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L’idée de nation, une fosse à purin

Publié le 04 juin 2013 par Mister Gdec

ndngNATION : « Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.

Une nation est une communauté humaine ayant conscience d’être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu’entité politique, la nation, qui est un concept né de la construction des grands Etats européens, est une communauté caractérisée par un territoire propre, organisée en Etat. Elle est la personne juridique constituée des personnes régies par une même constitution. (source : la Toupie)

 Je me devais de répondre aujourd’hui  à ce commentaire peu amène et d’une grande intolérance de surcroît à toute idée  divergente de la sienne, d’une adepte d’Asselineau, qui en suit d’autres du même gabarit… Les lecteurs apprécieront :

  Vous êtes au mieux un idiot utile et si tel est le cas je vous conseille de lire la constitution française, vous comprendrez en quoi la souveraineté nationale est la base de la démocratie. Au pire vous êtes un traître dont l’objectif est de détruire la France et la constitution qui nous protège au profit de l’oligarchie industrielle et financière. […]si vous êtes honnête vous finirez, comme je l’ai fait, par rejoindre l’UPR.

 J’ai corrigé les fautes d’orthographe de cette Rosy, brillante scientifique assurément, par pur respect de la langue française,  que j’apprécie.  Les idées, elles, sentent mauvais. En gros, « si vous ne pensez pas comme moi, vous êtes idiot et malhonnête ». Et même tiens,  allons plus loin dans la force de la pensée positive et rationnelle de ces gens là,  qui se revendiquent toujours quasi systématiquement de fonctions professionnelles dont les fondements se prévalent d’un  pragmatisme consubstantiel  supérieur et indiscutable¹, disons le franchement, je suis un traître à la patrie…  Un ennemi de la Nation française. Ben tiens… Pour sûr !  Et encore plus qu’elle ne le pense… La preuve étincelante en sera donnée plus bas.

 La promesse que j’ai faite hier au tenancier du blog Socialisme Critique, dont j’ai salué il y a quelque temps l’éclosion en le découvrant à l’occasion de ce billet, me permet de répondre à présent avec un peu de fond à cette insulte suprême, tout en m’éclaircissant mes propres valeurs politiques sur le sujet. Grâce au travail de compte-rendu et d’analyse du bouquin de Zeev Sternhell par Antoine, le tenancier de Socialisme Critique,  je suis heureux de constater que d’autres,  beaucoup plus efficients probablement sur le plan de la rationalisation conceptuelle et de l’analyse politique que moi-même,  partagent mes propres conclusions sommaires quant aux tentatives d’effacement des frontières idéologiques. Merci donc à Antoine de nous faire part du contenu de ce livre, que je vais probablement me procurer moi aussi. Si je suis si enthousiaste, c’est que ce texte me donne à point nommé  la matière historique qui me manquait pour étayer le  thème central de ce billet. Je veux parler d’une impasse que j’ai résumée ces derniers temps sous le terme de confusionnisme (cf. Chouard, Asselineau). Et dont il m’apparaît à présent que,  sous couvert de défendre la participation populaire et l’esprit démocratique (ce qui pourrait tout à fait me convenir s’il n’y avait que cela…), ces gens là se caractérisent également par leur volonté commune de se placer au dessus des partis et leur volonté d’effacer la notion de droite et de gauche selon eux archaïque… Je comprends leur désillusion et leur aigreur face aux aprtis politiques traditionnels. Mais cela n’excuse pas tout.  Surtout quand j’apprends également qu’ils se montrent volontiers – plus ou moins discrètement et avec plus ou moins de finesse d’ailleurs, attachés à l’idée de nation par le biais de ce cheval de Troie qu’est le souverainisme. Pour ma part, la nation et son corollaire, le nationalisme, sont des notions que je récuse fortement, où qu’ils s’expriment, à droite ou à gauche comme au centre. La thèse centrale de ce livre qui démontre que les rouge-bruns ont pris une part importante à la collaboration ne m’est aucunement surprenante. National et socialiste…  Souvenez-vous.  Seuls des individus ne tirant jamais de leçons du passé pourraient penser que le fascisme et les idées nauséabondes niant le respect minimal de l’être humain pourraient ne s’exercer qu’à l’extrême droite. C’est faux, bien entendu… Et c’est justement là où le bas blesse,  ce nœud idéologique central,  puisque mes écrits antérieurs sur le confusionnisme semblent fortement en gêner certains, surtout dans nos "propres" rangs, au point qu’ils estiment nécessaire de venir empoisonner ce blog avec leur venin… Je connais trop la violence de certains pro-palestiniens, pour seul exemple,  qui se commute  si volontiers en un anti-sionnisme de bon teint (masquant parfois un réel antisémitisme) pour partager leur haine de l’autre. Quand bien même porterait-elle les oripeaux d’une certaine gauche… je renie cette gauche là,  qui n’est pas la mienne quand elle ne respecte pas un minimum de valeurs communes.

A mon sens, cette idée de nation, accouplée en une liaison contre-nature donnant forcément des monstres sans tête (ou avec trois ?) est non seulement un peu vieillotte, voire dangereuse, mais aussi (on peut toujours en effet représenter l’adversaire politique archaïque de quelqu’un(e) d’autre )  et surtout criminelle. Et je pèse mes mots.  Car pour défendre l’idée, le concept éculé de nation, combien de crimes, de guerres, de pogroms, de ratonnades et d’autres joyeux délits n’a-t-on pas commis en son nom !!?? Pour préserver l’idée de nation, doit-on comme le déclarent sans honte certains chasser de France tous les homos, les arabes, les juifs, les communistes, les athées… et quoi d ‘autre ?

  En outre, devrait-on accepter si facilement que les capitaux traversent les frontières à la vitesse de la lumière là où les hommes, les femmes et les enfants devraient passer à pied ? Faudrait-il continuer d’accepter que les êtres humains prennent moins d’importance que les capitaux ? Là est la vraie question. Je suis personnellement,  dans un autre monde régi par un projet politique idéal – dont je suis tout à fait conscient de la dimension utopique – un cosmopolite invétéré, adepte de la dissolution des frontières, et de l’effacement de l’idée que j’estime devoir être dépassée de nation. Car l’on voit trop bien quelles bêtises on a commis (et l’on commet encore) en son nom. Ne justifie-t-elle pas tant de violences et d’aberrations qui vont à l’encontre des valeurs humanistes traditionnelles et de la nécessaire lutte contre les discriminations ?

 # Antifa un jour, antifa toujours…

 Pour moi, l’idée de nation est un enfermement historique que je me dois de combattre. En ce sens, je suis effectivement un ennemi non seulement de la nation, mais aussi de la patrie, autre notion qui à mon sens s’y rattache, et envers lequel je ressens le même a priori négatif. Mais si je dois mettre de côté pour quelques temps encore mon projet politique utopique de fin des frontières nationales, il n’en demeure pas moins que je suis régi comme membre de cette communauté nationale (un peu trop) française par les mêmes règles que les autres, définies par écrit dans notre constitution. Cela tombe bien, je milite comme beaucoup de gens à gauche pour l’idée que la constitution de notre 5ème république pourrissante est obsolète, et qu’elle doit être remplacée par une autre règle de vie ensemble, définie par et pour le peuple, dans le cadre d’assemblées constituantes. Ce projet politique, c’est celui d’une 6ème République.  Un projet que ne partagent manifestement pas les gens qui ont tout intérêt à semer la confusion dans les esprits pour ne surtout pas remettre en cause leur propre hégémonie dans le domaine des idées. Sauf que la pensée et l’action politique sont plurielles. Et c’est très bien ainsi. Tant qu’elles ne menacent pas l’équilibre et l’harmonie du plus grand nombre, et respectent des valeurs fondamentales telles que définies dans une devise nationale que, pour le coup, je ne réfute pas, mais dont je souhaiterais ardemment qu’elle s’illustre et s’incarne plus visiblement dans notre vie quotidienne et le fonctionnement de nos institutions : Liberté. Egalité.  Fraternité.

 Et pour le coup les adeptes des écoles de confusionnisme bien françaises ne s’en inspirent que très librement… A leur sauce bien trouble. Face à mes propos qui ne reflètent que ma seule pensée et mes propres sentiments, et mes propres ébauches d’analyse, leur fraternité ne m’est pas apparue comme évidente.  Il semblerait que la volonté d’insulter et/ou d’humilier dépasse largement celle de débattre…  Et c’est donc ma fierté que d’avoir de tels ennemis. Ce pays mérite en effet des évolutions sociétales plus humanistes à l’avenir que celles que nous constatons actuellement, qui frisent bien davantage la régression générale. Hormis la dernière loi sur le mariage pour tous, que j’approuve sans réserve. C’est pourquoi je me bats pour transformer nos institutions, dans la perspective d’une 6ème République. Qui m’aime nous suive…

  ¹ J’en profite d’ailleurs pour remercier Dune de fiel pour sa réponse, qui m’a permis d’économiser une précieuse énergie utile ailleurs, avec un talent tout aussi certain que le mien, et moult arguments…


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