Celui que l’on peut appeler » le patient caché « , c’est-à-dire le conjoint ou le partenaire qui prend ou a pris soin de son conjoint atteint d’un cancer du sein, souffre aussi. Cet impact du cancer de l’ » autre » sur la santé est mesurable, même des années après le diagnostic du cancer et la fin du traitement. Les partenaires comme les survivants du cancer sont à risque accru d’anxiété et de dépression, mais de manière différente, comme l’explique cette étude publiée dans le Lancet Oncology. Des conclusions qui appellent à renforcer le soutien aux familles.
Car contrairement à l’idée reçue, les survivants du cancer ne présentent pas, à long terme, un risque considérablement accru de dépression par rapport aux personnes en bonne santé. C’est l’anxiété, avec un risque accru de 27%, qui domine, à la sortie d’un cancer. Et leurs partenaires vont présenter des taux encore plus élevés d’anxiété.
Le Dr Alex Mitchell, de l’Hôpital de Leicester (Royaume-Uni), auteur principal de l’étude rappelle combien la dépression reste un problème important juste après le cancer, mais qui tend à disparaître après les 2 années qui suivent le diagnostic, hors complications. L’anxiété, moins recherchée et diagnostiquée après un diagnostic de cancer, elle, va perdurer 10 ans après le diagnostic. Alors que la durée de survie tend à augmenter, la santé mentale des survivants et de leurs familles devient donc une priorité de santé.
Prendre en charge l’anxiété, tout autant que la dépression: Cet examen de 144 publications et cette méta-analyse des 43 études retenues, dont 16 ayant évalué la prévalence de dépression et 10 celle de l’anxiété des survivants, 12 la dépression et 5 l’anxiété des conjoints, a porté au total sur plus de 50.000 survivants du cancer et leurs conjoints et 220.000 contrôles sains.
· Sur la série d’étude « Survivants/témoins sains »,
- la prévalence de la dépression s’élève à 11,6% chez les survivants du cancer vs 10,2% chez les témoins sains (RR : 1,11),
- la prévalence de l’anxiété à 17,9% vs 13,9% (RR 1,27), soit un risque accru de 27% chez les survivants du cancer,
· Sur la série d’études « Survivants/conjoints »,
- la prévalence de la dépression soit 26,7% vs 26,3% ne diffère pas entre survivants et conjoints
- en revanche la prévalence de l’anxiété 28,0% vs 40% montre que les partenaires semblent éprouver encore plus d’anxiété que les survivants eux-mêmes.
L’analyse montre que les niveaux de dépression chez les survivants du cancer 2 ans ou plus après le diagnostic, reviennent aux niveaux des personnes sans antécédents de cancer, que les survivants et leurs partenaires semblent souffrir de niveaux similaires de dépression mais que les partenaires éprouvent encore plus d’anxiété que les survivants eux-mêmes. Selon les auteurs, l’augmentation des taux d’anxiété persiste chez les patients et leurs proches, longtemps après le diagnostic. Le soutien émotionnel devrait donc être amélioré, en prenant mieux en compte l’anxiété chez les survivants et leurs familles.
Source: The Lancet Oncology, 5 June 2013 doi:10.1016/S1470-2045(13)70244-4Depression and anxiety in long-term cancer survivors compared with spouses and healthy controls: a systematic review and meta-analysis
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