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Où s'arrêtera la folie des stades?

Publié le 06 juin 2013 par Sixverges
Où s'arrêtera la folie des stades? Ce matin, la section économique de 6VB brasse des milliards en frais de construction et se demande jusque où tout cela ira.
Les sites des Super Bowls 50 et 51 furent désignés récemment. Lieu de prédilection de la grande fête du football, Miami a mordu la poussière aux dépends de la lointaine banlieue de San Francisco et de la plutôt soporifique ville de Houston. Pourquoi? Parce que les comités organisateurs des 2 villes gagnantes misaient sur de nouveaux stades luxueux et modernes pour supporter leur candidature tandis qu'à South Beach, les autorités locales ont refusé de puiser à même les deniers publics pour rafistoler le vieillissant Dolphins Stadium. Miami rejoint donc San Diego au rang des hôtes naturels de Super Bowls écartés parce qu'ils n'ont pas suivi la valse des milliards qui défile présentement sur la NFL et le sport professionnel en général.
D'ailleurs, la tangente est facilement indentifiable. Indianapolis et Dallas doivent la tenue du match ultime sur leur territoire (et l'injection de millions de dollars dans l'économie locale qui vient avec) à leur nouveaux stades, tout comme New York l'hiver prochain et la très peu festive Détroit il y a quelques années. Inversement, la candidature de Kansas City, qui a refusé de rénover l'Arrowhead Stadium à grands coups de millions malgré le chant des sirènes de Roger Goodell et cie., ne fait plus partie des plans. Parmi les grandes villes aux abonnés absents, vous retrouvez Atlanta qui a accueilli la NFL deux fois en 6 ans au milieu des années 90, mais jamais depuis. Le Georgia Dome est devenu désuet et le propriétaire des Falcons, Arthur Blank a dévoilé les maquettes de son somptueux remplaçant. Tout cela est bien beau, mais le Georgia Dome, érigé en 1992 pour accueillir les Olympiques de 1996, vient tout juste de souffler sa vingtième bougie. Une durée de vie de 20 ans pour une telle construction!?!? Même le pont Champlain a l'air d'un ouvrage durable à côté de cela! Évidemment dans ce cas-ci, le stade n'est pas structurellement fini, il n'est juste plus au goût du jour, comme les édifices de San Diego et Miami en somme. Ouvert à la même époque, l'Edward Jones Dome de St-Louis ne fait plus non plus l'affaire des Rams. Doit-on vraiment  s'attendre à ce que les équipes sportives exigent de nouveaux palaces (aux coûts de plus en plus démesurés) aux 25 ans désormais?
Si les propriétaires finançaient toutes ces folies avec leur propre argent, l'affaire ne mériterait pas qu'on s'y attarde. Sauf que la participation du public est très souvent sollicitée que ce soit pour la construction ou pour la rénovation des stades. À Miami, même s'il est vrai que le propriétaire de l'équipe était prêt à assumer 70 % des rénovations, l'organisation demandait malgré tout aux mêmes contribuables qui viennent de pomper 600 millions pour ériger le très intime Marlins Park, un effort additionnel d'environ 200 millions. Même si ses problèmes récents le font paraître plus vieux, le Métrodome du Minnesota est aussi relativement jeune (30 ans - ouvert en 1982), mais après avoir assumé 100 % des coûts de construction de l'aréna du Wild en 2000, les 2/3 des frais du nouveau stade des Twins en 2010 et une partie des rénos de l'aréna de l'équipe de la NBA en 2004 et 2011, les citoyens de la place devront de nouveau casser leur petit cochon à la hauteur de plus de 400 millions pour donner aux Vikings un nouveau drakkar.   Il n'y a pas à dire, ça coûte cher le sport professionnel au Minnesota! Conscients de l'enjeu et de la grogne populaire exacerbé par les mensonges des Panthers de la Caroline, les bonzes de la NFL ont mis sur pied leur propre programme de financement privé. L'initiative est louable et permettra aux Falcons d'acquitter à 100 % la construction de leur nouveau domicile. N'empêche que l'ancien fut payé au complet par l'état de la Georgie qui se retrouve avec un éléphant blanc d'à peine 20 ans sur les bras.
Ce n'est pas que la durée de vie qui inquiète, mais aussi la multitude de nouveautés qui élèvent la barre du divertissement, mais qui gonflent la facture des amphithéâtres. L'immense écran géant du Cowboys Stadium remporte la palme de l'innovation la plus folle, mais les sièges qui vibrent pour simuler des plaqués et les écrans IMAX projetés à Atlanta ne sont pas piqués des vers non plus. La NFL voulant rehausser l'expérience d'assister au matchs en personne pour continuer d'écouler tous ses billets, on peut se demander quel nouveau gadget deviendra la prochaine référence qui rendra obsolète et non-compétitif financièrement tout building ne le contenant pas.  
Ce phénomène n'est évidemment pas unique à l'Amérique du Nord. Empêtrée dans toutes sortes de problèmes, dont des stades vieillots qui ne génèrent plus suffisamment de revenus pour demeurer compétitifs, la ligue italienne de soccer perd ses vedettes une à une au profit entre autres de l'Allemagne, qui a renouvelé son parc immobilier à la faveur de la Coupe du Monde 2006. Le championnat italien et ses clubs mythiques comme la Juventus de Turin ou l'AC Milan sont ainsi déclassés par leurs adversaires européens et menacés à moyen terme d'insignifiance. Toujours au soccer, l'attribution des Coupes du Monde de 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar au détriment de marchés traditionnels comme l'Angleterre démontre bien que pour accueillir la planète, il faut désormais y mettre le cash. Ceci ne se limite d'ailleurs pas qu'au sport comme le putch raté pour sortir l'Organisation de l'aviation civile internationale de Montréal l'a démontré. Les termes du nouvel accord n'ont pas beaucoup circulé (ou je les ai manqués), mais ne soyez pas surpris si vous apprenez que beaucoup de vos taxes et impôts furent investis dans ce sauvetage. Toujours chez nous, le week-end de vroum-vroum qui s'amorce nous rappelle à quel point nos installations F1 font pitié. Les plantureuses attractions de la rue Crescent ne suffiront pas éternellement si Montréal veut demeurer dans le club sélect du grand cirque de la F1 et profiter de la manne qui vient avec.  
Car, bien sûr, une communauté peut refuser de suivre la parade et dépenser autrement son fric. Cependant, comme on l'a vu dans l'épisode du Super Bowl à Miami, des départs des Nordiques et des Expos, et comme on le verra peut être à Glendale si le bon sens prévaut dans le dossier des Coyotes, il y a des conséquences à agir ainsi. Souvent, ce sera soit la perte de compétitivité de l'équipe locale, soit son départ pur et simple. Une équipe professionnelle ou un événement d'envergure génèrent plusieurs retombées économiques bien réelles, même si elles sont difficiles à chiffrer avec précision. Si en refusant d'engendrer des dépenses, un état se prive de revenus encore plus substantiels, ce n'est pas de la bonne gestion. D'autres aspects comme la qualité de la vitrine promotionnelle offerte au milieu ainsi que la fierté des citoyens doivent être considérés. Ces arguments sont encore plus significatifs dans des petits marchés qui peinent souvent à se démarquer autrement.Par exemple, Oklahoma City a tiré une très grande notoriété de la présence de son équipe NBA, encore plus lorsqu'elle fut de la finale 2012. Cette notoriété a permis à la ville de garder en ses murs des dépenses de divertissement que certains de ces citoyens auraient fait ailleurs, d'attirer des touristes,  et même des investissementss de capitaux privés. Bref, si les équipes professionnelles peuvent faire chanter les élus, c'est qu'elles offrent un produit prisé, tant au niveau des émotions que de la raison.  La question qui demeure toutefois est : Où l'état doit-il tracer la ligne? Un certain support semble normal, surtout pour des infrastructures qui profitent à la communauté autant qu'aux équipes professionnelles, mais les propriétaires et les ligues sportives sont de plus en plus gourmands et leur folie des grandeurs est disproportionnée.  

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