ils ont même fixé cette fois une date butoir à leur ultimatum. Ils exigent que nous réduisions une nouvelle fois nos retraites avant la fin de l’année, en jouant sur la durée de cotisation, l’âge légal, le montant des pensions et les régimes spéciaux. Mais sans augmenter les cotisations patronales ! La Commission applique ainsi le TSCG signé par Hollande. Son article 7, que Hollande n’a pas jugé utile de renégocier, lui donne le pouvoir de faire des recommandations aux Etats. Barroso l’a traduit pour nous dans la langue de Pierre Dac : « Les pays européens peuvent se gouverner eux-mêmes, s’ils suivent les recommandations de la Commission ». Le document se permet ainsi de juger notre SMIC trop généreux, le niveau de l’impôt sur les sociétés trop élevé, les taux réduits de TVA trop nombreux… Si Bruxelles n’est pas satisfaite de la réponse française, le traité Merkhollande lui permet de suspendre son « sursis » sur nos déficits et d’engager la procédure des sanctions.
Les derniers traités européens, depuis la forfaiture du traité de Lisbonne jusqu’au TSCG en passant par les mécanismes de sauvegarde financière, two-pack et autre six-pack sont en train de provoquer une catastrophe européenne. Jamais les politiques européennes n’ont été aussi convergentes… vers le désastre. Officiellement « gardienne des traités », la Commission est désormais gardienne de l’orthodoxie libérale et donc des peuples qui doivent s’y soumettre. Dans son rapport, elle demande à l’Espagne ravagée par le chômage et la précarité de faciliter plus encore les licenciements et reproche aux Pays-Bas un régime de retraite trop généreux après qu’ils aient reculé l’âge de départ à 67 ans ! Peu importe que cette austérité en chaîne détruise l’économie réelle. L’essentiel est d’arracher les réformes néolibérales grâce à la crise.
Or dans le programme binaire des androïdes de Bruxelles, l’inactif est un zéro. L’optimum comptable, c’est travailler jusqu’à sa mort. On y arrive. Tandis que l’âge de la retraite recule, l’âge de la mort avance. L’Allemagne fait à nouveau figure de modèle européen. L’espérance de vie y baisse depuis des années. La France est touchée à son tour. Mais moins que les Etats-Unis. Aux dégâts des réformes du marché du travail s’ajoute là-bas la dégradation des systèmes de soin et la mauvaise qualité de l’alimentation. Les commissaires européens sont donc impatients de nous faire bénéficier de ces avancées. Le Grand marché transatlantique leur permettrait d’un seul coup d’ouvrir l’Europe aux poulets lavés au chlore, bœufs aux hormones, voitures polluantes, tout en détruisant des milliers d’emplois industriels et en organisant la concurrence contre les services publics.
Au bout d’un an de mandat, le grand nombre a compris que Hollande n’exercerait aucune résistance, même par inertie, à l’Europe austéritaire. Le Front de Gauche est le seul point d’appui, comme le confirme le grand nombre de répliques réussies au 5 mai qui se sont tenues samedi et dimanche derniers. A nous donc de préparer méthodiquement le combat pour défendre nos retraites et rejeter le GMT. Karel de Gucht, commissaire au commerce, Olli Rehn, commissaire aux affaires économiques, Barroso, commissaire à rien, tous trois non élus, prétendent les imposer à un peuple souverain ? C’est aussi notre liberté que nous défendons en résistant à l’Europe des commissaires.