Magazine Internet

La clientèle se maintient dans les casinos québécois

Publié le 04 juin 2013 par Alain Dubois

Vendredi, dans le cadre de l’examen parlementaire du projet de vendre de l’alcool dans les aires de jeux des casinos, le journaliste Jean-Marc Salvet du Soleil a rapporté l’argument de Loto-Québec selon quoi les joueurs québécois ne jouent pas moins qu’auparavant mais qu’ils joueraient ailleurs. La proportion des clients locaux dans les casinos québécois serait passée de 21% à 17% de la population. Attention, cette statistique ne concerne que la proportion et non la quantité des clients locaux.

Dimanche dernier, Le Soleil a publié les statistiques de la fréquentation des 4 casinos depuis 2008. Si on construit le graphique des données publiées dans le tableau, on constate que la clientèle à Montréal est pratiquement stable dans la mesure où on y considère la clientèle du nouveau casino de Mont-Tremblant. En valeur absolue, la clientèle a diminué à Montréal mais, plausiblement, parce que ses visiteurs se partagent dorénavant entre Montréal et Mont-Tremblant. À Charlevoix, c’est très stable malgré la concurrence créée par le salon de jeu (Ludoplex) de Québec.

ventedalcooldanslesairesdejeux_jeanleblond_2013-05-31_.png

Il n’y a qu’au casino du Lac Leamy où une baisse est constatable. Durant l’audience du 29 mai, le président de Loto-Québec a mentionné que les joueurs québécois dépenseraient 42 millions au racino de Rideau-Carleton. Le mot racino est la contraction des mots anglais racing et casino. Il s’agit essentiellement d’un hippodrome où on a installé quelques centaines de machines à sous. Dans ce cas, ce n’est plus très compliqué à comprendre. Parce qu’il n’y en a plus au Québec, certains joueurs traversent en Ontario pour vivre l’ambiance des hippodromes et parier aux courses de chevaux. La vente d’alcool dans les aires de jeux n’y a rien à voir.

Bref, les données présentées à la Commission ne sont que de la poudre aux yeux. Alors, pourquoi est-il si important de faire consommer de l’alcool pendant que le joueur joue. Il y a bien sûr la possibilité de faire jouer plus longtemps et d’augmenter la probabilité des paris risqués. Mais, il y a aussi la question des meilleures pratiques. Devant les tribunaux, il s’agit d’un concept majeur de la défense commune des compagnies qui exploitent des produits créant une dépendance physiologique ou psychologique (tabac, alcool, jeu, sucre). Le Québec et le Nouveau-Mexique sont les deux juridictions en Amérique du Nord qui empêchent les associations de casinotiers et exploitants privés du jeu d’invoquer cette défense contre les joueurs qui pourraient subir des dommages auxquels contribuent les incitations à consommer simultanément de l’alcool et du jeu.

Quand on constate comment, cette semaine, les députés ont utilisé les vieux trucs de l’industrie du tabac pour tenter de soulever un tollé contre la santé publique, on a de bonnes raisons de se questionner à savoir si l’alcool au casino vise davantage à protéger les finances publiques que les intérêts des casinotiers hors Québec.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alain Dubois 1019 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte