Grâce au capitalisme et au libre échange, le monde sort de
la pauvreté, dit The Economist. Ce qui me laisse dubitatif. Ce qui ne me va pas
est la définition même de pauvreté. Les indiens d’Amazonie sont pauvres, nos ancêtres étaient pauvres, les animaux sont pauvres. On est pauvre lorsque l’on n’obéit pas au
modèle capitaliste. Tout le génie de l’Occident aurait-il été d’avoir défini le progrès comme le degré d’adhésion du monde à ses valeurs ?
M.Poutine, pour sa part, représente le mal. Il utilise la
confrontation avec l’Occident pour se maintenir en poste. Il semble extraordinairement
habile, et les Russes particulièrement crédules. « Le nombre de ceux qui croient que la Russie a des ennemis étrangers est passé de 13% en 1989 à plus de 70%. » En France, comme je le
soupçonnais, M.Moscovici mène des manœuvres européennes sous-marines : « Quand il est devenu clair, l’année dernière,
que la France n’allait pas atteindre l’objectif des 3% - bien avant que le
gouvernement l’admette, il a commencé des discussions discrètes avec Olli Rehn,
le commissaire européen à l’économie. Les deux hommes, l’un socialiste
français, l’autre libéral finlandais, forment un curieux couple, pourtant ils
ont construit une « excellente relation » ». En Italie, la
coalition gauche, droite a gagné des élections. La montée du parti cinq étoiles
est-elle irrésistible ? Et il y a encore du monde pour vouloir rejoindre l’Europe,
et la zone euro. Curieusement. C’est maintenant au tour de la Lettonie. Elle
veut échapper à « l’emprise de la Russie ». « En adhérant, elle gagnera un siège à la
table de négociation, des coûts d’emprunt plus faibles, et elle attirera des
investissements étrangers. Et, dites-le doucement, la Lettonie aurait accès aux
liquidités de la BCE et aux fonds de sauvetage, au cas où la crise reviendrait. »
En échange, la zone euro gagne une plaque tournante du commerce et de la
circulation de fonds russes. Mais l’Europe aurait bien mauvaise grâce de se
plaindre. N’est-elle pas chargée de tous les pêchés ?
Et maintenant, un voyage chez les bons. La Suède, grande
donneuse de leçons économiques et morales, est en feu. « l’économie se débat avec une baisse de la
demande de la zone euro et une monnaie forte ». L’Allemagne va-t-elle
exporter son modèle d’apprentissage ? Pas simple. « La tradition de coopération entre l’Etat,
les syndicats, les employeurs et les écoles a mis des générations pour se
construire ». Et il n’est peut-être pas si bon que cela. En effet, il
était déjà là lorsque l’Allemagne était en crise et surtout, « il apparaît que les connaissances acquises
par un enseignement professionnel deviennent rapidement obsolètes ». Les jeunes espagnols les mieux qualifiés quittent leur pays. Or sa population vieillit vite. Qui va nourrir ses retraités ? En
Angleterre, les jeunes partagent les valeurs de The Economist. Ils ne se mêlent
pas des affaires des autres et se méfient de la protection sociale, contrairement
à leurs parents. Malheureusement, ils ne sont pas prêts à se battre pour leurs
idées. The Economist soupçonne que tout ceci est une question de
conditionnement. Les USA envisagent de légiférer quant à l’usage des drones. Ils craignent que des nations mauvaises, Chine, Iran, Russie… ne suivent leur
exemple et ne se mettent à frapper leurs opposants en dehors de leurs
frontières. Mais est-ce bien utile ? L’Amérique ne nous a-t-elle pas
simplement rappelé que la loi qui s’applique au monde est celle du plus fort ?
Au Japon, les réformes économiques de M. Abe donnent des signes inquiétants. Les
taux des obligations d’Etat grimpent alors que le pays est massivement endetté.
Apprentis sorciers ? Décidément, M. Abe n’a pas de chance, il voulait
faire voter une loi qui lui aurait permis de transformer aisément la
constitution du pays, et de revenir à un nationalisme d'avant guerre, mais il ne semble plus pouvoir
disposer de la majorité nécessaire. Heureusement, il y a la Chine. Le Japon
fait des affaires avec les pays qu’elle inquiète (notamment la Birmanie).
Technologie de l'information et destruction créatrice. La presse apprend à utiliser les informations véhiculées par les réseaux sociaux. Montée des plates-formes électroniques internationales créant un marché mondial du travail. Risque de « déplacer l’emploi vers les pays pauvres » ? En tout cas,
il semble qu’il y ait une tendance au morcellement du travail : « entre un cinquième et un tiers des
travailleurs américains sont maintenant des indépendants ou des intérimaires,
ils n’étaient que 6% en 1989. » Le marché des serveurs (ordinateurs)
change. On utilise des sous-traitants ou on les construit soi-même (Cisco) plutôt
que de les acheter chez IBM ou HP.
L’entreprise privée veut conquérir Mars. Elle a trouvé un
moyen de pallier son manque de ressources : il y a des volontaires pour
prendre des risques. Soit d’un aller et retour sans escale, avec une
probabilité d’un tiers de survie, soit d’un aller unique, avec installation. Pour
le reste l’argent viendrait des droits de diffusion médiatique de cette forme
de « reality show ». Mars n’est-il pas le nom approprié à des jeux du
cirque ?